Commentant le projet des Kurdes de tenir un référendum d’indépendance, le vice-président irakien a insisté sur la nécessité de l’annuler ou de le reporter, jugeant qu’il était contraire à la constitution du pays, et a prévenu que Bagdad ne tolérerait pas la formation d’un «second Israël» à l’intérieur de ses frontières.
Bagdad ne tolérera pas la création d’un «second Israël» dans le nord de l’Irak, a déclaré le vice-président de ce pays, Nouri al-Maliki, commentant le référendum du 25 septembre sur l’indépendance du Kurdistan irakien.
«Il faut annuler ou reporter ce référendum qui est inconstitutionnel et ne répond ni aux intérêts du peuple irakien dans son ensemble, ni à ceux des Kurdes. Nous ne tolérerons pas la création d’un second Israël dans le nord de l’Irak», a-t-il déclaré dans un communiqué cité par son service de presse.
L’Iran ripostera
La perspective du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien suscite la préoccupation chez son voisin iranien, qui menace de fermer sa frontière en cas de victoire du «oui».
Si le Kurdistan vote en faveur de l’indépendance, l’Iran menace de prendre de mesures de riposte. Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême national de sécurité de l’Iran, a mis en garde contre la possibilité de la fermeture des frontières et l’annulation des accords en matière de sécurité, relate le chaîne Al-Sumaria.
«Nous reconnaîtrons uniquement les accords signé avec Bagdad, a-t-il indiqué. L’indépendance de la région kurde suite au référendum annulera tous les accords en matière de sécurité ainsi que dans le domaine militaire, et marquera la fermeture de tous les points de passage avec l’Iran».
L’ONU propose une solution
L’ONU a proposé au président du Kurdistan, Massoud Barzani, de renoncer au référendum sur l’indépendance de cette région autonome du nord de l’Irak en échange de son aide pour parvenir à un accord avec Bagdad d’ici moins de trois ans.
L’ONU a proposé d’aboutir d’ici trois ans à un accord entre le Kurdistan irakien et le gouvernement fédéral à Bagdad sur le statut de la région autonome, en échange du report du référendum sur son indépendance prévu le 25 septembre.
Jeudi, l’émissaire des Nations unies en Irak, Jan Kubis, avait remis à Massoud Barzani un document, dont l’AFP a obtenu copie, proposant des négociations immédiates entre Erbil et Bagdad.
Si les Kurdes « acceptent cette alternative, il y aura des négociations », a déclaré Jan Kubis à l’AFP, affirmant attendre une réponse dans les « deux ou trois prochains jours ».
Le document évoque « des négociations structurées, soutenues, intensives » et « sans conditions préalables » qui porteront « sur les moyens de résoudre tous les problèmes » et de « définir les futures relations et la coopération entre Bagdad et Erbil »
Référendum provocateur et déstabilisateur selon Washington
La Grande-Bretagne a dénoncé dans un communiqué un référendum « qui risque d’accroître l’instabilité dans la région alors que la priorité doit être la défaite de Daech », l’acronyme arabe du groupe jihadiste État Islamique (EI).
La veille, avançant la même raison, la Maison Blanche avait jugé que ce référendum serait « provocateur » et « déstabilisateur ».
Le parlement du Kurdistan irakien, qui ne s’était pas réuni depuis deux ans, s’est prononcé cette semaine à une très large majorité en faveur de la tenue de ce référendum, suscitant ainsi l’ire des pays de la région, dont l’Irak, l’Iran et la Turquie. La Ligue des pays arabes s’est également prononcée en défaveur de ce référendum. Israël, pays en conflit avec la plupart des pays arabes depuis sa création en 1948, soutient quant à lui cette initiative.
Malgré les appels à renoncer, le dirigeant du Kurdistan autonome irakien Massoud Barzani a fait savoir vendredi que le référendum était aurait bel et bien lieu à la date prévue, c’est-à-dire le 25 septembre.
Avec agences