Tunisie : Peut-être qu’un jour un Prix Nobel « sortirait » de ces modestes écoles

Entre ronces, chardons, cactus et oliviersLe soleil s’est levé ce matin inondant de son étincelante lumière l’école  » rafraîchie » de la localité d’Echraf située non loin d’El Haouaria .
Le vénérable olivier carthaginois de 3000 ans et le Marabout à la coupole vert-pistache de Sidi Mohamed Echrif qui en veillent l’entrée et décorent les abords n’ont jamais vu cette école aussi propre, aussi pimpante et aussi belle.
Ils n’ont jamais entendu les petits élèves aussi bien vêtus et aussi heureux, courant et gazouillant à tue-tête, pour exprimer toute leur joie de retrouver leur école devenue méconnaissable grâce à l’intervention militante et bénévole de Zeyneb Farhat et d’Inchirah Hababou et de leur association Zenoobya .
Durant tout l’été, Zeyneb et Inchirah et un groupe de leurs amis n’ont cessé de faire la navette entre Tunis et Echraf pour venir superviser des travaux dignes d’une petite entreprise :
– réhabilitation entière d’une salle de classe extra-muros, rongée par l’humidité et aux fissures menaçantes .
– réalisation d’un impluvium pour initier les petits à la gestion durable des ressources et les inciter à la récupération et au recyclage des eaux pluviales .
– remise en état complète d’un terrain de sport qui commençait à ressembler à un terrain vague envahi par les crevasses et le chiendent .
– décapage des tables de classe et reprise de leur peinture en jaune et vert, couleurs choisies par les élèves eux-même .Cette action a été menée avec la participation spontanée et active des élèves .
– peinture intérieure et extérieure des murs et des façades de l’école et du marabout tout proche .
– création d’un espace culturel et ludique pour des activités extra-scolaires en dehors des cours.
– acquisition d’une calèche et d’un mulet pour le transfert des élèves qui habitent loin et qui doivent faire jusqu’à 5 km à pied pour rejoindre leur école . La gestion de cette calèche sera confiée, moyennant rémunération, à une dame des environs du village .
– création d’une cantine pouvant servir des repas chauds en hiver aux petits élèves qui ne peuvent rentrer en milieu de journée et qui souvent n’apportent avec eux comme « goûter » qu’un quignon de pain dur comme la vie et badigeonné d’harissa piquante comme un chardon ou une raquette de cactus .
Il semble que pour Zeineb et Inchirah , le parrainage de cette école ne s’arrêtera pas là et que les plus brillants des élèves bénéficieront d’un suivi qui ira au-delà des cycles primaires et secondaires.
Des ordinateurs et des fournitures diverses seront notamment offerts aux plus méritants.
Évidemment, toute cette action menée avec la plus grande discrétion ( اعمل الخير وانساه !) n’aurait pas été possible sans l’enthousiasme et la disponibilité du directeur de l’école et de toute son équipe d’employés, d’instituteurs et d’institutrices.
Une action modèle qui gagnerait à inspirer d’autres associations opérant dans d’autres régions du pays .
Qui sait ?
Peut-être qu’un jour un Prix Nobel « sortirait » de ces modestes écoles blotties entre les massifs de ronces, les bouquets de chardons et les raquettes de cactus .
Retenez bien ces petites têtes brunes ou blondes dont les visages innocents respirent la joie, l’espoir et la détermination :

 

Wahid Ibrahim

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