Syrie : Moscou annonce un cessez-le-feu dans la province d’Idleb, Ankara dément

La situation est toujours aussi complexe à Idleb : Moscou a annoncé qu’un cessez-le-feu entre Damas et les combattants djihadistes avait été conclu, mais Ankara a de son côté déclaré qu’il n’était «pas possible» d’affirmer que cela avait été le cas.

Ultime grand bastion djihadiste du pays, la province d’Idleb, où Russie et Turquie soutiennent des camps opposés, demeure un casse-tête. Illustration parfaite de cette état de fait le 12 juin, alors que Moscou a annoncé dans la soirée qu’un cessez-le-feu avait été conclu entre les forces gouvernementales et les combattants rebelles.

«A l’initiative de la partie russe, avec la médiation de la Turquie et de la Russie, un accord de cessez-le-feu a été conclu dans la zone de désescalade d’Idleb à partir du 12 juin à minuit», a ainsi fait savoir le Centre russe pour la réconciliation des parties au conflit dans un communiqué. «En conséquence, une réduction significative du nombre de bombardements de la part des groupes illégaux a été constatée», poursuit le communiqué.

Les groupes djihadistes sont pour leur part appelés «à mettre fin aux hostilités et à progresser vers un règlement pacifique de la situation dans les zones qu’ils occupent». Or, c’est là que le bât blesse. Selon le Centre russe pour la réconciliation, «des groupes radicaux opérant dans la zone de désescalade, alliés au groupe terroriste Jabhat al-Nosra, ont refusé d’appliquer le cessez-le-feu et ont continué de mener des tirs d’artillerie massifs».

«Dans la nuit du 13 juin, les terroristes ont procédé à des tirs d’artillerie sur un poste d’observation des forces armées turques situé dans les montagnes du Djebel al-Zawiya dans la province d’Idleb», a expliqué le Centre russe, affirmant que le commandement turc lui avait alors demandé de «l’aider à assurer la sécurité de ses soldats et à effectuer des frappes contre les positions des terroristes».

«Avec les coordonnées fournies par la partie turque, les avions russes ont procédé à quatre frappes […], détruisant un important groupement de combattants», a pour sa part précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Pas encore de cessez-le-feu selon Ankara

Une version des événements à laquelle Ankara ne souscrit pas, puisque de son côté, les autorités turques ont accusé les forces armées syrienne d’être responsable de cette attaque, qui a blessé trois de ses soldats. «Nous pensons que c’était délibéré. Nous parlons de ce sujet avec la Russie. Si le régime continue ces attaques, nous ferons le nécessaire», a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, appelant Moscou et Téhéran, à prendre leurs «responsabilités».

La Turquie soutient par conséquent qu’«il n’est pas possible de dire pour l’instant qu’un cessez-le-feu total a été obtenu», rejetant la faute sur Damas. Malgré tout, Mevlüt Cavusoglu a tenu à souligner que Moscou et Ankara déployaient des «efforts sérieux et sincères» pour parvenir à un accord de cessez-le-feu.

Idleb fait l’objet depuis septembre 2018 d’un accord russo-turc sur la sécurisation d’une «zone démilitarisée». Conclue dans la ville russe de Sotchi le 17 septembre, cette initiative prévoyait, entre autres, la création d’une zone tampon de 15 à 20 kilomètres de large, en forme de fer à cheval, sous le contrôle conjoint de la Russie et de la Turquie, non seulement dans la province d’Idleb et des secteurs des régions voisines d’Alep, Hama et Lattaquié. Les djihadistes devaient se retirer, avec leurs armes lourdes, de façon à ne plus se mélanger aux populations civiles. Le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) avait toutefois jusqu’à présent refusé ces dispositions.

La tension est fortement montée dans la province, qui a fait office au cours du conflit syrien d’enclave accueillant des djihadistes battus dans d’autres régions. De nombreuses positions de l’armée régulière syrienne ont été la cible d’attaques d’envergure. En réaction, Damas, soutenu par la Russie, a intensifié ses ses bombardements dans la province.

Bien qu’elles soutiennent des camps opposés dans ce conflit qui a fait plus de 370 000 morts depuis 2011, la Turquie et la Russie poursuivent bon gré mal gré une coopération étroite sur ce dossier. Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Erdogan ont d’ailleurs prévu de s’entretenir sur le sujet en marge du G20 qui se déroulera au Japon les 28 et 29 juin.

Source : RT et agences