Soudan : les militaires et l’opposition trouvent un accord sur l’instance de transition

Après des mois de tensions au Soudan, les deux camps, civils et militaires, se sont finalement accordés sur leur principal point de contentieux : la direction du Conseil souverain sera alternée jusqu’à la tenue des élections, dans trois ans. Le fruit d’une médiation de l’Ethiopie et de l’Union africaine.

Le médiateur de l’Union africaine a annoncé que les militaires soudanais et les représentants de la contestation avaient trouvé un accord vendredi pour une direction « alternée » de l’instance qui dirigera la transition pendant trois ans.

Les généraux au pouvoir au Soudan et les chefs de la contestation sont arrivés à un accord, vendredi 5 juillet, concernant l’instance qui doit diriger la période de transition à venir, après des semaines d’un bras de fer politique.

Grâce à une médiation de l’Éthiopie et de l’Union africaine (UA), les deux camps se sont finalement accordés sur leur principal point de : la direction du « Conseil souverain », l’instance qui doit superviser la période de transition.

Le Conseil militaire qui dirige le pays et l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, « se sont mis d’accord » pour une direction « alternée » de cette instance qui va diriger une période de transition d’environ trois ans, a annoncé en conférence de presse le médiateur de l’Union africaine, Mohamed El-Hacen Lebatt.

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18 mois de présidence des militaires

Il n’a pas détaillé le mécanisme utilisé. Mais selon un plan de transition établi par les médiateurs, l’instance devait initialement être présidée par un militaire pendant 18 mois, avant qu’un civil ne prenne la relève jusqu’à la fin de la transition. Le conseil sera composé de six civils, dont cinq issus de l’ALC, et de cinq militaires, avait annoncé à l’AFP un leader de la contestation, Ahmed Rabie.

Les deux camps se sont aussi mis d’accord pour « une enquête minutieuse, transparente, nationale et indépendante, sur les différents incidents violents malheureux qu’a connu le pays ces dernières semaines », a souligné Mohamed El-Hacen Lebatt. La contestation réclamait une enquête indépendante et internationale sur la dispersion du sit-in le 3 juin, ce que les généraux ont refusé après avoir mis sur pied leur propre comité d’investigation militaire.

Enfin, généraux et contestataires ont accepté de « retarder » la mise en place d’un « conseil législatif », qui doit faire office de Parlement de transition, jusqu’à ce que soit installé le conseil souverain et un gouvernement civil.

Cet accord « n’excluera personne »

Les discussions entre les deux camps avaient repris mercredi dans un hôtel de la capitale, Khartoum, après avoir tourné court le 3 juin suite à l’assaut conduit par des membres des services de sécurité contre un campement installé par des manifestants devant le ministère de la Défense qui aurait fait plus de 30 morts.

Avant cette impasse dans les pourparlers, armée et opposition s’étaient entendus sur le principe d’une période de transition de trois ans, sans parvenir à un accord sur la répartition des responsabilités entre civils et militaires.

Le numéro deux du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo, surnommé « Hemeidti », a salué l’accord en prenant la parole après le médiateur. « Nous voulons rassurer toutes les forces politiques (…) et tous ceux qui ont participé au changement », a-t-il dit. « Cet accord sera complet, il n’exclura personne et inclura toutes les ambitions du peuple. »

Par ailleurs jeudi, 235 membres d’un groupe rebelle du Darfour (ouest), « l’Armée de libération du Soudan », une faction qui fait partie de l’ALC, ont été libérés d’une prison d’Omdourman, ville voisine de Khartoum. Ils ont été accueillis par leur famille, après une « amnistie » prononcée par le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane.

Avec agences