En relation avec la Blacklist de l’UE : le financement d’Ennahdha par le Qatar

Madame la Juge, le financement des islamistes, en général, et Ennahdha, en particulier, par le Qatar fut confirmé par un autre passage du livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot- qui, à ma connaissance, n’a pas été contesté par Rached Ghannouchi ni condamné par la justice française – et cela, de la bouche même d’un ministre de François Hollande qui a apostrophé l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Kuwari, en lui lançant, diplomatiquement : «Vous financez les islamistes, notamment en Tunisie, tout cela nous dérange un peu», l’ambassadeur, qui n’a pas démenti, lui a rétorqué simplement : «Vous avez des preuves ? », avant d’ajouter «Le modèle d’Ennahdha est rassurant, nous voulons l’appliquer à d’autres pays» [16].

Cette ingérence avouée, à coups de milliards de dollars, du Qatar dans les affaires intérieures des pays du Printemps arabe – dont la Tunisie est, à la fois, l’avant-garde, le berceau et le symbole – par l’intermédiaire des partis succursales de la Confrérie des Frères musulmans – tels Ennahdha, en Tunisie – a été aussi confirmée par Gilles Kepel – politologue, spécialiste de l’Islam et du Monde arabe contemporain, Professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), Directeur de la chaire Moyen-Orient-Méditerranée à l’École normale supérieure et membre de l’Institut universitaire de France – et le fameux milliardaire Youssef Al Qaradawi ( oui ! je dis bien Youssef Al Qaradawi ) dont j’ai longuement parlé dans le sous-paragraphe V.3 de l’ANNEXE ci-dessous, le frère musulman le plus influent dans tous les milieux islamistes, y compris ceux de France, l’imam le plus puissant du Qatar, créé et écouté par ses émirs, mais, l’un des dirigeants des «Frères» jugé persona non grata en France, pour son radicalisme. Pour se convaincre de ladite ingérence, à coups de milliards de dollars, du Qatar dans les affaires intérieures des pays du Printemps arabe, il suffit de lire la transcription, rapportée ci-dessous, que j’ai effectuée à partir d’extraits de l’enregistrement vidéo du numéro spécial du magazine Histoire immédiate de France 3 – diffusé le 22 mai 2013, intitulé Printemps arabes, la confiscation [17] et dont les auteurs sont Gilles Kepel et Frédéric Brunnquell, ce dernier, écrivain, grand reporter et auteur réalisateur de films documentaires, étant le réalisateur – numéro spécial où des experts confirmés et reconnus mondialement expliquent de façon magistrale comment l’Islam politique, avec les pétrodollars qataris, a étouffé le souffle de la liberté du Printemps arabe, et exposent, de façon pédagogique, le plan machiavélique du projet des Frères musulmans, avec à leurs têtes Rached Ghannouchi et quelques autres de leurs dignitaires, pour transformer, à jamais, ce Printemps arabe en Hiver islamiste, soumis à l’autorité du Qatar, où la Sharia est Constitution et Codes.

– De la minute 33 :10 à la minute 34 : 50 de la vidéo [17]: « [La stratégie est] d’installer, dans chaque pays, dès le début des révolutions, les Frères musulmans au cœur de la conquête du pouvoir. Leur sponsor est le Qatar. Le cheikh Al Qaradawi, chef spirituel des Frères musulmans, joue un rôle fondamental dans l’alliance de la Confrérie avec le Qatar (…) [Al Qaradawi] vit à Doha où l’Émir a mis à sa disposition la chaine de télévision Al Jazeraa, devenue sa tribune médiatique. [nda : Al Qaradawi déclare au journaliste du dit numéro spécial du magazine Histoire immédiate de France 3 :] « Le Qatar joue un rôle central dans ces révolutions. Il est devenu rapidement le porte-drapeau de toutes les révolutions (…) il leur a offert de l’argent, des hommes, les médias, il leur a offert tout ce dont elles avaient besoin sur le plan politique ». L’Émir du Qatar s’est senti menacé par les révolutions, la peur de les voir se propager dans les pays du golfe persique. Plutôt que de les combattre, il a choisi de les contrôler. Il a financé les Frères musulmans comme il achète des équipes de football. Le Qatar se retrouve dans leur idéologie religieuse et conservatrice. Il voit en eux le meilleur moyen d’établir sur le nouveau Monde arabe une domination politique qui serait enfin à la hauteur de sa puissance financière».

