Un nouveau rapport parlementaire contient des « preuves accablantes » pour destituer Donald Trump

Le patron de la commission du renseignement à la Chambre des représentants, l’élu démocrate Adam Schiff, affirme que l’enquête pour destitution a fait émerger des preuves « accablantes et incontestables » que le président américain a abusé de son pouvoir.

L’enquête en destitution contre le président américain Donald Trump a rassemblé des « preuves accablantes » de « conduite inappropriée » du président républicain, selon le rapport de la commission parlementaire qui a supervisé les investigations.

« L’enquête en destitution a montré que le président Trump, personnellement et par l’entremise d’agents dans et en dehors du gouvernement, a sollicité l’ingérence d’un pays étranger, l’Ukraine, pour favoriser sa campagne de réélection », selon ce rapport de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, à majorité démocrate.

« Le président a placé ses intérêts personnels et politiques au-dessus des intérêts nationaux, a cherché à miner l’intégrité du processus électoral américain et mis en danger la sécurité nationale », ajoutent les auteurs de ce rapport de 300 pages, qui doit servir de base à la rédaction des chefs d’accusation contre le président.

« L’enquête pour destitution a fait émerger des preuves accablantes et incontestables que le président Trump a abusé des pouvoirs de son mandat pour solliciter une ingérence étrangère dans notre élection pour ses gains personnels et politiques. Personne n’est au-dessus de la loi », a tweeté le député.

Evidence of Trump’s obstruction of Congress is overwhelming.

If we allow it to succeed, it will mean future presidents can simply ignore Congressional subpoenas & oversight,

Fundamentally altering the balance of power and paving the way for unchecked corruption and malfeasance.

« Les pères fondateurs ont prescrit un remède quand un chef de l’exécutif place ses intérêts personnels au-dessus de ceux du pays: la destitution », ajoutent-ils.

La Maison Blanche a immédiatement réfuté cette analyse. « L’imposture » de l’enquête en destitution n’a produit « aucune preuve » contre Donald Trump, a déclaré la porte-parole de l’exécutif Stephanie Grisham.

« Ce rapport ne reflète rien d’autre que les frustrations » des démocrates, il « se lit comme les divagations d’un blogueur de bas étage qui s’évertue à prouver quelque chose quand il n’y a clairement rien », a-t-elle ajouté.

Trump est dans la tourmente parce qu’il a demandé lors d’un appel estival à son homologue ukrainien d’enquêter sur le démocrate Joe Biden, un de ses adversaires potentiels à la présidentielle de 2020.

Pendant deux mois, la commission du renseignement de la Chambre a mené l’enquête pour déterminer s’il avait abusé de ses pouvoirs pour forcer la main à Kiev, notamment en gelant une aide de près de 400 millions de dollars destinée à ce pays en guerre avec la Russie.

Selon son rapport, il existe des « preuves accablantes » sur deux sujets: « le président a conditionné une invitation à la Maison Blanche et une aide militaire à l’Ukraine à l’annonce d’enquêtes favorables à sa campagne » et il a « entravé » les investigations.

Selon ce document, « aucun président n’a bafoué à ce point la Constitution et le pouvoir de supervision du Congrès ».

Le rapport doit être adopté dans la soirée par la commission du renseignement puis transmis à la commission judiciaire, qui entamera mercredi le débat juridique pour déterminer si les faits reprochés au président justifient une mise en accusation formelle.

Trump refuse de se rendre à une audition au Congrès

Le président américain était invité à se présenter devant le Congrès pour se défendre des accusations d’abus de pouvoir, corruption, entrave à la bonne marche du Congrès et entrave à la Justice à l’origine de la procédure de destitution ouverte contre lui.
Dénonçant une enquête « injuste », Donald Trump a refusé dimanche soir de participer à une audition au Congrès, qui marque le début d’une nouvelle phase dans la procédure en destitution ouverte à son encontre.

Procédure inéquitable

Après deux mois d’enquête, la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, entame cette semaine le débat juridique pour savoir si les faits reprochés au président sont suffisamment graves pour justifier la procédure « d’impeachment ».

Sa commission judiciaire doit donner le coup d’envoi à cette réflexion mercredi lors d’une audition avec des spécialistes de la Constitution. Elle avait invité Donald Trump à y « participer » soit en personne, soit par l’entremise de ses avocats ou en posant des questions écrites aux témoins. Dimanche soir, elle a essuyé un refus.

« Concernant l’audition du 4 décembre, on ne peut légitimement attendre que nous y participions, alors que les noms des témoins n’ont pas été rendus publics et qu’il reste douteux que la commission judiciaire offre une procédure équitable », lui a écrit l’avocat de la Maison-Blanche, Pat Cipollone.

« Mais si vous êtes vraiment décidé à superviser une procédure équitable à l’avenir, nous pourrions envisager de prendre part » à la suite de vos travaux, ajoute l’avocat.