La ville de Bâle, en Suisse, où Theodor Herzl a intronisé la notion de sionisme politique n’accueillera pas le Premier ministre israélien lors du 120e anniversaire du Premier Congrès sioniste qui s’est déroulé sur place. Un évènement de grande envergure, planifié depuis longtemps par l’Organisation sioniste mondiale pour célèbrer cette date clé, a été annulé.
Les opinions divergent quant à la raison de cette annulation. Les responsables israéliens et suisses évoquent une mauvaise gestion, des problèmes budgétaires, et l’incapacité des autorités suisses à mettre en place les mesures de sécurité nécessaires à cet évènement.
Le fait est que Bâle, qui a accueilli 11 congrès sionistes entre 1987 et le début de la Première Guerre mondiale, ne célèbrera pas cet été, d’anniversaire officiel.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait se rendre à Bâle le 27 août pour célébrer l’anniversaire de la conférence de 1987, qui a eu lieu dans le casino de la ville. Considéré comme l’un des jalons principaux de l’histoire du sionisme, ce congrès avait réuni plus de 200 personnes et était couvert par 26 journalistes.
Mais les autorités bâloises ont fait savoir à Jérusalem qu’elles ne seront pas en mesure d’organiser cet évènement comme prévu, et ont proposé de le reporter. Au lieu de cela, l’Organisation sioniste mondiale a décidé d’annuler tous les plans prévus dans la ville suisse et d’organiser une commémoration en septembre, à Jérusalem.
Les échanges entre les responsables suisses et israéliens ont commencé en février, et les projets ont été lancés deux mois plus tard. Mais la lenteur des services israéliens et l’incapacité de la municipalité à mettre sur pied un évènement avec un préavis si court, associé à des désaccords sur celui à qui reviendrait les coûts inhérents à la sécurité, ont conduit les autorités du canton de Bâle-Stadt à annoncer que l’évènement ne pourra avoir lieu à la date anniversaire précise.
« Le conseil municipal a pris cette décision sur la base d’un rapport fourni par les chefs de projet. Nous regrettons profondément cette décision, car nous connaissons la valeur de cette évènement », a déclaré la ville dans un communiqué le 16 juin
« Leur décision a été prise au regard de considération sécuritaires : il ne restait que trop peu de temps pour permettre d’organiser le personnel et les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des personnes et de l’évènement », a déclaré Noémie Charton, porte-parole du ministre des Affaires étrangères suisses au Times of Israel cette semaine. « Bien qu’il soit regrettable qu’il n’ait pas lieu à la fin du mois d’août, la possibilité d’organiser cet évènement à une date ultérieure reste envisageable. »
Selon plusieurs sources, il y a eu un désaccord sur le financement de la sécurité de cet évènement, qui s’élevait à 35,5 millions de shekels.
Le Bureau du Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères à Jérusalem ont refusé de s’exprimer sur ce fiasco. Mais en privé, certains responsables à Jérusalem ont parlé de « divergences d’opinion quant au financement de certains aspects de l’évènement ».
Selon Avraham Duvdevani, qui préside l’Organisation sioniste mondiale, les préparatifs ont débuté il y a 6 mois. Cependant, l’organisation a dû attendre deux mois pour obtenir le feu vert de la part du bureau de Netanyahu.
« Nous avons tout arrêté jusqu’à l’obtention de la confirmation du bureau du Premier ministre quant à la date et à la participation du gouvernement israélien aux frais de sécurité pour cet évènement », a déclaré Duvdevani au Times of Israel.
Il a souligné que l’Organisation sioniste mondiale a informé les autorités bâloises de son intention d’organiser cet évènement il y a 4 mois. « Nous leur avons dit suffisamment tôt. »
L’Organisation sioniste mondiale a ensuite fait appel à une société de production et a communiqué à la Suisse un programme détaillé, a expliqué Duvdevani, qui s’est lui-même rendu à Bâle il y a un mois et demi pour y rencontrer les autorités municipales. « Ils ont dit que tout était bon et nous ont même envoyé un protocole de la réunion », a-t-il dit. « Mais ensuite, ils nous ont écrit pour nous dire qu’ils voulaient nous revoir, parce qu’il leur manquait certains détails et qu’ils voulaient savoir combien la sécurité leur coûterait », a expliqué Duvdevani.
Quand on sait que les Israéliens savent programmer des visites pour des chefs d’États en un clin d’œil, comme on a pu le voir lors des funérailles de Shimon Peres, les autorités israéliennes étaient persuadées que 2 mois et demi suffiraient à la Suisse pour tout planifier, a-t-il fait remarquer.
« Mais ils ont trainé, et trainé, et quand, il y a deux semaines, ils ont appelé notre ambassadeur au ministère des Affaires étrangères [à Bern] et ils lui ont dit : ‘Désolé, mais ne pourrons pas organiser cela dans les temps’ ». Les autorités bâloises ont proposé d’accueillir cet évènement à une date ultérieure, a indiqué Duvdevani mais l’Organisation sioniste mondiale a préféré tout annuler, et prévoir de célébrer le 120e anniversaire du premier congrès sioniste dans un évènement prévu mi-septembre au mont Herzl, à Jérusalem occupée.
« Nous ferons quelque chose de grandiose en Israël à la place. Pas grand, grandiose », a promis Duvdevani. Il a ajouté qu’il attend « des dizaines de milliers de personnes » à cet évènement, dont Netanyahu.
La résonance de l’Histoire
Le Premier congrès sioniste est considéré comme la première étape du peuple juif vers le rétablissement d’un état-nation . « À Bâle, j’ai fondé l’État juif », avait noté Herzl dans son journal, quelques jours après la fin du congrès de 3 jours.
« Si j’avais dit cela à voix haute aujourd’hui, j’aurais fait l’objet de moquerie. Peut-être dans 5 ans, peut-être dans 50 ans, tout le monde s’en rendra compte. »
Sa vision est devenue une réalité, et l’État d’Israël a été fondé près d’un demi-siècle après qu’il a écrit ces mots.
Source :fr.timesofisrael.com