Des enfants des terroristes de Daech ont été reçus avec tous les honneurs par le Président de la République Kaïs Saïed au plais de Carthage. Ces enfants venus de Libye sont des innocents. Ils n’ont pas choisi ni leurs pères, ni leurs mères, ni leur lieu de naissance. Ils ont droit au retour à leur pays et c’est à l’Etat de les encadrer et de veiller à leur éducation et à leur donner leur chance à la citoyenneté. Je peux imaginer que certains d’entre eux auraient déjà le cerveau formaté et ne saisiraient pas la chance qui leur a été offerte. Mais il faut sauver ce qu’il y a à sauver.
Toutefois, que le Kaïs Saïed déroule à ces enfant le Tapis rouge du palais de Carthage, cela relève de l’indécence et de la provocation même au vu des familles des soldats et des agents de la sécurité tombés en martyrs lors de leurs valeureux combats contre les terroristes qui veulent faire de ce pays un enfer. A ce jour on se demande si ces familles et particulièrement leurs enfants jouissent de la sollicitude qui leur est due par l’Etat ou non, surtout que ces martyrs sont pour la plus part d’origine modeste.
Cet acte est une bavure monumentale car, il pourrait laisser croire à un clin d’œil bienveillant de l’Etat envers leurs parents engagés dans une croisade sanguinaire pour la gloire de l’islam comme se plaisent à le dire les islamistes toutes obédiences confondues. Ce qui est à craindre, c’est que cet acte soit un précédent pour cautionner le rapatriement de ceux qui se sont ralliés aux hordes terroristes qui combattent en Syrie , en Libye ou en Irak, et qui ont pris goût à se délecter du sang de leurs victimes et à jouir des atrocités qu’ils répandent. On aiderait ces brebis égarées selon nos zazous démocrates, ou ces combattants zélés selon les propos du gourou Ghannouchi à rentrer dans les rangs. Le Président de la république aurait pu faire l’économie de cette sollicitude pour laisser la société civile et les institutions de l’Etat s’occuper de ces petites victimes de la folie des adultes. Encore faut-il les éloigner de toutes les influences, même familiales, qui pourraient les amener à plonger dans l’horreur. Leur vécu les rend psychologiquement fragiles.
Mais, pour ceux pour qui l’histoire de la Tunisie commence le 17 décembre 2010, les seuls martyrs reconnus et surtout mêlés à toutes les sauces populistes, sont ceux tombés entre cette date et le 14 Janvier 2011. Tous réclament les honneurs et le dédommagement pour leurs familles. Nos soldats et nos agents de sécurité engagés dans la lutte contre le terrorisme ne seraient que des Taghouts pour les intégristes et de la chair à canons pour les autres. Tout au plus , leur mort a été ridiculement exploitée par les médiats pour faire le buzz.
Kaïs Saïed , le Zelm de Ben Ali, s’est mis à la mode bouazizienne comme tous les « révolutionnaires » de la dernière heure pour monter au créneau. Pour les bouaziziens, toutes obédiences confondues, il fallait tout détruire de l’héritage de Bourguiba. Ainsi, tout symbole de l’Etat devrait-il être démystifié. Le palais de Carthage qui a fait la grandeur de la Tunisie, doit être ouvert aux va nus pieds, aux rejetons des terroristes , des voyous et des salafistes comme du temps du guignol Moncef Mazouki. A ce rythme, je ne serais pas surpris si on y élèverait des poules pour avoir des œufs bio. Mes craintes ne sont pas gratuites, puisqu’il y aurait eu un précédant dans l’histoire. Selon Gabriel Garcia Marquez dans son roman l’automne du patriarche, un dictateur des années trente d’un pays de l’Amérique du Sud, a installé un poulailler et une étable pour ses vaches dans le palais présidentiel.
Tout en estimant qu’il est salutaire de sauver ces enfants et ceux qui vont suivre de l’enfer de la guerre, la question qui se pose c’est avec qui a-t-on négocié leur rapatriement ? Si c’est avec les miliciens islamistes de Fayez Sarraj, le problème devient grave. C’est-à-dire que la « neutralité affichée » vis-à-vis du conflit libyen, cache une position officielle non avouée de soutient à l’autorité libyenne soi disant reconnue par l’ONU et à laquelle si Kaïs Saïed fait souvent référence. En politique étrangère, les enjeux se tissent très souvent en underground. Ces négociations ont-elles porté sur l’envoi en Libye de ces tunisiens qui pètent le feu ? Et la Tunisie deviendrait-elle une passerelle pour une intervention étrangère qui peut même s’installer sur son territoire ? Il faut dire que Hafter n’a rien demandé à la Tunisie à part le souhait d’entretenir de bonnes relations. Il y a l’Egypte et la Russie pour le soutenir.
Nos soldats et nos agents de la sécurité nationale, veillent à la sécurité de nos frontières avec la Libye. Seulement les remous et les alliances louches chez les eunuques d’Erdogan et autres vendus aux puissances impérialistes, campés au front arrière, ne risqueraient-ils pas de les démobiliser ? Hannibal a été trahi pas le Sénat et les plénipotentiaires de Carthage ont livré les armes de la cité aux Romains. Les frères musulmans se soucient peu que nos soldats soient tués si cela pouvait affaiblir l’armée qu’ils n’ont pu noyauter. En période de guerre ou de risque de guerre, l’armée se doit de pouvoir contrôler, avec rigueur et sévérité, le front arrière d’où peuvent venir les trahisons les plus inattendues.
Mounir Chebil