Syrie : l’attaque perverse

Ce n’est pas un hasard si l’attaque sioniste du 17 septembre contre la Syrie a pris pour cible la région de Lattaquié. Les Israéliens, à mon avis, visaient trois objectifs à la fois.

Le premier objectif était symbolique. Avec ce nouveau bombardement, Tel Aviv veut montrer à la face du monde qu’il est possible de frapper impunément le foyer historique de la Syrie souveraine. Un ministre sioniste proposait récemment de supprimer Bachar Al-Assad. A défaut, les forces israéliennes ont atteint sa région d’origine, cœur battant du baath’isme. On dira ce qu’on veut des sionistes, mais ils se trompent rarement d’adversaire. La Syrie, cet Etat souverain au nationalisme ombrageux, est plus que jamais dans la ligne de mire de l’entité-colon.

Le second objectif poursuivi par Israël était politique. L’encre de l’accord signé entre Moscou et Ankara n’était pas encore sèche que les missiles sionistes s’abattaient sur la Syrie. Au moment où la diplomatie russe évite un nouveau bain de sang, l’attaque israélienne entend démontrer que Moscou est incapable de résoudre pacifiquement la crise. Le temps court de la provocation militaire a percuté le temps long de l’intelligence politique. Ce n’est pas la première fois, et c’est même une spécialité de l’Etat-pustule.

Le troisième objectif poursuivi par Tel Aviv était militaire. En collant à un quadrimoteur à hélices russe, les F-16 ont délibérément provoqué l’accident fatal qui coûta la vie à 14 militaires. L’état-major israélien pourra dire qu’il n’y est pour rien, et se payer le luxe de ricaner de la défense aérienne syrienne, en omettant de dire, bien sûr, que cette dernière a abattu bon nombre de missiles ennemis. Cette fabrication d’un « tir ami » restera dans les annales comme un prodige de perversité. Mais avec les sionistes, pour ce qui est de la perversité, on n’est jamais au bout de ses surprises.

Bruno Guigue