Le voyagiste britannique s’est déclaré en faillite dans la nuit de dimanche à lundi. Les autorités vont devoir organiser des rapatriements massifs de leurs ressortissants en vacances.
L’information est tombée à l’aube ce matin, bien qu’attendue depuis une semaine : le voyagiste britannique « Thomas Cook » a cessé ses activités, laissant sur le carreau 600.000 passagers dans le monde et une ardoise estimée à au moins 200 milliards de millimes sur la Tunisie.
l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA) a annoncé que toutes les réservations du voyagiste (vols, séjours) « sont désormais annulées ».
Au total, quelque 600 000 touristes seraient concernés. Dans l’immédiat, les autorités vont devoir organiser des rapatriements massifs de leurs ressortissants partis en vacances avec Thomas Cook : 150 000 Britanniques, 10 000 Français…
*******
******
Quelles leçons tirer de cette débâcle ?
Thomas Cook laisse un ardoise de 200 millions de dinars d’impayés aux hôteliers et fournisseurs de services tunisiens. Officiellement ce sera aux assurances de les payer, s’ils ont une comptabilité régulière, ce qui n’est pas souvent le cas dans ces pseudo hôtels à près de 100 euros la semaine tout compris
C’est désormais officiel, Thomas Cook a cessé ses activités. Pour le tourisme tunisien, c’est certainement un coup très dur , mais pas non plus la fin du monde. Mis à part pour ceux qui avaient mis tous leurs oeufs dans le même panier, qui ne juraient que pas Thomas Cook et qui ne voulaient rien entendre d’autre que Thomas Cook.
Sauf que celui-ci n’était pas immortel malgré ses 180 ans d’âge. Quoique dans son parcours, il ne restait plus grand chose du voyagiste d’origine tellement il y eut entre temps de rachats, fusion-acquisitions, etc.
Selon les premiers chiffres communiqués en Tunisie, on parle d’une ardoise de 60 millions d’euros au moins, soit près de 200 milliards de millimes. Le pire, c’est que la faillite est intervenue encore une fois en fin de saison, après que le pic d’activité touristique soit passé. Et pour les professionnels tunisiens lésés, cela va faire très mal aux finances de leurs entreprises.
L’agence de voyages réceptive du groupe sera certainement la plus impactée puisqu’elle détenait l’exclusivité de l’accueil des touristes Thomas Cook tous marchés confondus. Ensuite, il y a tous ces hôtels qui accueillaient des clients du groupe avec des allottements différents d’un établissement à l’autre, mais certains hôtels ne travaillaient qu’avec Thomas Cook et se complaisaient dans cette situation. Pour eux, la facture va être très lourde également.
La fin de Thomas Cook ne signifie pas pour autant la fin du tourisme tunisien. Le voyagiste faisait tout au plus 130.000 clients. 5% de la clientèle européenne. Elle donne toutefois à réfléchir sur les comportement de nos professionnels qui étaient dans le déni, refusant jusqu’au bout d’accepter l’éventualité d’une faillite. Elle donne aussi à réfléchir sur le modèle du tour-operating classique qui perd du terrain au profit d’autres modèles plus modernes.
Cette faillite doit également donner lieu à une réflexion profonde sur le modèle touristique tunisien, sur l’absence d’assurances et garanties que l’Etat est supposé mettre en place et imposer aux opérateurs pour les protéger et se protéger.
Il y a très peu de chances pour que les professionnels lésés soient remboursés. Pour l’heure, il s’agit de rapatrier les clients du voyagiste sans faire de vagues, car il ne faut pas insulter l’avenir. Et ne pas oublier que pendant près de 4 décennies, Thomas Cook a fait le bonheur de la Tunisie et de son tourisme. Sa faillite est tout simplement la fin d’un cycle.
Pas d’accord avec les créanciers
La semaine dernière, des créanciers ont demandé à la compagnie de trouver 227 millions d’euro de financements supplémentaires pour que soit validé un plan de sauvetage initié cet été par le chinois Fosun, premier actionnaire de Thomas Cook (mais aussi du Club Med).
La somme paraissait relativement faible au regard des 20 millions de clients dans le monde et d’un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros. Sauf que le voyagiste, très lourdement endetté, a vu son horizon s’assombrir ces dernières années à cause notamment de la concurrence acharnée des sites internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit. Au premier semestre, ses pertes étaient de 1,6 milliard d’euros.
« C’est un profond regret pour le conseil d’administration et moi de ne pas avoir réussi. Je tiens à m’excuser auprès de nos millions de clients, nos milliers d’employés, fournisseurs et partenaires qui nous soutiennent depuis des année », a expliqué Peter Fankhauser, le patron de Thomas Cook, déplorant un « jour profondément triste pour une entreprise pionnière du voyage organisé ».
De son côté, Fosun s’est dit « déçu que Thomas Cook Group n’ait pas été en mesure de trouver une solution viable pour sa proposition de recapitalisation. »