L’Autriche décide de fermer sept mosquées et d’expulser plusieurs imams

Le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz a annoncé vendredi 8 juin que son pays allait expulser plusieurs imams financés par l’étranger et fermer sept mosquées afin de lutter contre « l’islam politique ». Jusqu’à 60 imams liés à la Turquie et leurs familles, soit 150 personnes au total, pourraient être expulsés d’Autriche, a indiqué aujourd’hui le ministre de l’Intérieur Herbert Kickl. Cette décision, a précisé M. Kurz, est notamment liée à la reconstitution très controversée par des enfants habillés en soldats d’une bataille emblématique de l’histoire ottomane, dans une des principales mosquées de Vienne affiliée à la communauté turque.

« Des sociétés parallèles, l’islam politique et la radicalisation n’ont pas leur place dans notre pays », a assuré le chef du gouvernement autrichien lors d’une conférence de presse. Les photos de la reconstitution de la bataille de Gallipoli, jouée par des enfants dans les locaux de la mosquée, ont été publiées au début du mois par l’hebdomadaire de centre gauche Falter et ont largement ému la classe politique autrichienne, toutes tendances confondues.

Les clichés montraient les jeunes garçons en tenue de camouflage alignés en rang, faisant le salut militaire, et agitant des drapeaux turcs, devant un public d’enfants. Sur une autre photo, certains sont allongés pour figurer les victimes de la bataille, leur corps enroulé dans un drapeau turc. La mosquée incriminée est gérée par l’Union islamique turque d’Autriche (Atib), directement liée à la Direction turque des Affaires religieuses (Diyanet). L’Atib avait qualifié la mise en scène de « hautement regrettable »

L’Autriche a déjà  interdit le port de niqab ( voile intégral ) dans les lieux publics .Elle a aussi interdit le port de hijab ( voile islamique ) dans les écoles primaires 

La Turquie réagit

La Turquie a dénoncé comme une mesure «islamophobe» et «raciste» l’offensive contre «l’islam politique» annoncée par l’Autriche et visant des dizaines d’imams et plusieurs mosquées financées par Ankara.

«La fermeture par l’Autriche de sept mosquées et l’expulsion d’imams est le résultat de la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire dans ce pays», a réagi le 8 juin sur Twitter Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan. Une déclaration qui est une réponse à la menace, brandie par Vienne, de l’expulsion de dizaines d’imams financés par la Turquie et à la fermeture durable de sept mosquées accusées notamment de tendances extrémistes.

«La position idéologique du gouvernement autrichien va à l’encontre des principes du droit universel, des politiques de cohésion sociale, du droit des minorités et de l’éthique de coexistence», a-t-il ajouté dans un deuxième message sur les réseaux sociaux.

«La normalisation et la banalisation de l’islamophobie et du racisme doivent être fermement rejetées», a également poursuivi Ibrahim Kalin.

Relations tendues 

Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement tendues depuis la répression qui a suivi la tentative de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.

Le président turc avait également vivement critiqué l’Autriche en avril après l’annonce par le chancelier que les meetings de campagne pour les élections turques du 24 juin prochain seraient interdits dans le pays.

L’Autriche et d’autres pays de l’Union européenne, dont l’Allemagne, avaient déjà interdit des rassemblements pro-Erdogan et la venue de responsables turcs pour faire campagne auprès de la diaspora turque avant le referendum qui a permis au président turc de renforcer ses pouvoirs en avril 2017.

Avec agences