Des secrets de Donald Trump sur les étalages : « Fire and Fury: Inside the Trump White House »

Le livre du journaliste Michael Wolff « Fire and Fury: Inside the Trump White House » (« Le feu et la colère, dans la Maison Blanche de Trump« , disponible seulement en anglais ) défraie la chronique et était en tête des ventes pour sa parution vendredi 5 janvier, selon le site Amazon, relançant le débat sur la personnalité du dirigeant de la première puissance mondiale.

La mise en vente du livre explosif de Michael Wolff sur la «Maison Blanche Trump», initialement prévue mardi 9 janvier, a été avancée à vendredi 5 , malgré les multiples tentatives de Donald Trump d’empêcher la sortie de ce brûlot qu’il accuse d’être un tissu «de mensonges».

A travers de nombreux témoignages, la plupart anonymes et qualifiés de fantaisistes par le locataire de la Maison Blanche, l’auteur décrit les dysfonctionnements de l’exécutif et un chef d’Etat allergique à la lecture, fréquemment reclus dans sa chambre dès 18H30, les yeux rivés sur ses trois écrans de télévision, multipliant les appels à un petit groupe d’amis sur lesquels il déverse « un flot de récriminations », allant de la malhonnêteté des médias au manque de loyauté de son équipe.

Tout son entourage, selon l’auteur, s’interrogerait sur sa capacité à gouverner, a-t-il dit vendredi dans une interview sur NBC. « Ils disent qu’il est comme un enfant. Ce qu’ils veulent dire, c’est qu’il a besoin d’être immédiatement satisfait. Tout tourne autour de lui », a affirmé Michael Wolff. « Il est comme une boule de flipper, il part dans tous les sens », a-t-il ajouté. Et de donner comme exemple le fait que Donald Trump répète les mêmes histoires « trois fois en dix minutes », une tendance également observée dans ses interventions publiques.

Affaire russe, élections, secrets capillaires… voilà autant d’anecdotes dévoilées par la presse américaine mercredi 3 janvier sur l’entourage du président Donald Trump à partir du livre de Michael Wolff Le feu et la fureur : dans la Maison-Blanche de Trump. Ce livre  a provoqué la colère de la Maison-Blanche, qui dénonce « un livre de fiction ».

Voici les extraits qui ont retenu l’attention de la presse américaine (Guardian, Washington Post et New York Magazine).

Ingérence russe

« Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c’était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats. Ils n’avaient pas d’avocats », explique Stephen Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, en référence à la rencontre entre le fils aîné du président, Donald Jr., Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump, ainsi que Paul Manafort, et l’avocate russe Natalia Veselnitskaya, le 9 juin 2016 dans la Trump Tower. « Même si vous pensez que ce n’était pas une trahison, pas antipatriotique ou pas une connerie, et moi je pense que c’est tout cela, vous auriez dû appeler le FBI tout de suite ».

L’ennemi chinois

« La Chine, c’est tout. Rien d’autre ne compte. Si on ne résout pas la Chine, on ne résout rien », raconte Stephen Bannon comparant le régime chinois à « l’Allemagne nazie » dans les années 1929-1930. « Vous allez avoir un État hypernationaliste et après, on ne pourra pas remettre le génie dans la bouteille ».

Financement

Michael Wolff rapporte une conversation entre Stephen Bannon en septembre 2016, qui estime que Donald Trump doit injecter 50 millions de dollars (40 millions d’euros) pour financer la campagne jusqu’à l’élection, et Jared Kushner.

– « Impossible d’avoir 50 millions à moins qu’on lui assure la victoire », répond Kushner.

– « 25 millions ? », tente Stephen Bannon.

– « Si on lui dit que la victoire est plus que probable ».

Donald Trump a finalement prêté 10 millions de dollars (8 millions d’euros) à la campagne, à condition que cette somme soit remboursée dès que l’équipe de campagne aurait récolté les fonds par d’autres canaux, selon l’auteur.

Aucune chance qu’il gagne

Melania Trump demande à son mari ce qu’il compte faire en apprenant que le New York Post a des photos d’elle nue, datant de sa période de mannequinat. « Il lui dit, attends encore un peu. Tout serait fini en novembre. Il a donné à sa femme une garantie solennelle : il n’y avait simplement aucune chance qu’il gagne ».

Soir de victoire

« Un peu après 20 heures le soir de l’élection, quand la tendance inattendue – Donald Trump pourrait finalement gagner – semble se confirmer, Don Jr. a dit à un ami que son père, ou DJT comme il l’appelle, ressemblait à quelqu’un ayant vu un fantôme. Melania était en larmes – mais pas de joie ».

Impréparation

« Tôt dans la campagne, Sam Nunberg est allé expliquer la Constitution au candidat. ’Je suis allé jusqu’au 4e amendement’, se souvient Nunberg avant que son doigt tombe sur ses lèvres et que l’attention se perde ». Le président élu souhaite embaucher son gendre, Jared Kushner, comme chef de cabinet. « Finalement, Ann Coulter a pris le président à part. ’Apparemment personne ne vous l’a dit mais vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez pas embaucher vos enfants’ ».

