Taoufik Baccar questionne la Banque centrale de Tunisie

DES MESSAGES À QUI DE DROIT

À la suite du débat suscité par la récente augmentation du taux directeur de la BCT et de la tendance encore baissière du taux de change du dinar, je voudrais adresser deux messages :

Le premier, à l’endroit des autorités et des services du FMI pour dire que l’ajustement dont l’économie du pays a grandement besoin, ne peut se faire uniquement à travers la sphère financière. Il s’agit là d’une solution de facilité en raison vraisemblablement du fait que les mesures relatives au taux directeur et du taux de change n’exigent pas le passage par l’ARP ou la procédure du consensus qui, je le dis sans détours, ne s’adapte pas à la logique économique. En effet, qu’attendre d’une dépréciation du dinar lorsque la production est en panne et l’exportation ne peut suivre ? Qu’attendre d’une hausse du taux directeur et partant, du TMM au niveau de la maîtrise de l’inflation, lorsque celle-ci est nourrie par la dépréciation du dinar et lorsque l’économie parallèle atteint les niveaux qu’elle connaît en Tunisie aujourd’hui et qu’elle domine une partie du marché local.

Le second à l’endroit des analystes, suite à leurs réactions médiatiques qui m’amènent à poser la question suivante : pourquoi la BCT n’accompagne pas ses décisions par la publication de la note de conjoncture qui justifie cet ajustement ? Ce vide concourt à des spéculations par les divers intervenants et à des propositions qui contreviennent à la transparence et à l’orthodoxie du marché : taux différencié pour l’investissement, bonification etc. Néanmoins, d’autres solutions sont à explorer comme le plafonnement du taux d’usure pour certaines catégories de crédits ou l’extension du bénéfice du taux fixe dans le secteur de l’habitat, aux crédits dont la maturité est inférieure à 15 ans (10/12 ans).

Taoufik Baccar , ancien ministre des finances , ancien gouverneur de la BCT et actuel président du CIPED