Tu es chez toi, dans ton confort. Dans ta maison. Tu as la liberté de penser, de bouger. Ta liberté, c’est ce que tu vis sans même y penser : tu décides quand tu te laves, tu choisis tes repas, tu bouges sans contraintes, tu fermes les portes pour créer ton espace. Cette routine, ce quotidien, c’est ta normalité, ta vie. Chaque geste est simple, naturel, et tu ne réalises même pas à quel point ces petites libertés font ta vie.
Puis, un jour, tout bascule. Pour un mot. Un seul mot, prononcé trop fort. Un mot que tout le monde murmure, mais que tu as eu le courage de dire. Et pour ce mot, on t’arrache à ta vie. On te prive de tout. Ta liberté, ta dignité, ton droit de décider pour toi-même. Ce n’est pas seulement ta liberté de mouvement qu’on t’enlève, c’est ta liberté de parole, ta liberté de penser, ton orgueil même. On fait tout pour t’humilier, tout pour te retirer ton humanité. Chaque jour est une épreuve où l’on tente de te briser un peu plus.
Tu te réveilles dans une cellule de 20 mètres carrés entourée d’autres personnes qui, comme toi, ont été dépouillées de leurs droits, de leur humanité. Il y a des règles absurdes, des ordres à suivre, un manque d’hygiène terrifiant. Ce n’est plus la vie, c’est la survie. Cet environnement, n’est pas le tien. Un environnement hostile, oppressant, un cauchemar tout droit sorti d’un film. Midnight Express, tu te rappelles ?
La porte ne s’ouvre plus que sous la volonté des gardiens. Ta vie bascule, ton corps et ton esprit sont emprisonnés. Tu n’es plus maîtresse de rien. Ni de ton temps, ni de ton espace.
Toi, ma sœur, qui as toujours eu une peur bleue des cafards, te voilà contrainte de cohabiter avec eux, de partager ton espace avec ces insectes qui te dégoûtent. Et tu t’habitues.
Tu t’habitues à tuer les lézards, qui se faufilent sur vos corps pendant la nuit. tu t’habitues à les tuer non pas par choix, mais parce que l’hystérie de tes co-détenues te pousse à le faire. Et tu t’habitues.
Les rats, eux, rôdent toujours, surtout la nuit. Tu entends leurs griffes racler contre le seau que tu poses sur les toilettes turques pour les empêcher de sortir. C’est ta protection contre eux, mais ils sont là, ils attendent, tapis dans l’ombre. Cette cellule est leur terrain autant que le tien. Et tu t’habitues.
Les bestioles envahissent ton espace, ton esprit. La nuit, tu les entends ramper, tu sens parfois leur présence sur ta peau. Alors tu les écrases, sans plus réfléchir, parce que tu n’as pas le choix. Ce n’est pas seulement ta dignité qu’on t’a retirée, c’est aussi ton droit à la propreté, ton droit à la sécurité. Et tu t’habitues
Le matin, tu nettoies du mieux que tu peux ce que tu as tue la nuit. Mais la saleté revient toujours, envahissante, omniprésente. Tuer ce qui te dégoûte, ce qui te menace. Une chose inimaginable dans ta vie d’avant, mais devenue nécessaire ici. La moindre brèche, le moindre espace, c’est une porte ouverte à l’envahisseur. Et tu t’habitues
Et dans ce quotidien déshumanisé, rythmé par le bruit des clés que reste-t-il pour s’évader ? Rien. Rien, si ce n’est les livres pour toi et la télé pour tes co-détenues, cette lucarne vers un monde plus doux, plein d’amour, de luxe, de lumière. Ces feuilletons sont tout ce qu’elles ont pour s’accrocher à un semblant d’espoir, un moment où elles peuvent rêver d’un ailleurs. Et on leur enlève ça. Depuis des semaines, des mois, plus de parabole, ne reste que l’insipidité de la télé nationale. Le silence devient insupportable. Alors L’agressivité monte, la tension est palpable. Les disputes deviennent la seule façon de libérer cette pression qui s’accumule, la violence devient leur quotidien, et toi, tu dois te défendre. Contre les cafards, contre les lézards, contre les rats, contre l’agressivité qui bouillonne entre quatre murs. Tu te retrouves prisonnière non seulement de ces murs, mais aussi de la folie qui naît de l’inaction, du silence, de l’absence de tout espoir. Et tu t’habitues
Les gardiennes, elles, sont partout. Elles s’immiscent dans chaque aspect de ta vie, fouillent tes affaires et ton corps, te donnent des ordres absurdes. Elles envahissent ton intimité, te rappellent à chaque instant que tu n’es plus libre, que tu n’as plus de contrôle. Elles te surveillent, te scrutent, te réduisent à un numéro, une ombre parmi tant d’autres. Et tu t’habitues.
