Virus West Nile : pourquoi les autorités font la sourde oreille aux compétences tunisiennes ?

Mahjoub Ouni

Ces derniers jours, on parle beaucoup dans les Médias d’une épidémie du virus West Nile.

Il faut relativiser. La situation n’est pas alarmante et il ne s’agit pas d’une épidémie. Il y a un ou deux foyers qui se déclarent de temps en temps et le virus circulant est bien suivi par les équipes de recherches et la prise en charge des cas est bien suivie et maîtrisée .
En plus ce virus est souvent rencontré dans plusieurs pays.
Moi je profite de cette mobilisation pour alerter les responsables. J’aime bien dire aux responsables de la veille sanitaire qu’il y’a des chercheurs en Tunisie qui travaillent sur ce virus et que leurs travaux sont publiés, échangés et cités à l’échelle internationale. Pourquoi on ne les consulte pas et on n’évoque pas leur travaux dans le cadre du suivi et de la surveillance des maladies émergentes.
Les travaux des chercheurs dans les laboratoires universitaires sont diversifiés et touchent toutes les facettes du contrôle épidémiologie (diagnostic, prévention, tendance évolutive en plus du traitement). J’ajoute que la majorité de ces travaux ont été réalisés et se réalisent avec des docteurs et doctorants en biologie et qui sont actuellement en tête des listes des diplômés chômeurs.
Beaucoup de travaux se font dans ces structures et aucune valorisation n’a vu le jour. Les résultats de ces recherches sont visibles et accessibles si on veut les valoriser et si on veut les appuyer.
Les chercheurs n’attendent qu’à être interpellés pour leur intégration dans les projets fédérés. J’ai frappé à plusieurs portes mais sans suite.
Dans le cadre du sujet sur le West Nile, notre laboratoire à la Faculté de pharmacie de Monastir avec d’autres laboratoires à Pasteur et l’IRVT ont des données relatives à l’évolution de ce virus depuis 1997 date de la première déclaration du premier foyer à Mahdia et en 2003 dans d’autres régions. Nos travaux qui sont suivis à l’étranger alimentent les observatoires internationaux et donnent une bonne impression de l’état d’avancement et d’investigation épidémiologie. Ils savent qu’en Tunisie il y a une transparence dans le secteur épidémiologique et cela est très important pour montrer que la Tunisie n’est pas une boîte noire.
Il faut qu’à l’ intérieur du pays on s’intéresse à ce que nos chercheurs sont entrain de faire. Il faut suivre ce qu’ils font dans leurs laboratoires et il faut faire appel à eux pour bâtir une stratégie nationale où on conjugue nos efforts pour une meilleure prise en charge et une réelle surveillance.
Pareil pour d’autres virus et je ne site que le cas du virus de l’hépatite A, puisque ce sont les thèmes de recherches de mon Laboratoire de Virologie à la Faculté de pharmacie de Monastir.
Je profite de cette occasion pour inviter tous ceux qui veulent assister à la soutenance d’une thèse sur :’le virus West Nile , qui sera présentée prochainement par Mlle Abir Monastiri le 23 octobre à l’SBM sous ma responsabilité.

Professeur Mahjoub Ouni ,ancien recteur de l’Université de Monastir et actuel recteur de l’Université virtuelle