Le Sarost 5 va finalement pouvoir accoster à Zarzis avec ses 40 migrants

La Tunisie accueillera ce mercredi matin, dans le port de Zarzis, un navire humanitaire transportant 40 migrants africains, a annoncé le Croissant-Rouge tunisien . Le navire est coincé en Méditerranée depuis deux semaines.
Le Sarost 5 va finalement pouvoir accoster en Tunisie, mercredi 1er août. Ce navire, qui transporte 40 migrants africains, doit arriver dans la matinée dans le port de Zarzis, dans le sud de la Tunisie, a précisé Monji Slim, membre de l’organisation humanitaire le Croissant-Rouge. Deux femmes enceintes se trouvent parmi les migrants qui ont pu recevoir de l’aide et de la nourriture, a déclaré Slim.

La Tunisie avait initialement affirmé qu’il appartenait à Malte et à l’Italie d’accueillir le navire tunisien qui avait porté secours en mer aux migrants dont le point de départ n’a pas été établi pour l’instant.

Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, avait finalement déclaré, le 28 juillet, que « pour des raisons humanitaires », son pays allait accueillir les rescapés, mais ces derniers étaient depuis toujours bloqués au large de Zarzis.

Le nouveau gouvernement italien a, quant à lui, décidé de fermer ses ports aux navires humanitaires affirmant que l’Union européenne devait faire preuve de solidarité avec l’Italie dans l’accueil des migrants qui embarquent pour la plupart sur les côtes libyennes.

Au moins 80 migrants sont morts noyés lorsque leur bateau a fait naufrage au large des côtes de la Tunisie au mois de juin. Les passeurs utilisent de plus en plus fréquemment la Tunisie comme point d’embarquement des migrants depuis que les gardes-côtes libyens, soutenus par des groupes armés, ont renforcé leurs contrôles.

Open Arms au large des côtes tunisiennes

Tout le week-end, la confusion a régné à bord du Sarost 5. À leur réveil samedi matin, les migrants aperçoivent au loin le navire humanitaire Open Arms qui est immobilisé à quelques milles nautiques de là. L’espoir renaît à bord du bateau. L’ONG espagnole a l’autorisation d’entrer dans les eaux tunisiennes pour offrir une assistance humanitaire et médicale aux membres du Sarost 5. Mais en milieu d’après-midi, Open Arms rebrousse chemin vers Malte pour évacuer d’urgence un de ses sauveteurs.

Le lendemain, dimanche 29 juillet, le navire humanitaire reprend la route en direction des côtes tunisiennes et se positionne de nouveau à proximité du Sarost 5 – il repart finalement dans les eaux internationales lundi en début d’après-midi, les autorités tunisiennes ne l’autorisant pas à stationner dans leur zone maritime.

Entre-temps, le gouvernement tunisien a fait part de son intention d’accueillir les 40 migrants. L’ONG espagnole assure que sa présence dans les eaux tunisiennes a permis de débloquer la situation. « Quand la Tunisie a vu qu’une organisation aussi médiatique que la nôtre était devant sa porte – et que nous voulions rencontrer les migrants à bord – ils ont eu peur qu’on montre publiquement que les migrants n’étaient pas bien traités », a déclaré à l’agence de presse espagnole EFE Oscar Camps, le président de l’ONG.

Le Croissant rouge tunisien prêt pour gérer au mieux l’arrivée des 40 migrants

Le Croissant rouge tunisien assure lui que tout est prêt pour gérer au mieux l’arrivée des 40 migrants du Sarost 5. Ces derniers doivent être accueillis par l’ONG au port de Zarzis et seront ensuite envoyés au foyer de Médenine (à l’ouest de Zarzis) où « ils pourront bénéficier de soins médicaux, de distribution de nourriture et de vêtements », selon Mongi Slim du Croissant rouge tunisien.

Les demandeurs d’asile pourront, toujours selon le croissant rouge tunisien, déposer une demande auprès du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). Sur ce sujet aussi, les informations demeurent floues. L’agence onusienne assure avoir déjà rencontré plusieurs migrants du Sarost 5 lors d’une mission sur le navire, mais les naufragés et l’équipage nient la visite du HCR à bord. « Nous avons demandé plusieurs fois que l’agence onusienne vienne nous voir mais ils ne sont jamais venus », assure Samuel.

L’ONG Alarm Phone se dit outrée par le HCR qui « n’a pas su se positionner clairement en faveur des droits des rescapés ». « Cela renforce notre inquiétude pour l’avenir de ces 40 migrants », signale Olivia Santer. « Ils devraient être en Europe car ils ont été repérés dans les eaux maltaises. Mais une nouvelle fois, les autorités européennes n’ont pas pris leurs responsabilités et ont renvoyé le problème », souffle-t-elle.