Et l’odeur. Cette odeur qui te colle à la peau, qui imprègne les draps sur lesquels tu dors, cette odeur d’humidité, de crasse, de vie collective. Rien n’est propre ici. Tu te laves une fois par semaine dans une douche partagée, au milieu de l’eau stagnante. L’eau froide est un luxe, l’eau chaude, un souvenir lointain. Tu te nettoies rapidement, avec ce sentiment persistant que tu n’y arrives jamais complètement. Et tu t’habitues.
Et malgré tout ça, malgré cet enfer quotidien, tu tiens bon. Tu gardes la tête haute. Malgré tout, tu t’accroches à ton esprit. C’est la seule chose qu’ils ne peuvent pas te prendre. Dans ce chaos, tu t’es créé un espace à toi, un refuge intérieur. Cet espace dans ta tête, c’est ce qui te permet de survivre. Tu t’accroches à ce qu’il te reste : ta force, ton esprit. Personne ne pourra jamais t’enlever ça. Chaque jour, tu trouves le moyen de tenir, de rester vivante. Parce que dans ce monde qui t’a volé ta liberté, tu as décidé de garder ce qui fait de toi Sonia. Indomptable, inébranlable. Tu restes debout.
Ce monde, tu ne l’as pas choisi, il t’a été imposé. Tout ça parce que tu as osé dire une vérité que tout le monde murmure. Parce que tu as dit : « quel pays magnifique !!».
***********
تعيش في دارك، مرتاح. تعيش حرية التفكير وحرية التحرك. حريتك في حياتك اليومية، تعيش من غير ما تحسبها: تقرر وقتاش تغسل، تختار ماكلتك، تتحرك كيف ما تحب، تسكر و تحل البيبان. الروتين، والحياة اليومية هذي، حياتك العادية. كل حركة بسيطة وطبيعية، وماكش فايق قداش الحريات الصغيرة هي اللي تبني حياتك
، و في لحضة، كل شيء يتفكلك. على خاطر كلمة. كلمة وحدة قلتها. كلمة اللي الناس الكل توشوش فيها، و إنتي كنت عندك الشجاعة بش تقولها بصوت عالي. وعلى خاطر الكلمة هذي، يحرموك من حياتك. يحّرموا عليك كل شيء. يسلبوك من حريتك، يسلبوك من كرامتك، يسلبوك من حقك باش تقرر مصيرك. ما يسلبوش منك كان حريتك ، يسلبوك من حرية الكلام، من حرية التفكير، يسلبوك حتى من عزة نفسك. يعملوا المستحيل باش يهينوك، باش يسلبوك مالانسانية متاعك. كل يوم يولي تحدي، كل يوم يكسروك بشوية بشوية
تلقى روحك في زنزانة 20 مترو، مع نساء أخرين كيفك، مسلوبين من حقوقهم ومن إنسانيتهم. قوانين تعيسة، اوامر لازم تتبعها، والنظافة تنساها. ما عادش عيشة، يولي بقاء. المحيط هذا ما هوش محيطك. محيط معادي، ضاغط، كابوس كيف ما في الأفلام. جهنم على وجه الأرض
الباب ما يتحل كان بأمر من الڤرديانات. حياتك تتقلب، بدنك وعقلك مسجونين. ما عادش عندك سلطة على حتى شيء. لا الوقت لا الفضاء ملكك
سنيتي، الخوافة من الخنافس، وليت عايشة معاهم، عايشة مع الحشرات اللي يقزّزوك
