L’Égypte a franchi , mardi 11 février , le cap des 100 millions d’habitants, une croissance démographique qui constitue un défi majeur pour ce pays dont la population est concentrée sur une petite portion du territoire et qui est dépendante du Nil pour sa survie.
Le compteur électronique installé sur le bâtiment abritant l’Agence égyptienne pour les statistiques (Capmas), au Caire, mégalopole de 20 millions d’âmes, est passé de huit à neuf chiffres pour la première fois mardi.
Pays arabe le plus peuplé, l’Égypte occupe aussi le troisième rang à l’échelle continentale derrière l’Éthiopie et le Nigeria, et le 14e au niveau mondial.
Le Premier ministre Mostafa Madbouly a déclaré la semaine dernière que la surpopulation était le plus grand défi auquel l’Égypte était confrontée.
Le président Abdel Fattah al-Sissi avait déclaré en 2017 que le terrorisme et la surpopulation représentaient les deux principales menaces pour l’Égypte
Récemment, les autorités ont mis en place des mesures pour essayer d’encourager les gens à avoir des familles moins nombreuses.
L’année dernière, le pays a donc lancé une initiative sur deux ans baptisée « Two Is Enough », pour réduire les taux de fécondité et encourager les gens, en particulier ceux des zones rurales, à avoir moins d’enfants. Le programme est principalement financé localement par le ministère de la Solidarité sociale et l’ONU.
Alors que le taux de natalité dans le pays a explosé ces 30 dernières années, avec une moyenne de 1,5 million de naissances par an, un chiffre résume cet accroissement : il y a 30 ans, en 1990, les Égyptiens n’étaient « que » 57 millions, un nombre quasi identique à la population d’un pays comme la France, à l’époque.
Une naissance toutes les 17,9 secondes
Ce rythme a légèrement ralenti ces dernières années, le taux d’accroissement naturel affichant une légère baisse entre 2019 et 2018 (1,78 contre 1,87 %).
Mais, en Égypte, un enfant naît en moyenne toutes les 17,9 secondes, d’après le communiqué du Capmas. Et si les autorités tentent d’agir contre cette bombe à retardement, les campagnes de sensibilisation lancées ces dernières années pour tenter de réduire le taux de fécondité peinent à porter leurs fruits.
Depuis la dévaluation de la monnaie nationale, décidée en 2016 dans le cadre d’un programme du Fonds monétaire international (FMI), les difficultés économiques s’accumulent. L’inflation, en particulier, a flambé, diminuant drastiquement le pouvoir d’achat.
60 % de la population à moins de 30 ans
Alors que 29 millions d’habitants sont en âge de travailler, le chômage demeure un vecteur de tensions sociales. Des millions de personnes vivent d’emplois précaires, sans protection sociale, alimentant une économie informelle.
Environ un Égyptien sur trois vit sous le seuil de pauvreté, selon les derniers chiffres du Capmas. Et, comme la plupart des pays arabes, l’Égypte possède aussi une population particulièrement jeune, avec plus de 60 % de citoyens de moins de 30 ans.