Syrie : Daech a enseveli des milliers de corps dans des fosses communes à Raqqa

Les activistes qui cherchent des fosses communes dans le nord-est de la Syrie – une région jusqu’à tout récemment contrôlée par le groupe terroriste Daech (le groupe armé État islamique) – ont besoin d’aide pour préserver les preuves, identifier les restes humains et éclaircir les horreurs indicibles perpétrées par les jihadistes  pendant leur règne, a prévenu mardi Human Rights Watch.

L’Organisation Human Rights Watch a annoncé, mardi 3 juillet , la découverte de fosses communes dans les zones précédemment occupées par le groupe terroriste Daech dans le sud-est de la Syrie

« Un nombre indéterminé de fosses communes, contenant des milliers de corps, a été découvert à Raqqa (dans le nord) et ses environs » a révélé Human Rights Watch dans un communiqué publié sur son site soulignant que les « corps n’ont pas encore été exhumés ».

L’organisation a sollicité l’appui technique d’un groupe local (non déterminé) pour signaler ces fosses,  » préserver les preuves d’éventuels crimes et identifier les corps ».

HRW a ajouté, dans son communiqué, que le dit-groupe « fait face à de grands défis logistiques pour collecter des informations sur les corps trouvés et les fournir aux familles qui sont à la recherche de proches disparus ou décédés ».

« Il y a 9 fosses communes, au moins, à Raqqa. Dans chaque fosse, il y a des dizaines de corps si ce ne sont pas pas des centaines, ce qui rend l’exhumation difficile sans l’assistance technique nécessaire », a déclaré Priyanka Motaparthy, la directrice par intérim de la division Urgances de Human Rights Watch.

Sans assistance, « ces corps ne peuvent fournir aux familles les réponses auxquelles elles s’attendent pourraient ne pas fournir aux familles les réponses qu’ils attendaient et pourraient endommager ou détruire des preuves essentielles pour des prochaines actions en justice », a-t-elle ajouté.

Selon HRW, Daech a pris en otage des milliers de personnes pendant sa présence dans la zone entre juin 2014 et octobre 2017.

Raqqa était la capitale de facto des extrémistes et le siège du califat autoproclamé des islamistes. Le califat et le territoire contigu de Daech se sont effondrés en octobre de l’année dernière.

Le groupe extrémiste, qui a attiré des combattants du monde entier, a régné sur la région avec un mélange de terreur, de peur et de brutalité. Il a perpétré des atrocités et des massacres. Plusieurs victimes ont été décapitées, brûlées vives ou noyées. D’autres ont été tuées avec des explosifs.

Des femmes et des hommes qui vivaient sous le joug de Daech et qui étaient accusés d’adultère ont été lapidés à mort. Des hommes gais ont été jetés du haut d’immeubles, leurs corps écrasés étant ensuite pulvérisés avec des pierres.

Human Rights Watch a souligné que l’identification des personnes disparues et la préservation des preuves pour d’éventuelles poursuites sont essentielles pour l’avenir de la Syrie.

«La ville de Raqqa a au moins neuf fosses communes, chacune contenant des douzaines, voire des centaines, de corps, ce qui fait des exhumations une tâche monumentale, a déclaré Priyanka Motaparthy, directrice des urgences par intérim de HRW. Sans l’aide technique appropriée, ces exhumations ne fourniront pas aux familles les réponses qu’elles attendaient et pourraient endommager ou détruire des preuves cruciales pour de futurs efforts de justice.»

La récupération et l’analyse des restes squelettiques des fosses communes est un processus complexe qui nécessite un haut niveau d’expertise, poursuit le rapport. Lorsque des violations des droits de la personne et du droit international humanitaire sont impliquées, les exhumations sans experts médico-légaux peuvent détruire des preuves cruciales et compliquer grandement l’identification des corps, ajoute le document.

Selon le rapport de HRW, les premiers répondants de Raqqa ont complété, le 12 juin, l’exhumation d’une fosse commune contenant 553 corps. Toutes les dépouilles ont été réenterrées dans un cimetière local une fois leurs informations d’identification consignées.

L’équipe s’est ensuite attaquée à une deuxième fosse commune.

La première fosse, sur le terrain de jeu Al-Rashid de la ville, est l’un des neuf lieux de sépulture identifiés par l’équipe d’activistes, a indiqué HRW, citant un responsable de l’équipe locale. Le rapport ajoute que des chercheurs de HRW ont visité le site en mai.

Une vidéo publiée le mois dernier par le Conseil civil de Raqqa montrait des membres de l’équipe retirant des corps et les plaçant dans des sacs bleus, y compris ceux d’hommes, de femmes et d’enfants. Un membre de l’équipe lance un appel à l’aide, en disant qu’avec le temps chaud de l’été, il sera plus difficile de préserver les corps.