Secrets capillaires

Ivanka Trump révèle à ses amis l’origine de la chevelure blonde de son père : « un dessus de crâne chauve absolument propre – une petite île limitée grâce à une opération du cuir chevelu – entouré par un cercle de cheveux devant et sur les côtés, qui sont lissés pour couvrir le dessus et tenus avec une laque forte. La couleur, dit-elle dans un effet comique, vient du produit de coloration Just for Men – qui noircit à mesure qu’on la garde. C’est l’impatience qui rend ses cheveux blond orangé. »

Régime alimentaire

Selon Michael Wolff, Donald Trump « avait peur depuis longtemps d’être empoisonné ». L’une des raisons pour lesquelles il aimait manger chez McDonald’s était que « personne ne savait qu’il venait et la nourriture était préparée en toute sécurité ».

Ces critiques envers Donald Trump, 71 ans, ne sont pas totalement nouvelles, mais le livre vient grossir le réquisitoire qu’avaient, en 2015 et 2016, déjà engagé Hillary Clinton et les adversaires républicains à l’encontre de l’homme d’affaires.

Plus récemment, le sénateur John McCain a qualifié le septuagénaire de « mal informé » et d' »impulsif ». Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, a comparé pour sa part la Maison Blanche à une « halte-garderie pour adultes ». « Je sais de source sûre que chaque jour, à la Maison Blanche, le but est de le contenir », a-t-il dit en octobre.

Il lit beaucoup

Donald Trump est furieux des reprises dans la presse, qu’il estime irrémédiablement hostile contre lui. « Maintenant qu’il a été prouvé que la collusion avec la Russie est une fable complète, et que la seule collusion ayant existé était entre Hillary Clinton et le FBI/Russie, les médias « fake news »et ce nouveau livre bidon attaquent sur tous les fronts imaginables. Ils devraient essayer de gagner une élection. Triste! » a-t-il tweeté vendredi.

C’est la défense de ses partisans : la meilleure preuve de son intelligence est que l’homme d’affaires novice en politique s’est fait élire contre toute les élites républicaines et démocrates. Pour eux, les médias occultent la réussite de la première année au pouvoir: la croissance, la baisse continue du chômage, les succès de la guerre contre l’organisation Etat islamique, les records à la Bourse… « Bizarre que dès que Donald Trump gagne, les médias s’accrochent à tout objet anti-Trump qui brille (quelle que soit sa crédibilité)… » a tweeté son fils Donald Jr.

Le président a réagi depuis la résidence présidentielle de Camp David, où il doit rencontrer les leaders républicains du Congrès pour des consultations informelles.
Cete réaction a été effectué via Twitter, comme à son habitude. Dans le premier tweet il s’estime « très intelligent » :

« Actually, throughout my life, my two greatest assets have been mental stability and being, like, really smart. Crooked Hillary Clinton also played these cards very hard and, as everyone knows, went down in flames. I went from VERY successful businessman, to top T.V. Star….. »

13:27 – 6 janv. 2018

« Tout au long de ma vie, mes deux atouts ont été ma stabilité mentale et le fait d’être, genre, très intelligent. Hillary Cliton la malhonnête a très fortement essayé de jouer ces cartes là avec moi, et comme chacun le sait s’est brulée à ce petit jeu. Je suis passé d’homme d’affaires TRES prospère à grande star de la télé… »

Et dans le deuxième, il continue la phrase du premier en s’auto désignant comme « génie », et même « génie très stable » :

« .to President of the United States (on my first try). I think that would qualify as not smart, but genius….and a very stable genius at that! »

13:30 – 6 janv. 2018

« …à président des Etats-Unis (à mon premier essai). « Je pense qu’on peut me qualifier non seulement de malin, mais de génie… et un génie très stable en plus !« .

La porte-parole de la Première dame Melania Trump, a également dénoncé sur CNN « un travail de fiction ». « C’est un tabloïd long-format qui colporte des fausses déclarations et des fabrications totales », a ajouté Stephanie Grisham.

Le livre affirme notamment que Melania Trump ne souhaitait pas la victoire de son mari et était en larmes le soir de la victoire – « et pas des larmes de joie ».
Parmi d’autres vétérans de la campagne, Brad Parscale a démenti de nombreux passages du récit sur Twitter: « Faux », « dingue »… Quant à l’idée que le président ne lit pas, cet ancien directeur de la campagne numérique l’affirme: « J’ai beaucoup vu Donald Trump lire. Il a des piles de dossiers autour de lui ».

Au Congrès, la question de l’état psychologique du président est de moins en moins taboue. Plus d’une dizaine d’élus démocrates (et un républicain) ont ainsi consulté en décembre dernier une psychiatre de l’université Yale qui s’interroge publiquement sur la dégradation mentale de Donald Trump. « Risible », a répondu la porte-parole de la Maison Blanche.