و ستانست
تقتل في الوزغ اللي يحوس على بدوناتكم في الليل. تقتلهم على خاطر الهستيريا متاع السجينات الي معاك كي يشفوهمو ستانست
الجرابع تحوس، بالأخص في الليل. تسمع تخربيشهم على السطل اللي تحطو فوق المحاض العربي باش ما يخرجوش. حمايتك ضدهم، أما باقي موجودين، في الظلام. الزنزانة هذي هي دارهم كيفك كيفهم
و ستانست
الحشرات ماليا الدنيا، ماليا عقلك. في الليل، تسمعهم يزحفوا، ساعات تحسهم على بدنك. تقتلهم ما غير ما تخمم ، خاطر ما عندكش خيار. ما سلبوكش كان كرامتك، سلبوك حتى حقك في النظافة، حقك في الأمان
و ستانست
الصباح، تحاول تنظف كيما جاء جاء اللي قتلتو في الليل. أما الدنيا عمرها ما تنضاف ،الوصخ لاصق. حاجة ما كنتش تتصورها في حياتك قبل، أما ولات ضرورية . أصغر فجوة، أصغر نقبة، يدهمو عليك
و ستانست
وفي هالعيشة المرة المذلة، اللي مليانة كان بحس المفاتح، ما فما شي يلهيك، ما فما شي يواسيك. حتى شي إلا الكتب بالنسبة ليك والتلفزة بالنسبة للسجينات لخرين. النافذة الوحيدة على عالم ازين، مليان حب، رفاهية، وضوء. ما عندهم كان المسلسلات باش يحلموا بأمل صغير، لحظات يهربو فيها من الواقع. نحوهالهم. أسابيع وشهور من غير پرابول، ما قعدت كان التلفزة الوطنية الهايلة . الصمت ولى كابوس. العدوانية زادت، التوتر ولى ملموس. العرك ولى الحل الوحيد باش يفرغوا قلوبهم، والعنف ولى حياتهم اليومية. وإنتي لازمك تدافع على روحك. ضد الخنافس، ضد الوزغ، ضد الجرابع، وضد العدوانية اللي تغلي بين أربع حيطان. تلقى روحك مسجونة، موش كان بين الحيطان، أما في الهبال اللي يتولد من الصمت، ومن غياب الأمل
و ستانست
الڤرديانات في كل بقعة. يتدخلو في الشقيقة و الرقيقة، يفركسولك حوايجك و بدنك، يعطيوك أوامر سخيفة. يدخلوا في خصوصيتك، يفكروك كل لحظة أنك ما عادش حرة، وأنك ما عادش تتحكم في شيء. يعسو عليك، يردوك نومرو، شبح ما بين اشباح اخر
و ستانست
والريحة. الريحة اللي تلصق في جلدتك، واللي تدخل في الملاحف اللي ترقد عليهم، ريحة الندى، الوسخ، الاكتظاظ. حتى شي ما هو نظيف. تغسل مرة في الجمعة، الكلكم مع بعضكم كرداس على مرداس. الماء البارد ولى لوكس و الماء سخون ولى حلم. تغسل روحك ليه ليه، وكل مرة تحس أنك ما نضفتش
و استانست
و مع هذا الكل، هالجحيم اليومي، مازلت واقفة. راسك الفوق. رغم هذا الكل، مكبشة في عقلك. الحاجة الوحيدة اللي ما ينجموش ياخذوهالك. في الفوضى هذي، صنعت فضاء خاص بيك، ملجأ داخلي. هالتركينة اللي في مخك هي اللي مخليتك تقاوم وتعيش. متشبثة بالقوة اللي عندك. حد ما ينجم يفكهالك. كل يوم تلقى الوسيلة باش تقاوم، باش تبقى عايشة. خاطر في العالم هذا اللي سلب منك الحرية، قررت تحافظ على اللي يخليك سنية. لا تتقهر، لا تتكسر. باقي واقفة
هالجحيم ما خطرتوش، فرضوه عليك. هذا الكل خاطر قلت كلمة، خاطر قلت الحقيقة اللي الناس الكل توشوش فيها. خاطر قلت: هايلة البلاد
Ramla Dahmani Accent