Je suis horrifié par ce verdict et trop triste pour mon pays

 tristesseJe suis vraiment sous le choc après avoir appris que des responsables tunisiens sont traînés dans la boue pour des considérations politiciennes. Je ne citerai qu’un exemple sous forme de témoignage celui de si Habib Ben Yahia le grand ministre des affaires étrangères qui vient d’être condamné, malgré son âge, à 5 ans de prison ferme.

Je suis horrifié par ce verdict car cet homme patriote, humble et d’une grande compétence qui exerça 14 ans durant les fonctions de ministre des affaires étrangères et une décennie comme Secrétaire général de l’UMA, m’avait recruté un jour pour faire partie de cette prestigieuse institution qu’est le ministère des affaires étrangères. Il m’avait repéré dans une réunion et à la fin des travaux, il m’avait proposé d’intégrer le ministère.Je ne le connaissais pas auparavant.Ce fut le premier contact. Il ne m’avait pas demandé la région d’où je venais ni le nom des responsables que je connaissais éventuellement. Il avait juste exigé de voir les originaux de mes diplômes universitaires.

J’ai eu par la suite à voir l’homme à l’oeuvre et à apprécier son action, dans des réunions, des conférences et des sommets qui se terminaient parfois à 4H00 du matin et comment il défendait âprement les intérêts de la Tunisie et d’autres telle la cause palestinienne. Ce fut pour moi un moment mémorable à Addis-Abéba en 1995 quand si Habib Ben Yahia prenait la parole dans un anglais parfait tentant de renverser la vapeur et de faire adopter les résolutions sur la Palestine. Ce fut chose faite et la conférence, après un refus, a fini par entériner les propositions de si Habib au grand bonheur de Abou Ellotf, chef de la délégation palestinienne, arraché de toute urgence à son sommeil, car il était déjà 3h00 du matin.

A New York, à Vienne, à Genève, au Caire, à Rome ou à Paris, partout où il passait, si Habib laissait une bonne presse malgré l’animosité et les coups bas qu’il recevait de la bande des conseillers de Ben Ali. Tout cela a été occulté et aujourd’hui on juge cet homme d’Etat qui est à l’automne de sa vie comme un vulgaire délinquant. Je suis trop triste pour mon pays.

Ezzeddine Zayani