Yémen : Je suis désolé de vous informer qu’Amal Hussein est décédée

Le Yémen fait aujourd’hui face à un véritable crise alimentaire en conséquence de la sale guerre menée par le royaume des Saouds . Au Yémen, 1,8 million d’enfants de moins de cinq ans font face à une malnutrition aiguë et 400.000 enfants sont touchés par une malnutrition extrêmement aiguë.

Sa photo, difficilement soutenable, est devenue le symbole de la famine et de la guerre au Yémen. Amal Hussain, 7 ans, dont le cliché avait été publié par le New York Times pour alerter sur la situation qui touche le pays depuis 2015, est décédée de malnutrition, a annoncé le quotidien vendredi 2 novembre.

La petite fille, recroquevillée sur un lit d’hôpital, avait fait la Une du quotidien américain. Elle avait été censurée un temps par Facebook en raison de sa nudité.

« Mon cœur est brisé »

« Je suis désolé de vous informer qu’Amal Hussein est décédée », a tweeté jeudi 1er novembre le responsable de l’édition internationale du journal américain, Michael Slackman

« I am sorry to report that Amal Hussain is dead. The 7-year-old, featured in a searing photograph by @tylerhicksphoto, died from malnutrition caused by the Saudi led war against Yemen. “My heart is broken,” her mother said. » Amal Hussain

« Mon cœur est brisé, a déclaré sa mère, Mariam Ali, au New York Times. Amal était toujours souriante. Maintenant, je suis inquiet pour mes autres enfants. »

Selon l’ONG britannique Save the Children, la petite fille est l’une des cinq millions d’enfants yéménites victimes de la famine provoquée par la guerre des Saouds au Yémen .

Une triste célébrité en vérité: la photographie était issue d’un reportage sur la famine au Yémen. Aux côtés de Shaher al-Hajaji, 3 ans, Wadah Askri Mesheel, 11 mois, et d’autres enfants, Amal Hussain incarnait, avec son corps d’une maigreur absolue, la « famine géante et imminente » décrite par l’ONU dans un pays en proie à la guerre depuis quatre ans.

« Je m’inquiète pour mes autres enfants »

« J’ai le coeur brisé », a confié sa mère, Mariam Ali, au New York Times. « Amal était toujours en train de sourire. Maintenant, je m’inquiète pour mes autres enfants », a-t-elle dit.

A la sortie de l’hôpital, son état s’était rapidement détérioré. Une médecin avait encouragé sa famille à se rendre dans un hôpital de Médecins sans frontières à environ 25 kilomètres, mais les parents n’en avaient pas les moyens. Amal Hussain est morte dans un camp de réfugiés, à quelques kilomètres de l’hôpital d’Aslam.

Bientôt , 14 millions au bord de la famine

Au Yémen, des scènes « à briser le cœur ». Tels sont les mots employés, vendredi 2 novembre, par Geert Cappelaere, directeur du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour le Moyen-Orient, pour parler des enfants décharnés dans des hôpitaux de la ville portuaire d’Hodeïda ainsi que dans la capitale Sanaa. Deux théâtres de combats entre les insurgés houthis et la coalition menée par l’Arabie saoudite.

« Nous avons des preuves qu’au Yémen, toutes les dix minutes, un enfant de moins de cinq ans meurt de maladies qui peuvent être soignées et de malnutrition aiguë sévère », a déclaré Geert Cappelaere, d’Hodeïda. Selon les Nations unies, environ 14 millions de personnes, soit la moitié de la population du Yémen, pourraient bientôt se retrouver au bord de la famine.

Déjà 1,8 million d’enfants sont malnutris et plus de 400 000 d’entre eux souffrent de malnutrition aiguë sévère, a déclaré le directeur de l’Unicef pour le Moyen-Orient. « Mais il y a plus. De nombreux enfants meurent de maladies évitables par la vaccination. Aujourd’hui, au Yémen, seuls 40 % des enfants sont vaccinés », a-t-il poursuivi.

La rougeole, le choléra et la diphtérie peuvent être mortels pour les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, notamment en cas de malnutrition.

Blocages à Hodeïda, point d’entrée majeur des marchandises au Yémen

Selon Geert Cappelaere, « à cause de cette guerre cruelle, à cause d’obstacles et d’obstructions qui sont faites, il n’est malheureusement pas possible de faire grand chose de plus ». « Nous ne sommes peut-être pas encore au niveau de la famine mais nous ne devrions pas attendre [de l’]avoir déclaré[e] pour avancer et faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles mettent fin à cette guerre insensée », a-t-il ajouté.

L’émissaire de l’ONU, Martin Griffiths, a pour objectif d’organiser des pourparlers de paix ce mois-ci afin de rechercher un cessez-le-feu au Yémen. Dans le même temps, des combats font rage depuis jeudi à Hodeïda entre les rebelles houthis et les forces progouvernementales qui ont mené des dizaines de frappes aériennes sur cette ville portuaire.

Ces affrontements ont pour conséquence de bloquer la circulation des marchandises. Ainsi, sept camions transportant du matériel médical et des médicaments vitaux ont été bloqués dans le port de la ville pendant deux semaines, en attente de dédouanement après leur déchargement, a précisé Geert Cappelaere. Les autorités houthies ont donné leur feu vert, vendredi, au départ des camions et les marchandises vont être distribuées, a déclaré une porte-parole de l’Unicef.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un appel à l’arrêt des combats au Yémen, parlant d’un pays « au bord du gouffre ». « Sur le plan humanitaire, la situation est desespérée. Nous devons faire tout notre possible pour empêcher que les conditions déjà désespérées ne se détériorent encore », a-t-il dit devant la presse.

Depuis l’intervention en mars 2015 d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite en soutien à un gouvernement yéménite fantoche , le conflit a fait selon les Nations unies pplus de 10.000 morts (voire cinq fois plus selon certaines ONG), en majorité des civils, et provoqué la pire crise humanitaire au monde.

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