Le vice président américain, en tournée au proche orient, boycotté par les palestiniens

Le vice-président américain Mike Pence a rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi samedi 20 janvier au Caire lors de son premier déplacement au Proche-Orient, une tournée sous tension après la décision controversée de Donald Trump de reconnaître Jérusalem occupée comme capitale d’Israël.

L’avion du vice-président a atterri peu après 15 h 30 locales (8 h 30, heure de l’Est). M. Pence, accompagné notamment de son épouse Karen, a rencontré le président Abdelfattah Sissi au palais présidentiel.

Lors d’une conférence de presse conjointe, les deux dirigeants n’ont cependant pas voulu répondre aux questions pressantes des journalistes qui voulaient savoir s’ils avaient parlé de la décision américaine de reconnaître Jérusalem et du gel de fonds américains à l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Le président Sissi a affirmé lors de la rencontre « son soutien au droit du peuple palestinien à établir un Etat indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est », a indiqué de son côté la présidence égyptienne dans un communiqué.

Arrivée en Jordanie

Le vice-président américain Mike Pence est arrivé samedi soir en Jordanie après sa visite en Egypte lors de son premier déplacement au Proche-Orient.

Selon des journalistes sur place, M. Pence est arrivé en soirée à Amman où il doit rencontrer dimanche le roi Abdallah II.

Boycott palestinien 

En réaction à l’annonce américaine sur Jérusalem, qui a provoqué un tollé général dans la région, les Palestiniens clament que les Etats-Unis ne peuvent plus prétendre à un rôle de médiateur dans le processus de paix que Donald Trump rêvait de relancer.

Ils ont fait savoir qu’ils boycotteraient la visite de Mike Pence, qui ne rencontrera pas le président Mahmoud Abbas, contrairement à ce qui était initialement prévu en décembre.

Le statut de Jérusalem est l’une des pierres d’achoppement du processus de paix avec Israël, au point mort depuis 2014. Les Palestiniens entendent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. La partie orientale de la ville sainte est occupée par Israël qui l’a annexée, une annexion jugée illégale par l’ONU.

Les relations entre Washington et les Palestiniens ont encore été aggravées par la décision des Etats-Unis, cette semaine, de « geler » plus de la moitié de leurs versements prévus à l’UNRWA. Cette agence aide les plus de cinq millions de Palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les Territoires, en Jordanie, au Liban ou en Syrie, depuis la création de l’Etat d’Israël et les conflits qui ont suivi.

Prudence égyptienne

La décision américaine sur Jérusalem occupée avait provoqué des manifestations dans de nombreux pays arabes et musulmans, dont l’Egypte, où le grand imam de l’université Al-Azhar a annoncé en décembre son refus de recevoir M. Pence.

Le pape des coptes (chrétiens) d’Egypte, Tawadros II, a lui aussi refusé de rencontrer le vice-président américain, arguant que M. Trump a « fait fi des sentiments de millions d’Arabes ».

Mais les régimes arabes alliés de Washington sont tiraillés entre leur opinion publique hostile et leur puissant partenaire américain. C’est le cas notamment de l’Egypte et de la Jordanie, qui ont établi des liens géopolitiques ou de dépendance financière vis-à-vis de Washington. L’Egypte qui a connu la destitution de deux présidents depuis 2011 se trouve en proie à une crise économique aiguë.

L’aide militaire américaine, qui atteint 1,3 milliard de dollars par an, est jugée cruciale par le régime de M. Sissi d’où la réaction prudente du Caire à l’annonce d’un futur transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem: l’Egypte avait alors estimé que ce choix risquait de « compliquer » la situation.

Après l’Egypte, et la Jordanie, le vice-président américain doit se rendre en Israël lundi et mardi pour des entretiens qui s’annoncent chaleureux avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin.

Toutefois, son discours au Parlement israélien sera boycotté par une coalition des partis arabes qui le qualifient d’homme « dangereux et messianique ».

Avec agences