– De la minute 61 :15 à la minute 63 :00 de la vidéo [17]: « [La stratégie du Qatar] Ces victoires des Frères musulmans sont un triomphe pour le Qatar. L’émirat peut passer à la phase suivante de sa stratégie politique (…) Pour servir ses intérêts diplomatiques, le Qatar organise en septembre 2012, dans l’hôtel Sheraton de Doha, deux conférences pour tenter de convaincre les laïcs arabes de collaborer avec les Frères musulmans à la constitution d’une grande nation islamique. Les vedettes en sont les principaux dirigeants des Frères musulmans, des radicaux qui, il y a peu, tenaient la démocratie pour la pire des impiétés : …Rached Ghannouchi de Tunisie [nda : à la minute 62 :21, admirez son bon coup de fourchette qatarie, comme exprimé sur la photo d’ouverture de cet article, capture d’écran de ladite vidéo]… Hassan Al Tourabi du Soudan ex-soutien d’Al Qaïda [minute 62 :25, le Soudan où la Sharia est Constitution]…Tous réunis avec la même ambition : créer une grande nation arabe sunnite dominée par les Frères musulmans (…) Une ambition à laquelle Al Jazeera travaille depuis sa création ».

Tout d’abord, Madame la Juge, la déclaration de Youssef Al Qaradawi contenue dans cette transcription est une justification on ne peut plus claire des inquiétudes du ministre de François Hollande quant au financement des islamistes, en général, et d’Ennahdha, en particulier, par le Qatar, inquiétudes exprimées à l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Kuwari, rapportées dans le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot et dont il est question au début de ce paragraphe. Cette déclaration est, aussi, une démonstration on ne peut plus évidente de la mauvaise foi de cet ambassadeur quant à la réponse qu’il a fournie au dit ministre et qui aurait pu constituer la preuve irréfutable que ledit ambassadeur a demandée au ministre, preuve montrant, en particulier, sans conteste, le financement occulte d’Ennahdha par le Qatar. D’ailleurs, c’est devenu un classique du genre dans le milieu des journalistes : dès que l’on pose une question à n’importe quel dirigeant du Qatar ou d’Ennahdha sur l’argent qatari qui renflouerait les caisses de ce parti, la posture qu’ils prennent tous c’est celle de la vierge effarouchée !

