Yémen : A la famine et le choléra s’ajoute le manque d’eau potable

La pénurie et la cherté de l’eau potable, notamment dans la capitale Sanaa, est l’une des causes des épidémies de choléra régulières qui frappent le Yémen, a indiqué jeudi à Paris la cheffe de mission yéménite de l’ONG Médecins du Monde (MDM), Wafa’a Al-Saidy.

Ravagé par une guerre civile depuis 2014, le Yémen fait actuellement face à une pénurie d’eau potable. L’ONG Médecins du monde dénonce une situation insoutenable pour les habitants.

Sanaa, la capitale du Yémen, doit actuellement faire face à une pénurie d’eau potable, selon Wafa’a Al-Saidy, chef de mission yéménite de l’ONG Médecins du monde.

«Sanaa est l’une des villes les plus menacées au monde d’une coupure d’eau définitive. Le risque est immense, tous les experts s’accordent à le dire», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Paris.

Envolée des prix et choléra, la pénurie d’eau aggrave les souffrances du Yémen

L’accès à l’eau potable à Sanaa était déjà compliqué avant le déclenchement des hostilités. Cette situation désastreuse est rendue d’autant plus difficile par le doublement de la population de la ville depuis le début du conflit. La guerre au Yémen aurait fait 3,3 millions de déplacés intérieurs depuis 2014, selon Action contre la faim.

«Les ressources en eau diminuent, la demande grimpe», a déclaré Wafa’a Al-Saidy. «Les prix s’envolent», s’alarme-t-elle, faisant également état de «pénuries de carburant».

Selon elle, «la majorité des résidents de Sanaa doivent acheter de l’eau à des fournisseurs privés qui livrent par camions-citernes». A titre d’exemple, elle et sa famille doivent acheter deux citernes par mois, pour l’équivalent de 40 dollars. Une somme considérable dans un pays où le salaire moyen ne s’élevait qu’à 87 dollars par mois en 2016.

Selon l’humanitaire, la pénurie d’eau serait encore plus grave dans les campagnes, où les habitants en sont réduits à creuser des puits pour accéder à une eau insalubre.

Elle a assuré que sa famille, installée à Sanaa, doit acheter au moins deux citernes d’eau potable par mois, payées l’équivalent de 40 dollars pour trois mille litres. « Nous organisons des campagnes de prévention du choléra, nous disons aux gens qu’il faut se laver les mains », a-t-elle dit.

« Ils nous répondent: Nous le savons, mais nous n’avons pas d’eau. Alors nous revenons sans cesse dans vos hôpitaux, atteints du choléra ».

« Un homme m’a dit: Le prix d’un camion citerne est le double de ce que je touchais en salaire, quand j’en touchais un, ce qui n’est plus le cas. Comment voulez-vous que j’apprenne à mes enfants à se laver les mains ? »

La pénurie d’eau potable est encore pire dans les campagnes, où les résidents doivent creuser des puits de plus en plus profonds, pour y trouver une eau sale, a-t-elle encore indiqué.

Outre une envolée des prix, cette rareté de l’eau serait l’une des causes de l’épidémie de choléra qui frappe le pays, selon Wafa’a Al-Saidy. «Nous organisons des campagnes de prévention du choléra, nous disons aux gens qu’il faut se laver les mains», dit-elle, «ils nous répondent : nous le savons, mais nous n’avons pas d’eau. Alors nous revenons sans cesse dans vos hôpitaux, atteints du choléra». Selon l’OMS, l’épidémie de choléra aurait déjà causé la mort de près de 2500 personnes. L’ONG aurait également rapporté 1,2 millions de cas suspects.

Le conflit au Yémen, où l’Arabie saoudite mène une coalition militaire régionale depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts, et trois millions de déplacés, d’après les Nations unies. Il s’agit de «la pire catastrophe humanitaire actuelle» selon l’ONU.

Selon Action contre la faim, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays atteint 3,3 millions. Environ 1,2 million de cas suspects ont été rapportés, selon l’OMS.