
Abdessalem Laarif
La troïka est passée par là et l’organisation dite ennahdha n’a plus qu’à attendre pour tout rafler, définitivement. La situation périlleuse dans laquelle la Tunisie se débat depuis plusieurs années n’a plus besoin d’être expliquée. Les idées pour l’en sortir manquent, personne d’ailleurs, parmi les responsables auxquels la direction des affaires publiques a été tour à tour confiée après les dernières élections, n’en a exprimé la moindre pour fixer un cap, indiquer une méthode ou simplement une perspective aussi fumeuse fût-elle et cela se comprend. En effet le ridicule guette quiconque aurait avancé quoique ce fût de cet ordre tant les obstacles à la restauration de l’autorité de l’Etat, à la reprise en main des rouages de l’administration et surtout au rétablissement de la confiance de la société, détentrice réelle de la force productrice, sont nombreux et variés, tantôt élevés au grand jour comme autant de défis, tantôt pernicieux, fuyants, fantomatiques, venant des plus proches, le tout baignant dans la corruption. Seule l’armée est restée saine.
Les initiatives prises par le Chef du Gouvernement pour appliquer enfin la loi à l’encontre de quelques bandits notoires ont été trop longtemps attendues par une population gagnée par le doute pour que l’espoir renaisse. Nous sommes en face du crime organisé, ramifié, multipartite, que d’euphémismes ! Il ne se laissera pas faire. Continuer avec un gouvernement classique, même épargné par les dissensions partisanes ou sans pailles, est voué à l’échec. Que faire alors ?
La seule solution à laquelle il n’est pas interdit de rêver pour récupérer un état propre et des institutions fiables est utopique parce qu’elle est totalement étrangère à l’esprit du Président de la République, seul à pouvoir l’imposer en toute légalité, même en dehors de l’état d’exception et qui, sans s’attarder sur ses formes et modalités techniques de détail, consisterait à :
– Scinder le gouvernement en deux catégories de départements, dont l’une, apolitique par nature, dite d’ordre, regrouperait pour une période de cinq ans, renouvelable si nécessaire, sous l’autorité d’un militaire, ministre d’état adjoint au chef du gouvernement, les ministères de l’intérieur, de la justice, de la défense nationale, de la lutte contre la corruption et des affaires religieuses, et l’autre dite de développement, regrouperait les ministères restants, celui des affaires étrangères relevant du domaine d’attributions réservé du chef de l’état.
– Doter le ministre d’état d’un pouvoir général d’investigation avec notamment la délégation d’un représentant observateur auprès des instances disciplinaires de la haute fonction publique et de la magistrature.
– Se suffire d’une responsabilité directe et exclusive du ministre d’état et des ministres placés sous son autorité devant l’A.R.P.
– Limiter le rôle du chef du gouvernement dans le fonctionnement des départements d’ordre à l’arbitrage budgétaire.
– Mettre au préalable l’A.R.P, c’est-à-dire les députés d’ennahdha devant le choix entre le vote de confiance et la dissolution.
C’est compliqué, peut être impossible, alors tant pis, je n’ai rien dit.
Abdessalem Laarif