Ensuite, Madame la Juge, cette transcription renferme une évidence incontestable dont l’importance est capitale : Le Qatar a généreusement financé tous les partis islamistes, succursales de la Confrérie des frères musulmans, des pays du Printemps arabe, et Ennahdha en est. Donc, le Qatar a financé Ennahdha. Et, cette fois-ci, ce ne sont pas Walid Mouallem, The Independent ou bien Christian Chesnot et Georges Malbrunot qui le déclarent, mais, c’est le cheikh-gourou des « Frères » lui-même, Youssef Al Qaradawi – avec qui Rached Ghannouchi forme un couple élève-maître fusionnel, couple reconnu terroriste par plus d’un pays [18]a, [39] – qui l’avoue fièrement et publiquement, devant des millions, voire des dizaines de millions, grâce à TV5, de téléspectateurs. Rached Ghannouchi va-t-il démentir son mentor, son maître à penser Youssef Al Qaradawi, au nom de la Sainte Taqiya ? [9]. Et, s’il le faisait, ce dernier ne lui en voudrait pas, toujours au nom de ladite Sainte ! Ce même Youssef Al Qaradawi, prédicateur fondamentaliste de l’Islam radical, vedette de l’émission on ne peut plus prosélyte La Sharia et la vie émise par Al Jazeera, chaîne, qui, comme tout un chacun sait, « roule » pour Ennahdha. Ce même Youssef Al Qaradawi qui, un jour avant les élections pour l’Assemblée nationale constituante tunisienne, a signé son appui à ses « Frères» d’Ennahdha et confirmé sa haine à l’égard du modernisme, en général, et tunisien, en particulier, en émettant une fatwa déclarant : « Ne pas donner sa voix à un candidat de l’Islam est un péché ! Un péché en particulier dans la Tunisie qui a été gouvernée pendant un demi-siècle par des mécréants occidentalisés ! ». Ce qui a fait dire à Martine Gozlan, journaliste à Marianne, spécialiste sur les questions et les pays d’Islam « Pas étonnant, puisque Ennahdha est soutenu par les capitaux du Qatar, là même d’où le bon cheikh lance ses fatwas » [18]b. Ce même Youssef Al Qaradawi que Rached Ghannouchi a présenté, devant ses partisans chauffés à bloc, comme étant celui qui «a joué un rôle très important dans la révolution tunisienne et qui l’a même prédite » (sic), et cela, lors d’un grand meeting organisé par son parti, alors au pouvoir, en son honneur, le 3 mai 2012 au stade de Radès, dans la banlieue de Tunis, avant que le premier cité ait déclaré : «Nous voulons un Etat islamique régi par la Charia » (re-sic) [19]. Ce même Youssef Al Qaradawi, mufti du Djihad tous azimuts, Madame la Juge, qui a déclaré : «Avec la volonté d’Allah, l’islam retournera en Europe, et les Européens se convertiront à l’islam. Ils seront ensuite à même de propager l’islam dans le monde, mieux que nous, les anciens musulmans » [47].

Enfin, Madame la Juge, tout cela conduit naturellement à se demander : Qu’est-ce que Rached Ghannouchi ne ferait pas pour plaire à l’Émir du Qatar et ses acolytes ? Qui plus est, il a déclaré dans une interview au quotidien qatari Al Arab, en mai 2012 : « La Révolution tunisienne doit beaucoup au Qatar et à son Émir » [20], mais, il n’a jamais précisé ce qu’il entendait par là ! Il ne lui reste qu’à affirmer que Mohamed Bouazizi – le jeune dont l’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, devant le siège du Gouvernorat de la ville de Sidi Bouzid, a marqué le début de la Révolution de Jasmin et fut, aussi, l’étincelle du Printemps Arabe – est, en réalité, un kamikaze qatari qui fut formé par Youssef Al Qaradawi avant d’être dépêché par l’Émir du Qatar pour accomplir cette mission de suicide ! [21]. Et cela ne serait pas étonnant, Madame la Juge, car, les islamistes sont réputés être de grands falsificateurs de l’Histoire, à l’instar de Youssef Al Qaradawi qui se laisse muer, par son élève Rached Ghannouchi, en initiateur, parrain et prophète de notre Révolution et cet élève lui-même qui joue, aujourd’hui, au révolutionnaire, alors qu’il l’a vécue en spectateur passif, confortablement installé à Londres, sa ville d’adoption et ville de résidence de son international Cabinet d’avocats conseils Carter-Ruck, comme je le rappelle dans mon poème, au paragraphe 16 ci-dessous.

Salah HORCHANI

Addendum : Ennahdha menace de poursuivre médias et personnalités en justice

A l’issue de la réunion de son bureau exécutif du vendredi 9 février 2018, Ennahdha a décidé de hausser le ton face à ceux qui « l’ont diabolisée ». Dans un communiqué rendu public samedi 10 février 2018, le parti islamiste a décidé de poursuivre en justice toute personne ou médias s’inscrivant « dans les campagnes de dénigrement » (…) Le bureau exécutif du parti de Rached Ghannouchi, apprend-on encore, a d’ores et déjà entamé la préparation des procédures nécessaires en vue des poursuites judiciaires.***

Lire : Financement du terrorisme : Voili voilou… la Tunisie a été ajoutée à la liste noire de l’UE

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