Tunisie : De la magie des systèmes complexes…

Je suis de plus en plus fascinée par l’étude des systèmes complexes . Et je trouve que mon pays est un exemple de choix dans ce domaine!
Un système complexe est un système dont le comportement ne peut être prédit par la somme des comportements de ses constituants. Une fourmilière par exemple est un système complexe. Un avion est un système compliqué mais pas complexe.
J’ai toujours été attirée par la complexité inabordable par les raisonnements simples et connus.
L’une des complexités que je vois dans notre réalité politique tunisienne, c’est la notion d’éthique qui crée carrément une contradiction que j’essaie de comprendre.
En effet, la majorité écrasante de nos compétences fiables et intègres ne veut pas s’impliquer en politique. Leur argument est en apparence infaillible: « le milieu politique est sale, plein de corrompus. Il est impossible de pouvoir travailler dans ce milieu en ayant à 100% les mains propres et la conscience tranquille « .
Personne ne peut dire le contraire et c’est valable n’importe où dans le monde.
Le problème c’est qu’en étant « à ce point » intègre au niveau de l’individu, on aboutit à une classe politique complètement corrompue! Donc en voulant au niveau de chaque élément d’une partie du système (compétences non corrompues) être « propre « , on aboutit à un système « complètement sale »!
D’où vient cette contradiction?
A mon avis, l’explication tient dans la définition même de l’éthique. L’éthique n’est pas une notion absolue, mais contextualisée . L’éthique sociale veut qu’il soit interdit de tuer quel qu’en soit la raison. Mais l’éthique de guerre ne l’interdit pas. Au contraire. Pour défendre son pays et son peuple, un soldat doit parfois tuer l’ennemi.
Idem en politique. Pour moi il y a une « éthique politique » qui se place entre l’éthique sociale et l’éthique de guerre. Il est vrai qu’elle est difficile à délimiter mais il faut au moins en être conscient. Et ce qui est encore plus complexe dans cette affaire, c’est que je pense que, contrairement à l’éthique sociale et l’éthique de guerre qui sont absolues, l’éthique politique évolue avec le temps et le contexte.
Notre contexte médiocre malheureusement fait qu’on sera obligés « de se salir les mains » plus que dans d’autres pays. Mais une fois cette étape passée et le pays remis sur les rails, on se rapprochera de plus en plus vers l’éthique sociale sans toutefois l’atteindre.
Pour ma part, je ne peux pas être en contradiction avec mon éthique (sociale). Mais celà ne m’empêche de penser que tout le monde ne doit pas être comme ça et qu’on a besoin de toutes les nuances de gris entre le blanc et le noir.
Tout celà doit bien sûr être cadré et respecter la déontologie et les lois universelles…. équation difficile!

Rim Kalaï-Jemai