Tunisie : la guerre des gangs

Abdessalem Laarif

Abdessalem Laarif

Il y a certainement plus de retenue dans mon imagination que dans la réalité des studios des chaînes de télévision et de radio dont je ne supporte plus le spectacle depuis déjà quelques années, que je boude avec obstination mais dont des bribes parviennent à mes oreilles très occasionnellement, soit dans un taxi, soit devant mon ordinateur par une sorte de carottage auquel je me livre parfois avec le sentiment d’une culpabilité de goût, sous l’insistance d’une annonce ou d’une image.
On l’aura compris du titre, elle est là et bien là. J’en avais relevé les signes avant-coureurs en parlant d’une république de bas-fonds, dans un post daté du 25 juillet 2016, aussi serai-je bref : La Tunisie, cette vache à lait, n’ayant plus grand-chose à offrir à ceux, sans toutefois oublier celles, qui ont fondu sur elle tels des rapaces affamés pour s’emparer de ses richesses et s’apprêtent à en faire autant de sa dépouille ne pouvaient faire exception à cette loi fondamentale du genre qu’est la sélection naturelle.
Cela commence par la remise en question d’un système de partage saturé entre des aventuriers de la politique et des chevaliers d’industrie où jouer des coudes ne suffit plus, alors, craignant d’en être éjecté, on tâte les branches porteuses et on élague. Pour ce faire, il est un outil auquel les préférences vont en premier lieu, l’affaiblissement par la dénonciation de l’acolyte devenu gêneur, ce qui n’est d’ailleurs pas le moins risqué quand, signe des temps, l’opinion publique est prise à témoin et quand le droit de réponse, une coquetterie de gangsters en l’occurrence, peut s’avérer tout aussi ravageur. A ce jeu, la mise c’est le tout pour le tout, le tapis, et, ainsi que vous l’aurez senti, non seulement au regard torve de l’un et froid de l’autre, mais surtout par les propos échangés et les personnes qui y ont été citées, les protagonistes de ce premier épisode se livrent une lutte à mort, sourde et révélatrice des remous qui agitent la mafia tunisienne ainsi que ses ramifications, politiques et terroristes en particulier.
Qu’aurais-je apporté que l’on ne sache déjà ? Ceci : Le système se reprend vite quand il y a péril en la demeure. Aussi, ne nous étonnons pas de voir sous peu les mêmes personnages se donner l’accolade devant les mêmes caméras et réciter avec une réelle émotion des textes bien appris, sous la férule de quelqu’un car, que ce soit ainsi ou sur un platane, le règlement d’un conflit de cette nature se fait toujours en liquide.

Abdessalem Larif