
Taoufik Baccar
I. La Tunisie a connu au milieu des années quatre-vingt, une grave crise économique et financière sur fond de tiraillements politiques suscités par un climat de fin de règne qui a failli emporter l’Etat. En sept ans (1986-1993), soit l’équivalent de la période qui nous sépare de 2011, le pays a pu se remettre sur les rails et redresser la situation économique et financière grâce à des mesures courageuses dont on peut citer :
1. l’adoption d’un Programme d’Ajustement Structurel initié par la Tunisie (Je dis bien initié par la Tunisie) et qui a attiré les faveurs aussi bien du FMI que de la BM qui lui ont apporté leur soutien.
2. La mise en œuvre d’un programme d’accompagnement social encore en vigueur aujourd’hui, le PNAFN, et d’un Fonds d’Insertion Professionnelle (F.I.A.F) destiné à soutenir l’emploi des jeunes.
3. Une dévaluation franche du dinar ,une décision tunisienne prise à la suite de travaux réalisés par l’Institut d’Economie Quantitative (I.E.Q), sans la pression n de quiconque, afin de fouetter les exportations et ouvrir au pays de nouvelles sources de croissance.
4. Une vaste réforme du régime fiscal, probablement la plus profonde de l’histoire de la Tunisie : Adoption des trois grands Codes (TVA, IRPP et Enregistrement) avec, en même temps, une baisse des taux d’imposition qui a suscité une reprise de confiance chez les opérateurs et une augmentation conséquente des recettes fiscales.
5. L’adoption d’un nouveau Code des investissements avec des priorités horizontales, dont les exportations, le développement régional et la sécurité alimentaire et des avantages spécifiques.
6. La mise en œuvre à la fin de 1993, de la convertibilité courante du dinar.
II. Soutenues par une forte mobilisation et une volonté politique pour faire changer les choses, ces mesures conçues dans le cadre d’une vison claire, ont rapidement contribué à faire redémarrer la machine économique et à rétablir les équilibres fondamentaux du pays. La croissance repartira rapidement, la situation financière s’améliorera conséquemment et la Tunisie remboursera par anticipation, dès 1991, le crédit stand-by du FMI et ne recourra plus aux facilités du Fonds durant vingt ans (1991-2011). En 1994 la Tunisie accédera au marché financier international pour la première fois de son histoire et parviendra à décrocher son grade d’investisseur et à réussir sa première émission sur le marché obligataire japonais « Samurai ». Ce grade s’améliorera graduellement à la faveur d’un suivi régulier et la bonne perception internationale des perspectives économiques du pays.
III. Sept ans ont ainsi suffi pour remettre l’économie du pays, de nouveau, sur le droit chemin, grâce à la détermination, à la mobilisation de tous, à la compétence et à la persévérance dans le travail.
Depuis 2011 la Tunisie a pêché par un manque de vision et la détérioration des valeurs gagnantes, en particulier, celles du travail, du respect de la loi, de l’arbitrage en faveur des intérêts supérieurs du pays et de la solidarité dans les moments difficiles. Ce sont ces valeurs que la Tunisie a perdues durant ces sept dernières années et dont nous payons, aujourd’hui, le prix et qu’elle devrait retrouver au plus vite pour reprendre le chemin de la croissance, de l’emploi et du développement.
Taoufik Baccar