Souvenirs de Si Mohamed Sayeh . Paix à son âme

Un Souvenir de Si Mohamed Sayeh un 26 janvier 1978. Paix à son Âme.

Pour mon histoire mon souvenir de Si Mohamed Sayeh un 26 janvier, j’étais présent en tant que responsable syndical étudiants et gauchiste dès l’aube dans les artères principales de la capitale entre Tronja BA-B Soyka et Bab Bhar, il n’y avait ni prolétariat syndicaliste ,ni peuple organisé révolté, à part le petit rassemblement vite dispersé très tôt le matin devant la place Mohamed Ali et on était en majorité les étudiants première année ( des bleus révolutionnaires ) de la faculté de droit, il y avait aussi des groupes d’étudiants de toutes les universités dispersés dans la capitale . L’idée était d' »encadrer lé peuple révolutionnaire ». Entre BA-B Saadoun et BA-B Alkhadra, jusqu’au Passage, il y avait des hordes des jeunes de 15 à 30 ans qui viennent des quartiers les plus populaires de la banlieue Ouest . Ils cassent, brûlent et volent tout. Des visages de diables, j’ai vécu l’horreur avec les quelques camarades qui sont restés avec moi à la rue commerçante la rue de Madrid. Certains étudiants ultra gauchistes ont participé au saccage mais seulement les sièges du parti unique, j’ai assisté à la mise au feu de celui de la rue Madrid. Le désordre chaotique et les colonnes de fumée qui montaient le ciel de Tunis ont continué jusqu’à la fin de la matinée et puis un calme subite, plus rien, on dirait l’océan qui se retire après le passage du cyclone que j’avais vécu dans les îles caraïbes. Et d’un coup jusqu’à ce que nous nous trouvons seuls: des groupes d’étudiants faces au « Kodher » les milices du ministre de l’équipement Mohamed Sayeh, des bandits et voyous en uniforme, une chasse à l’homme des étudiants des coups de matraques des insultes des cris de jeunes étudiantes, des raffles musclés dans les cafés , c’était l’horreur jusqu’au déploiement de l’armée et l’application du couvre feu vers 17 heure. L’histoire jugera. Personnellement si j’avais à choisir entre lui et Mohamed Mzali, je choisis Mohamed Sayeh, à ma connaissance il était resté un bourguibiste pur et dur et on connaît pas chez lui des faiblesses pour les frères musulmans ou les pays wahhabites. Quand j’avais quitté le syndicalisme étudiants clandestin d’extrême gauche gauche en 1981 et l’avènement des frères musulmans dans l’université, ma position était claire : si j’étais contraint de choisir et que je n’avais plus le choix que de choisir la dictature islamiste de Ghannouchi ou la dictature du parti destourien de Mohamed Sayeh , je n’aurais pas hésité un seul instant pour devenir le soldat de Mohamed Sayeh contre l’obscurantisme wahhabite. C’était ma position d’hier et connue de tout le monde. Elle est aussi celle d’aujourd’hui
Allah yarhmou.

Mohamed Hafayedh

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Souvenir personnel avec Si Mohamed Essayyah!

J’avais 17 ou 18 ans et j’étais une vraie tête brulée. Un jour, Si Mohamed est venu rendre visite à Zéramdine pour assister ou présider une réunion de la Cho3ba (cellule destourienne). J’ai préparé un discours et je suis allé assister à cette réunion pour interpeller Si Sayyah. Plusieurs personnes sont passées avant moi. Leur discours était le même (nochkrou siyyedet errais, sallem ala Sidi errais, ya7ya Bourguiba etc etc). Puis, on m’a passé le micro et j’ai commencé mon discours, un discours « mathroub bessaffoud » d’un jeune gauchiste et idéaliste avec attaque en règle contre le gouvernement, les lois 70 etc!
Des « lahhassas » de l’époque ont tenté de m’empêcher de le finir mon speech craignant que Si Essayyah s’énerve et quitte les lieux. Ce n’était pas du tout son attitude! Au contraire, il avait ordonné de me laisser faire jusqu’au bout puis avait demandé mon texte « pour le publier » dans le journal du parti (il n’a jamais été publié bien sur). Dans ses réponses, Si Essayyah m’avait couvert d’éloges ( haw echabeb!, yezzina mechakrane, matkhafouch etkalmou, errais ya7rass 3ala echabeb, ..). Bref, d’un banni, je me suis transformé l’espace d’une soirée en un héros (toz) félicité par tous les présidents des cellules qui n’osaient même pas parler du soleil et du beau temps sans demander l’autorisation de la Direction du parti.
Malgré la gentillesse de circonstances de Si Mohamed, il n’avait pas réussi pour autant à faire de moi un allié, au contraire! Cependant, je soutiens qu’il fut un vrai animal politique.
C’est en apprenant sa mort que je me suis rappelé cette scène. Paix à son âme et condoléances à sa famille!
!..AH..!

Ali Gannoun