Zohra Driss ou le mariage avec le Cancer

Cet article m’a été inspiré par la réunion à Sousse , il y a quelques petits jours des tabalas et zakaras et rakkasas pour la constitution d’un nouveau parti dirigé par l’illustre Youssef nouveau pion de Karadhoui . Mme Zohra Driss était de la fête. L’idée m’était venue pour faire le portrait de cette « Marianne de la République » représentative de ces Hommes d’affaires qui se sont retrouvés une âme révolutionnaire dans la Tunisie de la barouita.
2011, 2012 et même les tous premiers mois de 2013, c’était tout juste hier. Malheureusement pour beaucoup, et je me rappelle de la tourmente névrotique dans laquelle étaient plongés beaucoup d’hommes d’affaires , pour qui la couverture douillette de Ben Ali leur a été subitement retirée. N’étant pas habitués à se prendre en charge, ils regardaient terrassés l’anarchie qui a régné tout au long de l’année 2011 et 2012. Il n’y avait plus d’Etat et le RCD était dissout. Un peu réveillés, ils s’étaient mis à se débattre comme le coq égorgé, car le racket islamiste nahdhaoui commençait à leur tomber sur la tête. La famille Driss faisait partie du lot. Comme il fallait tâter le terrain, les prestigieux hôtels de la chaîne Marhaba de la famille Driss, sont devenus la qaaba de tous les mouvements politiques et des médias. Il fallait savoir sur quel pied danser. Seulement, il était évident en ces temps d’effritement et de « cacophonie »des partis politiques, que la secte islamiste Ennahdha avait le vent en poupe. Comme beaucoup, on mit les mains dans les poches espérant avoir sa bonne grâce et l’absolution tout en remplissant quelques autres paniers, qui sait. Et voilà avec cette secte ayant usurpé tous les pouvoirs , des hommes d’affaires arrêtés, des hommes d’affaires interdits de sortir à l’étranger, des hommes d’affaires rackettés et menacés de confiscation de leurs biens, des hommes d’affaires menacés de faillite, c’était la panique et tous faisaient le dos rond. C’était de nouveau la tourmente et les flirts par ci par là à gauche et à droite, jusqu’à ce que le beau Zoro est arrivé sans se presser portant allègrement un siècle sur les épaules. Sa force c’était qu’il a toujours été dans le pouvoir ou dans son enceinte ou dans celle de l’opposition démocrate du groupe MDS . De grâce en disgrâce, il a connu les deux faces de l’iceberg. Il avait son charisme, son carnet d’adresses et ses entrées dans les méandres institutionnelles et le phénomène bureaucratique de Max Weber et de Nikos Poulantzas et il résista à Ennahdha au grand bonheur de ce gaillard providentiel qui en connait les rouages. Bref, Nida Tounes émergeât.

