Un itinéraire de tous les dangers ou « A l’Oued, rien de nouveau! »

Hier, vers 14h, j’ai pris la route El Haouaria-Tunis nullement inquiété par son état, suite aux dernières pluies diluviennes tombées dans la région.
Durant tout le trajet, j’étais resté constamment branché sur la fréquence d’une radio dite nationale pour le cas où des avertissements météo viendraient à être diffusés.
Jusqu’à Takelsa, la route était « circulante », avec comme de coutume sa légion de nids de poules, de dos d’ânes « assassins » mal dessinés et non signalés, de cassis qui font gémir les châssis, de bas côtés érodés aux profils vertigineux, de signalisation horizontale complètement effacée, de signalisation verticale absente voire recouverte de graffitis et de rouille…
De temps à autres, au débouché de pistes rurales ou d’oueds insignifiants, un monticule de terre charrié par les flots de la veille, se présente à vous, telle une pyramide, sans aucun préavis ni signalisation réglementaire.
Arrivé à Bir M’roua, je trouve des engins de TP en train de dégager un rond-point complètement noyé dans la boue.
Une conduite laborieuse et prudente m’a permis de continuer ma route jusqu’à Soliman.
Jusque-là et tout au long des 80 km parcourus, aucun policier de circulation, aucun garde national n’était de faction pour avertir les automobilistes des déroutements ou des précautions à prendre .
Rien…rien…rien
C’est que, arrivé à Soliman, on découvre une ville entourée par les flots avec des voitures flottantes devenues amphibies.
Aucun agent en vue pour vous indiquer un chemin ou un itinéraire de substitution.
J’ai dû suivre un tracteur pour sortir du bourbier andalous et continuer mon chemin jusqu’à la Capitale.
L’animateur Radio de service dont j’ai repris l’écoute n’arrêtait pas de plaindre les victimes de Nabeul et du Cap Bon et de leur préciser que ces catastrophes naturelles sont le fait d’Allah-Le-Tout-Puissant qui, ainsi faisant,  » met à l’épreuve  » la population locale.
Que voulait-il dire par mise à l’épreuve ?
Comme connard, on ne peut faire mieux.
Il aurait été mieux inspiré s’il avait imputé ces catastrophes à l’échec des politiques d’aménagement du territoire, du non respect des plans d’urbanisme, de l’incompétence des ingénieurs ayant réalisé les ouvrages détériorés, du laxisme des responsables municipaux et des agents publics, de la corruption qui règne aux niveaux des passations de marchés et des PV de réceptions des ouvrages réalisés et (last but not least) de l’absence totale d’audits de qualité.

Wahid Ibrahim