La justice des Aal-Saoud a confirmé la peine de mort par décapitation de 14 hommes ayant manifesté contre le gouvernement et auteur d’actes de violences, d’après les autorités. Or, pour Amnesty International, ces actes ont été avoués sous la torture.
Amnesty International a condamné lundi 24 juillet une décision de justice saoudienne qui devrait conduire 14 hommes à la décapitation, et ce pour avoir pris part à des manifestations contre le gouvernement entre 2011 et 2012. La peine de mort a été prononcée puis confirmée par la Cour Suprême du pays. L’un des inculpés s’apprêtait à partir étudier aux Etats-Unis, ce qui a notamment provoqué la mobilisation d’un syndicat de professeurs outre-Atlantique.
« En confirmant la condamnation de ces hommes, les autorités saoudiennes ont démontré leur détermination impitoyable à avoir recours à la peine de mort comme moyen de réprimer la dissidence et de neutraliser les opposants politiques », a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
Les manifestations en question s’inscrivaient dans le mouvement des printemps arabes. Selon Amnesty International, ces 14 hommes ont été arrêtés en juillet 2016, sur accusation de «rébellion armée contre le chef de l’Etat», d’«incitation au chaos», d’«utilisation de cocktails Molotov» et de «tirs sur les forces de l’ordre». Or, affirme l’ONG de défense des droits de l’Homme, ces individus ont été torturés par les autorités avant d’avouer ces actes, ce qui remettrait en cause la véracité de ces aveux.
«En confirmant ces sentences, les autorités saoudiennes ont fait preuve de leur attachement impitoyable à l’utilisation de la peine de mort comme arme pour vaincre les dissidents et neutraliser les opposants politiques», a dénoncé Samah Hadid, membre de la branche Moyen-Orient de l’ONG Amnesty International.
Les peines étant confirmées, leurs ordres d’exécutions devraient maintenant être approuvés par l’Etat :«La signature du roi Salman est tout ce qui les sépare de la peine capitale. Il doit immédiatement rejeter ces verdicts qui sont le fruit d’une mascarade judiciaire conduite au mépris des standards internationaux définissant un procès juste.» a-t-elle signalé.
Le 23 juillet, les proches des 14 hommes ont appris, après avoir contacté le Tribunal pénal spécial, que la condamnation à mort avait été confirmée, et ils craignent maintenant que les exécutions aient lieu à tout moment. Les 14 hommes avaient été condamnés à mort le 1er juin 2016 par le Tribunal pénal spécial de Riyadh, à l’issue d’un procès collectif d’une iniquité flagrante. Ils ont été déclarés coupables de plusieurs chefs d’accusation, parmi lesquels « rébellion armée contre le souverain » pour avoir notamment « participé à tirer sur des membres du personnel de sécurité et sur des véhicules de sécurité », « préparation et utilisation de cocktails Molotov », « vol et vol à main armée » et « incitation au désordre, et organisation et participation à des émeutes ».
Des documents de procédure indiquent que les 14 hommes ont déclaré qu’ils avaient été maintenus en détention provisoire pendant des périodes prolongées et qu’on les avait soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements pendant leur interrogatoire dans le but de leur extorquer des « aveux ». Le juge n’a cependant ordonné aucune enquête sur leurs allégations. Le Tribunal pénal spécial semble avoir largement fondé sa décision sur ces « aveux » forcés.
L’un des condamnés, Al-Suweyket, avait seulement 17 ans lorsqu’il a été arrêté, et venait d’être admis à l’Université de Western Michigan. Le 15 juillet, la fédération américaine des professeurs (AFT) a appelé le président des Etats-Unis Donald Trump à faire usage de son influence pour obtenir la grâce du jeune homme.
«La menace de la part de l’Arabie Saoudite de décapiter ses propres citoyens pour s’être opposés au gouvernement est impensable, c’est une violation ignoble du droit international et des droits de l’Homme» peut-on notamment lire dans le communiqué du syndicat de professeurs.
Les 14 hommes seraient à présent détenus à Riyad, la capitale du royaume, après y avoir été transférés depuis la ville de Dammam le 15 juillet.
Nombre croissant de condamnation à mort
Amnesty International a enregistré une augmentation préoccupante du nombre de peines de mort prononcées contre des dissidents politiques en Arabie saoudite depuis 2013, y compris contre des membres de la minorité chiite.
Amnesty International a également appris le 23 juillet 2017 que la chambre d’appel du Tribunal pénal spécial avait confirmé la condamnation à mort de 15 hommes accusés d’espionnage pour le compte de l’Iran, et que l’affaire avait été transmise à la Cour suprême le 20 juillet 2017. Les hommes avaient été condamnés à mort le 6 décembre 2016.
D’après les informations d’Amnesty International, au moins 34 membres de la communauté chiite saoudienne – ce qui représente 10 à 15 % de la population – sont actuellement sous le coup d’une peine capitale. Toutes ces personnes sont accusées d’activités considérées comme dangereuses pour la sécurité nationale.