Israël persiste à démolir le village palestinien Khan Al-Ahmar en Cisjordanie occupée

Les Nations unies et les ONG Human Rights Watch ( HRW ) et Amnesty International ( AI ) ont appelé Israël à renoncer à la démolition de Khan Al-Ahmar, composé d’environ 180 habitants

Le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nicolaï Mladenov, qui a fait part de son inquiétude envers l’intention des autorités israéliennes d’occupation de démolir ce village. “Je suis préoccupé par l’intention de l’occupation israélienne de démolir le village des bédouins de Khan Al-Ahmar qui comprend 181 personnes dont la plupart sont des enfants”, a-t-il déclaré. Rappelant que cette décision contredit la loi internationale et pourrait saper les chances de l’établissement d’un État palestinien viable et contigu, Nicolaï Mladenov a invité les autorités israéliennes à ne pas démolir le village et à arrêter leurs tentatives de relocaliser les communautés palestiniennes en Cisjordanie occupée.

Communiqué de HRW

Les habitants de Khan al-Ahmar pensaient avoir trouvé un moyen d’éviter la réglementation discriminatoire mise en place par Israël pour l’obtention de permis de construire dans la Zone C de la Cisjordanie. Un permis de construire n’étant requis que pour les structures en béton, c’est avec de l’argile et 2 200 vieux pneus qu’ils ont construit leur école, où 160 enfants de cinq villages suivent des cours.

Ce plan n’a toutefois pas fonctionné. L’armée israélienne, qui exerce un contrôle exclusif sur toute planification dans la zone C, n’a alloué que 1 % de ce territoire à la construction d’édifices palestiniens, et refuse la majorité des demandes de permis palestiniens.

Aucune exception n’a été faite pour Khan al-Ahmar. Depuis quelques années, les autorités israéliennes ont émis des ordres de démolition visant l’école et les autres structures de ce petit village de 180 habitants, situé à l’est de Jérusalem, invoquant l’absence de permis de construire appropriés. Le 5 septembre, la Cour suprême d’Israël a rejeté plusieurs appels, et a donné son feu vert à la démolition de ces structures..

Le droit international interdit à une puissance occupante de détruire des biens, y compris des écoles, sauf dans les cas où de telles destructions seraient rendues « absolument nécessaires » dans le cadre d’opérations militaires. Transférer des civils vers une autre partie du territoire occupé, que ce soit par la force directe ou la contrainte indirecte, constitue un crime de guerre en vertu de l’article 8 du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale.

D’autres États ont également le devoir de s’assurer que les Conventions de Genève sont respectées, et devraient indiquer clairement aux responsables israéliens qu’en cas de démolition de Khan al-Ahmar, les individus impliqués dans cette décision risquent de faire l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires engagées à l’extérieur d’Israël.

Amnesty International condamne 

En réaction à la décision de la Cour suprême israélienne, la deuxième en moins de deux mois, de donner son feu vert à la démolition de Khan al Ahmar, après avoir rejeté les dernières requêtes désespérées des habitants de ce village de Cisjordanie, Saleh Higazi, responsable du bureau d’Amnesty International à Jérusalem, a déclaré :

« Avec cette décision honteuse et manifestement illégale, la Cour suprême confirme une forme de complicité dans le transfert forcé des communautés palestiniennes pour l’expansion de colonies réservées aux seuls juifs. Elle prive les requérants de toute protection que leur fournit le droit international humanitaire, tout en validant la politique discriminatoire des autorités israéliennes.

Avec cette décision honteuse et manifestement illégale, la Cour suprême confirme une forme de complicité dans le transfert forcé des communautés palestiniennes pour l’expansion de colonies réservées aux seuls juifs.
Saleh Higazi, responsable du bureau d’Amnesty International à Jérusalem

« Si la communauté internationale ne prend pas immédiatement les mesures nécessaires pour empêcher ce crime d’avoir lieu, des milliers d’autres Palestiniens autour de Jérusalem et dans la vallée du Jourdain risquent d’être déplacés de force de manière imminente. »

Complément d’information

Khan al Ahmar se trouve à l’est de Jérusalem, près des colonies illégales israéliennes de Maale Adumim et Kfar Adumim. Le transfert par Israël de ses citoyens, et de plus de 200 autres personnes, pour les installer dans ces colonies bafoue le droit international et constitue un crime de guerre.

Khan al Ahmar est l’une des 46 communautés palestiniennes en Cisjordanie centrale qu’Israël veut transférer de force pour laisser place à des colonies illégales réservées aux juifs. Le 24 mai, la Cour suprême israélienne a statué en faveur de la démolition du village. Le 4 juillet, l’armée israélienne a tenté d’expulser de force les habitants de Khan al Ahmar, attaquant violemment ces habitants et des militants solidaires. Les habitants ont alors engagé de nouvelles actions juridiques dans l’espoir de protéger leur village.

Ces 10 dernières années, à Khan al Ahmar, plus de 25 logements ont été démolis par les autorités israéliennes. Le village compte plus de 160 bâtiments, dont une école, une mosquée et un centre de soins, pour la plupart faits de tôle ondulée et de bois.

Le transfert forcé de personnes vivant sous occupation est une grave violation de la Quatrième Convention de Genève. Au titre de l’article 8 du Statut de Rome, la déportation ou le transfert à l’intérieur ou hors du territoire occupé de la totalité ou d’une partie de la population de ce territoire constitue un crime de guerre.