Combien, j’aurais aimé t’avoir comme fils…

Souhayl Badra : une star est montée au ciel, là où elle s’est toujours sentie « At Home »

Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur ceux qui arrivent et encore moins sur ceux qui partent.
Pour ne pas avoir à ajouter de la tristesse à la tristesse et pour rappeler qu’ils ne sont vraiment pas fait de l’étoffe de l’éphémère.
La nouvelle du décès de Souhayl Badra, Commandant de Bord de TunisAir ( je ne veux pas mettre EX-COMMANDANT parce qu’il a aimé son métier au-delà de toute passion et de toute raison) m’a complètement bouleversé.
Et c’est parce que l’aviation relève de l’excellence qu’il a tenu à y exercer tous ses talents.
J’étais en France quand, Souhayl, le jeune post-adolescent encore fan de Johnny, de SLC et de guitare, prenait des cours de pilote privé. Il venait souvent me faire part de son rêve d’aviateur et de ses envies de crever les cieux.
Une fois même, il est venu me montrer une photo d’un avion de Mobutu mis en vente dans une revue spécialisée, un magnifique objet volant rutilant de bois noble marqueté, de chrome-miroirs et de pièces de bronze dignes du Yacht de la Reine Mère d’Angleterre .
Il voulait trouver un associé pour acquérir cette pièce extravagante et rare et lancer une compagnie de transport de VIP et de Super VIPs .
Quand je vous disais qu’il visait l’excellence…
Étant moi-même fan d’avions de la Belle Époque, je m’interdisais de briser ses rêves et nous fermions les yeux pour partir ensemble, lui comme pilote et moi, comme passager consentant vers des cieux où les poussières d’étoiles se ramassent à la pelle .
Souhayl, je n’ai pas admis ton départ…
Tu es de la race qui marque, à jamais, le ciel de ses empreintes…
Et quand la nuit, je regarderai le ciel, je sais que tu es pour quelque chose dans son allégresse et sa beauté.
Combien, j’aurais aimé t’avoir comme fils…

Wahid Ibrahim