Chérif Chekatt, le terroriste de Strasbourg, vient d’être abattu

A l’issue d’une importante opération policière ( plus de 700 membres des forces de l’ordre sont à sa recherche ) qui s’est tenue cette après-midi et en début de soirée à Strasbourg, l’auteur présumé de l’attentat qui a fait 3 morts a été tué.

Vers 21h30 ce jeudi 13 décembre , on apprend que le tueur présumé du marché de Noël de Strasbourg a été abattu par la police à Strasbourg.

Une importante opération policière engageant le RAID était en cours ce jeudi après-midi dans le quartier du Neudorf, à Strasbourg, où la trace de Chérif Chekatt, le tireur de l’attentat du Marché de Noël, s’était perdue deux jours plus tôt.

Des policiers lourdement armés et protégés par des boucliers progressaient groupés, pénétrant dans des maisons, armes automatiques au poing rue d’Epinal.

«Ils font des levées de doute sur plusieurs endroits. Pour l’instant, rien ne dit que la personne qu’on recherche se trouve à cet endroit-là», a confirmé une source policière, interrogée par la presse.

Selon une autre source policière, cette opération est conduite dans le cadre de l’enquête mais n’a pas pour objectif immédiat l’interpellation du suspect.

De nombreux véhicules de police ont été disposés en travers des rues du quartier pour bloquer la circulation. Les passants et les journalistes présents ont été invités à quitter les lieux, bouclés par les forces de l’ordre.

Chérif Chekatt avait pris un taxi pour se rendre dans le quartier du Neudorf après la fusillade de mardi. Des échanges de coups de feu avaient alors eu lieu avec la police, qui avait ensuite perdu sa trace.

Trois morts

L’attentat contre le marché de Noël de Strasbourg mardi a fait trois morts et treize blessés, dont cinq graves, selon un bilan revu à la hausse après le décès d’un blessé, a annoncé jeudi la préfecture du Bas-Rhin.

«Le bilan, toujours provisoire, est désormais établi à 3 personnes décédées, 5 blessés graves et 8 blessés légers», a indiqué la préfecture dans un communiqué. L’un des 5 blessés graves de cette attaque, dont l’auteur est en fuite, est en état de mort cérébrale, a précisé jeudi le parquet de Paris.

Mardi soir, peu avant vingt heures, un homme identifié comme Cherif Chekatt, Strasbourgeois de 29 ans, a pénétré dans le centre historique de la ville au milieu du marché de Noël et a ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants. Porteur d’une arme de poing et d’un couteau, il a ensuite échangé des tirs avec les forces de l’ordre, qui l’ont blessé au bras, avant de parvenir à s’enfuir.

Plus de 700 membres des forces de l’ordre sont à sa recherche. Une «cellule des blessés psychologiques» a été mise en place à Strasbourg pour soutenir les victimes et leurs proches.

Le récit des dernières heures du tueur de Strasbourg.

Après-midi sous haute tension

L’appel à témoins lancé mercredi soir pour retrouver la trace de Chekatt paie pour les 720 membres des forces de l’ordre, dont 380 enquêteurs, lancés aux trousses de celui qui est devenu l’ennemi public numéro un. En quelques heures, ils reçoivent près de 800 appels sur le numéro mis en place.

Parmi eux, deux attirent plus particulièrement leur attention. Un riverain a aperçu un homme correspondant au signalement de Chekatt dans un jardin du quartier où il a grandi et où il s’était réfugié mardi soir avant que l’on ne perde sa trace.

Selon une source proche de l’enquête, une femme a également indiqué avoir vu un homme correspondant au signalement du fugitif, qui franchissait une clôture et était blessé au bras. Or Chekatt a été atteint au bras par le tir d’une patrouille de l’opération Sentinelle mardi soir. Des traces de sang retrouvées sur le grillage et des images vidéo-surveillance de la ville lèvent les derniers doutes des enquêteurs. Il s’agit bien du fugitif.

En parallèle, les proches de Chekatt placés en garde à vue permettent aux enquêteurs d’identifier les lieux où il aurait pu trouver refuge. Au fil des heures, la police acquiert la conviction qu’il est encore caché quelque part à Neudorf.

Dans l’après-midi, une importante opération est conduite dans le quartier par des hommes du Raid, l’unité d’élite de la police, armés jusqu’aux dents et protégés par des boucliers. Les riverains sont évacués ou confinés, comme les enfants de l’école de Schluthfeld dont Chérif Chekatt a été l’un des élèves.

Le Raid fouille méthodiquement maisons, caves et jardins. La police évoque une simple opération de « levées de doute » parmi d’autres, mais en réalité, l’étau se resserre un peu plus et la pression monte.

Un dispositif exceptionnel

Dès 19H30, un hélicoptère équipé d’une caméra thermique commence à tournoyer au-dessus du quartier. Le secteur est quadrillé par tous les effectifs et les services de police disponibles, dont la brigade de recherche et d’intervention (BRI) et le Raid.

Vendredi, l’enquête n’avait pas encore permis de déterminer précisément l’itinéraire de Chekatt dans le quartier du Neudorf, ni son ou ses points de chute pendant les 48 heures de la traque. Elle devra aussi déterminer s’il a bénéficié de complicités.

L’échange de tirs

C’est une simple patrouille, un équipage de trois agents de la brigade spécialisée de terrain (BST) qui aperçoit jeudi à 21H00 un homme dont le signalement semble correspondre à celui du fuyard, rue du Lazaret, au sud du Neudorf.

Chekatt repère le véhicule de police. Il fait mine de rentrer au numéro 74. Les policiers reprennent la rue à contre-sens et s’approchent de lui pour le contrôler. Ils s’aperçoivent que l’individu dont l’habillement correspond au signalement, ne parvient pas à entrer dans l’immeuble.

Chekatt fait volte-face, brandit un revolver datant de la fin du XIXe siècle et ouvre le feu. La portière arrière-gauche du véhicule est atteinte par un projectile. Deux agents répliquent et tirent à de nombreuses reprises.

L’homme de 29 ans s’écroule.

Les enquêteurs retrouvent sur lui un couteau et huit munitions de calibre 8mm dans la poche intérieure de sa parka. A côté du corps, un revolver – vraisemblablement l’arme utilisée pour l’attaque mortelle du marché de Noël – avec six munitions dont cinq percutées.

Son décès est constaté à 21H05. Il est formellement identifié ensuite grâce à ses empreintes digitales.

Quelques minutes après l’annonce de sa mort, Chérif Chekatt est adoubé « soldat de l’Etat Islamique( Daech ) » par l’agence de propagande de l’organisation jihadiste Daech , revendication « opportuniste », selon de nombreux analystes.

Rue du Lazaret, les habitants du quartier, rassemblés autour du périmètre de sécurité établi par la police, applaudissent les forces de l’ordre présentes sur place. « Bravo ! », lancent certains d’entre eux