Le Maroc, nouvelle étape de «la Route de la soie» Chine-Afrique ?

chine-afrique route de la soieDeux jours avant le sommet Union africaine-Union européenne d’Abidjan, la ville marocaine de Marrakech accueille la 2e édition du Forum d’investissement Chine-Afrique. Pékin multiplie ces dernières années ce genre de rencontres d’affaires. Et le partenariat entre l’Empire du Milieu et le continent africain ne cesse de s’amplifier.

Marrakech accueille le sommet Chine-Afrique. Après s’être positionné comme «la porte d’entrée de l’Europe en Afrique», le Maroc tente de séduire la Chine, principal investisseur sur le continent. Sans matières premières et loin de la mer de Chine, le Maroc n’a pendant longtemps pas intéressé Pékin, mais le port de Tanger, devenu stratégique en méditerranée, entre désormais dans la vision chinoise.

Le Maroc se rêve en nouveau leader économique de l’Afrique. Plus de 400 décideurs chinois et africains de haut niveau sont réunis à Marrakech les 27 et 28 novembre 2017 pour le 2e Forum de l’investissement Chine-Afrique. La première édition s’était tenue en Afrique du Sud, autre puissance économique du continent et rival diplomatique du Maroc.

La Chine est aujourd’hui le premier partenaire économique de l’Afrique, avec 10 000 entreprises actives sur le continent dans des secteurs aussi variées que la manufacture, le commerce, les infrastructures et l’immobilier. Les échanges commerciaux sino-africains ont représenté 190 milliards de dollars en 2016, soit près de 160 milliards d’euros. Pendant deux jours à Marrakech, les échanges vont porter sur la nouvelle route de la soie que le Chine propose au monde et ses implications financières pour les économies africaines. Le circuit commercial que Pékin veut inclusif réussira-t-il à faire progresser les économies africaines ? Comment raccrocher ce continent au dernier wagon de l’ère industrielle ?

Pour le ministre marocain de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, «ce forum vise à consacrer la coopération Sud-Sud et à tirer le plein potentiel du partenariat Maroc-Chine-Afrique.» L’Afrique représente aujourd’hui 15% des investissements de la Chine dans le monde. 10.000 entreprises chinoises sont installées sur le continent (dans 68 pays).

Avec 8 milliards de dollars d’investissements entre 2015 et 2016, le Maroc domine également l’investissement interafricain, selon une étude de la Banque africaine de développement (Perspectives économiques en Afrique 2017). En Côte d’Ivoire, il a dépassé la France. L’Ethiopie est devenue en 2016, le premier destinataire des investissements marocains, avec le méga projet d’usine de phosphate du groupe OCP dont le coût devrait avoisiner les 3 milliards de dollars.

Europe-Maroc-Chine

De par sa position géostratégique à quelques kilomètres de l’Espagne, le royaume chérifien s’est positionné comme le point d’entrée des investissements européens en Afrique. Son port, Tanger Med, est déjà le plus grand port à conteneurs en Afrique. Dans le podium du top 50 mondial, il se situe sur le second trajet maritime le plus courtisé au monde, à savoir le détroit de Gibraltar.

La Chine a longtemps préféré l’Algérie (pays pétrolier) au royaume chérifien. Pékin a bâti un véritable empire en Algérie. Sur les 500 milliards de dollars d’investissements publics dépensés depuis l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, en 1999, les sociétés de l’empire du Milieu en auraient capté au moins 80 milliards.

En Afrique du Nord, l’implantation économique chinoise s’est développée tout particulièrement en Algérie et en Egypte, en raison du Canal de Suez. Mais les choses changent…

Selon Sébastien Le Belzic, journaliste fondateur du site Chinafrique.info, «le Maroc est le pays le plus légitime dans le Maghreb, car le port de Tanger est le 3e hub le plus important au monde après Shanghai et Panama. C’est donc un lieu stratégiquement essentiel pour les Chinois puisque l’objectif est méditerranéen et qu’il est question d’entraîner des investissements en Afrique à destination de l’Europe.»

lntégrer la route de la soie

Othman El Ferdaous, secrétaire d’Etat marocain à l’investissement, évoquait en 2016 dans le journal Le Monde, une quatrième route de la soie «qui se dessine progressivement dans le prolongement de la péninsule ibérique vers l’Afrique atlantique puis le golfe de Guinée». Selon lui, «le corridor mauritanien, qui commence au sud du Maroc, est un segment critique de cette quatrième route de la soie», notait-il, expliquant que «la plus grande gare routière d’Afrique à Laâyoune», prévue dans le «modèle de développement des provinces du sud» pour 7 milliards d’euros d’investissements, «mettra les marchés d’Abidjan et de Lagos à la portée des conteneurs de Tanger Med.»

Les conférences et débats de Marrakech tourneront autour des implications financières de la nouvelle route de la soie pour les économies africaines et des solutions à privilégier pour faire du continent africain une véritable plateforme industrielle.

Malgré sa progression phénoménale ses 20 dernières années, le partenariat Chine-Afrique n’a pas encore atteint tout son potentiel de croissance.

Avec agences