Panique chez le cheikh

Le Cheikh terminait sa salat du maghreb. Il opina de la tête à saluer l’archange installé sur son épaule droite d’abord, celui des 7asanetes qui n’avait rien à noter, toujours en chômage presque. Il se tourna ensuite pour saluer celui de gauche , le scribouillard zélé et débordé, mouchard de Dieu , le chaytane promu à la seule 9wada qui s’éternisait à rédiger ses rapports inquisiteurs…. indifférent à l’impatience de ses fidèles derrière qui attendaient, inquiets.

Son gendre, le gars à la barbichette qui chaussait une chlaka usée dont il n’a jamais pu se séparer malgré ses démarches auprès de tous les officiers de l’Etat civil, tremblotait.Ses moustaches se trémoussaient. Il ne savait pas s’il devait abandonner son sort à Dieu ou au juge du pôle financier qui continue de le harceler pour le milliard qu’il a dépensé dans ses frasques et ses nuits mielleuses avec bent 3ammtou dans la suite au sheraton.. Affolé il entrouvrit à peine ses lèvres lorsque le beau père excédé, très en colère, l’arrêta net : « Tu sais ce que tu es : une bite en érection qui , quand elle est en repos , s’amuse à faire le pickpocket boufaddhou7 » dans les caisses de l’Etat. .

Sur ce , un ventru habitué des manoeuvres dilatoires, des procédures fastidieuses et des procès pourris fit irruption et martela , baveux la bouche pleine : « Pardon sidi Cheikh, mais ces 3elmenyines de tunisiens , ces koffars, ces gauchistes nous en veulent à mort. Ils ne nous lâchent pas. Ma justice est maintenant gangrenée par leur kofr, infiltrée par leur juges francophiles, inspirée par ces sentences des droits universels sans aucune référence à notre sainte chariâa et à la gestion sans reproche du Calife Omar de beyt mal mouslimine . J’ai bien peur de ne plus rien pouvoir faire pour ton gendre, ni même pour nous tous. L’heure est grave .

« Camarade bou savate » éclata en sanglots lorsque le sac d’olives proposa de faire appel aux militaires pour arrêter la rébellion de ces koffars. Le comique de la troupe boumenchfa eût un brin de lumière dans son pois chiche de cervelle qui a failli brûler à force de courant insufflé subitement dans ses connexions trop fragiles à supporter un tel sur voltage. Il s’exclama : Mais vous ne savez pas que le Calife Omar a été accusé lui aussi de puiser dans la caisse? Mais comment peut on nous reprocher cette conduite inspirée du salaf sala7?
C’est alors que le boucher de la troupe fit irruption dans la salle , couteau entre les dents, le pied sanguinolent d’un soldat en bandoulière :et articula de sa voix forte qui s’échappait de son nez mokhnen : «sidi echeikh il n’y a que la méthode forte qui va avec ces koffars : J’ai fait sauter de leurs bidasses au Chaambi et pour leur faire encore peur. J’ai promis de refroidir bientôt un de leurs chefs.

Le cheikh lui ordonna de se taire et de ne plus ouvrir la gueule sans son autorisation. Il prit son portable et composa un numéro : On n’entendait plus que les seuls vocables de tawafo9, wifaa9, réconciliation, mousala7a…et des compliments de trahdine ponctués par des jeddan , jedeeeeeeee.

La meute effrayée demandait: »alors …. qu’est ce qui va se passer? Hein ya sidi echcheikh. Qu’est ce qu’on va devenir ?  » . Le cheikh lui même ne le sait pas. Il toisa d’un œil assassin ses fidèles et s’en alla dédaigneux pour salat el 3icha marmonnant sa colère que les baffles du minaret, tous décibels dehors, couvraient.

Le Fadhi Ch’ghol