
Abdessalem Laarif
Bien sûr, les médias font œuvre utile quand ils scrutent les rapports des responsables politiques et administratifs à la chose publique et s’acquittent d’un vrai devoir d’information quand ils en révèlent les faiblesses et parfois les portées délictuelles. Dénoncer les auteurs d’écarts éthiques et de malversations diverses en fait partie, mais appelle à la plus grande prudence. C’est, me semble t-il, ce qui a manqué au travail du Canard Enchaîné en s’en prenant à François Fillon, non point faute pour sa rédaction d’avoir vérifié la matérialité des faits qui vont éveiller des soupçons d’indélicatesse à son égard mais parce qu’elle a omis dans ses articles de signaler une pratique parlementaire dont il était loin d’avoir l’exclusivité. L’effet voulu n’était donc pas d’en alerter l’opinion à bon escient ni même, en s’encombrant de faux semblants tels qu’une liste des cas similaires pourtant facile à établir, de porter sur lui, une attention sélectivement plus dévastatrice pour un candidat à la présidence de la république française, mais bien de lui en barrer le chemin coûte que coûte.
Il est rare qu’une machination politico-judiciaire ait pu atteindre de tels sommets en termes d’orchestration et d’acharnement. L’homme à détruire devait être craint. Pour susciter tant de panique, Je ne vois dans ses projets pour la France, au-delà d’un simple programme, qu’une politique étrangère et sécuritaire sans nuances, nommément hostile aux dynasties de la presqu’ile arabique argentières du salafisme armé et aux frères musulmans. L’affaire empeste le pétrodollar à plein nez et il n’y a que Sarkozy pour en tirer les ficelles dans un parallélisme parfait entre les accointances passées avec les USA et les postulats nationaux de la nouvelle politique américaine de Donald Trump.
Dans ce sauve-qui-peut général, Fillon ne doit pas faiblir ou se laisser gagner par la lassitude. Le monde médiatique qu’il a aux trousses ne fait maintenant que se répéter et les électeurs en majorité indécis sauront le moment venu apprécier sa trempe à l’épreuve des difficultés et des malveillances auxquelles il fait front.
Abdessalem Laarif