Ouf, se dit la famille Driss. Et voilà ses membres accoururent rattraper le train en marche tiré par la locomotive Bajbouj de peur que ses portent ne se ferment. Zohra Driss fit son apparition. On ne lui connaissait pas un quelconque parcours en politique. C’était si M’Hamed le père, un militant destourien de la première heure qui épargnait à ses enfants les vicissitudes de la politique. Il était la pierre angulaire de la dynamique destourienne à Sousse et même dans la région du Sahel. C’était un battant en politique et en affaires où il a construit un empire. Il était d’une grande notoriété au point que son nom s’était lié à la ville de Sousse.
Habituée à la facilité de la vie où le paternel a tout assuré, Zohra s’est engagée à Nida Tounes quand déjà beaucoup de choses ont déjà été faites dans les coulisses et que l’onde de choc commençait à ébranler les murs de Montplaisir. Mais, il faut avouer que dans son engagement elle n’a pas lésiné ni en effort ni en moyens.
Sousse, le Sahel sont sortis de l’étau islamiste nahdhaoui. Cela a rejailli sur tout le pays. Ennahdha n’a pas digéré la défaite électorale de 2014 dans cette région, et la punition des trouble fête ne s’est pas faite attendre. Elle l’a été par les mains des terroristes et dans le sang.
Au niveau du parti, Zohra Driss était encore attachée à Nida surtout quand celui-ci commençait à être déserté par les éléments opposé à Hafedh Caïed Essebsi. Ce dernier est devenu le chouchou de Zohra Driss surtout quand il se rapprocha du gourou Rchouda el Ghali. Il était courtisé, dorloté, les tapes sur le dos, une bise par ci une bise par là, un copieux dîner à chaque fois que l’occasion se présente quitte à la créer. Dans la région elle défendait Hafedh bec et ongle et la démobilisation dans la section régionale du parti qui s’en est suivie ne l’a pas du tout dérangée. Le vide l’arrangeait. Les municipales étaient menées bras dessous bras de dessus avec les nahdhaouis et les listes indépendantes des militants du Nida qui n’approuvaient pas ce mariage contre nature ne l’ont pas poussée à plus de retenue, au contraire, c’était avec arrogance qu’elle les a traitées. La liste « Sousse pour tous » en connait quelque chose. La duchesse n’a pas admis la révolte de ses serfs. Dans le conseil municipal de Sousse, la lune de miel continue de plus belle car il fallait préserver les intérêts actuels et futurs de la famille , même si cela devait être par de vils marchandages.
Mais voilà que que Hafedh n’est plus sous les feux de la rampe et que le centenaire a commis le sacrilège de reprendre ses gans et de remonter sur le ring. Ennahdha est un danger pour la Tunisie et pour la femme tunisienne, il ne fallait pas que cette secte hypothèque l’avenir du pays pour des années encore. Ah cheïkha Zohra est de nouveau désorientée ! Et les intérêts de la famille ? Comment les défendre surtout avec la déconfiture de Nida et son divorce avec l’épouvantail ? Dans cette tourmente, surgit un chérubin qui choisit de s’alimenter au biberon islamiste et de dormir au rythme des berceuses débitées par la douce voie de tonton Rchouda. Pourtant Nida Tounes avait voulu en faire un adulte capable de prendre le gouvernail pour éviter au bateau de chavirer. Sans envergure, sans soutien potentiel pour ses grandes ambitions, il déserta le ring pour se cacher sous la couverture Nahdhaoui. Les Américains ne donnent pas le coup de pouce à un frondeur patriote. Dans cette Tunisie, la fronde et la hargne sont devenues l’apanage des vieux « foukhar nass bikri » que le temps n’a pas usé et qui gardent encore un zest séducteur auprès de la femme tunisienne, digne et brave que les morveux et les Babbouchs bou massa répugnent. La femme tunisienne sera autour de si Béji et non autour de Chahed.  Zohra Driss n’est nullement son modèle. Elle choisira l’assurance de la fidélité à la frivolité d’un Marzouki new look qui la sacrifierait à Dracula avec celle qui a déjà goûté à sa morsure.

Trois grandes raison expliquent l’engagement de Zohra Driss dans l’alliance : Chaded / Rchouda

1- Cette dame semble encore traumatisée par l’opération terroriste qui a ciblé son hôtel . Une alliance même indirecte avec les islamiste d’Ennahdha la prémunirait de sa réédition, devrait-elle se dire.
2- Ennahdha est pour elle fréquentable. La déréglementation de l’économie par l’élimination de toute intervention de l’Etat l’arrange. Cela favoriserait les projets immobiliers actuels et futurs de la famille et éventuellement le changement de la vocation des immeubles touristiques à la faveur de la promotion immobilière. D’ailleurs, Zohra Driss a bien déclaré qu’elle n’avait pas de problème avec les frères musulmans sur le plan économique. Pourtant, on ne connaissait pas à Si M’Hamed Driss un flirt quelconque avec les frères musulmans.
3- Zohra et Chahed son liés par l’ingratitude mutuelle envers leur géniteur. Par ailleurs, Youssef Chahed, en plus de la couverture nahdhaoui qu’il croit offrir, est lui aussi pour le libéralisme économique sauvage et aveugle  et surtout pour l’ALECA qui livrerait totalement le pays à la communauté européenne ce qui ouvrirait des perspectives pour la vente ou la location des unités hôtelières de la famille à des investisseurs européens. L’alliance de Youssef Khaznadar avec Rchouda Karadhaoui est pressentie par des tocards comme pouvant constituer un bloc politique voué à dominer la scène politique. Pour les poltrons, il faut toujours être du côté du plus fort. ELLI YE7SEB WA7DOU YOUFDHOLLOU. Ainsi, pour Zohra il n’y a que pour la famille, toujours la famille et rien que la famille. La ville de Sousse, ses quartiers populaires, la région du Sahel, le pays, le sort de la femme tunisienne, elle n’en a rien à cirer comme pour Yousef Khaznadar. Par le truchement de l’alliance avec Chahed et Ghannouchi, arriver à avoir le duché de Sousse même sous suzeraineté nahdhaouie n’est pas une si mince affaire.

Quand Zohra Driss se rendrait compte qu’on ne peut vivre longtemps avec le cancer, se serait trop tard et se sont les pompes funèbres qui frapperaient à la porte. Car, la seule alliance indéfectible du cancer est celle avec le croque-mort. Mon dernier conseil à Zohra Driss, c’est de fournir un petit effort et de se documenter sur l’Islamo fascisme.

Mounir Chebil