Que sait-on sur le nouveau chef de Daech , Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi ?

Quelques jours après la confirmation par Daech de la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, qui avait activé son gilet explosifs lors d’une opération militaire menée par l’armée américaine dans le nord-ouest de la Syrie, l’organisation terroriste a désigné son successeur en la personne d’Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi. Un nouveau chef dont on ne sait que très peu de choses.

«Ne vous réjouissez pas trop vite», avait déclaré le groupe terroriste dans un enregistrement audio publié suite au décès de son leader, en dévoilant par la même occasion le nom de son nouveau chef.

Qualifié de «commandeur des croyants» et «calife des musulmans», Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi a été désigné au pied levé, alors que Abu Hassan al Muhajir, porte-parole de Daech depuis 2016, était pressenti pour succéder à al-Baghdadi, avant d’être lui même exécuté quelques heures après le chef de Daech lors d’une frappe aérienne américaine en Syrie.

Qui est Al-Qourachi?

Si le président américain Donald Trump a affirmé savoir «exactement» qui est le nouveau leader de Daesh, très peu d’informations ont filtré.

« ISIS has a new leader. We know exactly who he is! » Donald J. Trump

« Nous ne savons pas grand-chose de lui, sauf qu’il est le principal juge de Daesh et qu’il dirige l’Autorité de la charia (loi islamique) », a indiqué Hicham al-Hachemi, un expert irakien de Daech.

Son nom, « al-Qourachi », indique que, comme al-Baghdadi, le nouveau chef de Daesh est un descendant de la tribu des Qourachi, celle du prophète Mohammed, soit un pré-requis nécessaire pour devenir « calife ».

L’utilisation de la particule « al-Qourachi » indique, selon un spécialiste interviewé par le New York Times, que Daesh se voit ainsi toujours comme un « califat » alors que le « califat » territorial de Daesh a été déclaré défait par les Américains en mars dernier dans son dernier réduit en Syrie.

Aucune photo publiée, très peu de détails révélés sur son identité… L’organisation terroriste a uniquement indiqué que son nouveau chef était un ancien combattant jihadiste qui s’était engagé contre l’Occident. Il prétend descendre de la tribu Quraych du prophète Mahomet, condition indispensable pour devenir «calife».

«Personne – et j’entends par là en dehors d’un cercle très fermé à l’intérieur de Daesh – ne sait qui est ce nouveau leader», a affirmé dans un tweet Paul Cruickshank, le rédacteur en chef du CTC Sentinel au centre de lutte contre le terrorisme, à New York.

Selon les informations du New York Times, les chefs de Daesh adoptent un nom différent lorsqu’ils sont assignés à un nouveau poste. Al-Qourachi était donc très certainement connu sous un autre patronyme avant d’être nommé à la tête de l’organisation terroriste.

Les pistes volontairement brouillées

Certains experts s’interrogent sur la volonté du groupe terroriste Daech de brouiller les pistes sur l’identité de son leader, «pour créer la confusion ou pour des raisons de sécurité opérationnelle».

Alors que l’organisation a appelé à venger la mort d’al-Baghdadi, les forces kurdes en Syrie ont d’ores et déjà déclaré qu’elles craignaient des représailles de Daech.

D’autres prétendants avaient été avancés

Abou Bakr al-Baghdadi était originaire du village de Al Jallam, en Irak. Un détail important, note le New York Times dans sa nécrologie de l’ancien leader de Daech, car Al Jallam est peuplé par des membres de la tribu al-Badri, dont la lignée remonte à la tribu des Qourachi, celle du prophète Mohammed. Des origines qui lui ont alors permis de devenir facilement « calife » de l’organisation.

Parmi les prétendants à sa succession, si Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi n’avait pas été mis en avant, d’autres avaient été pressentis, comme Abdallah Qirdash, un proche d’al-Baghdadi depuis plusieurs années, et Abou al-Hassan al-Mouhajir, bras droit de l’ancien chef de Daech. Mais il a été révélé plus tard que ce dernier est également mort lors du raid américain.

Mort « comme un chien », selon Trump

Donald Trump a annoncé dimanche la mort du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie, un succès à l’international pour le président américain, accueilli avec retenue par ses alliés européens.

Le président américain a livré un récit détaillé du raid au cours duquel le chef de Daech a été acculé par les forces américaines, puis s’est fait sauter avec sa ceinture d’explosifs. Mercredi, le Pentagone a diffusé plusieurs photos et extraits vidéos où l’on voit notamment une dizaine de soldats approcher, dans la nuit de samedi à dimanche, de l’enceinte du complexe où était caché le chef jihadiste dans le village de Baricha, dans le nord-ouest de la Syrie.

Le « calife » autoproclamé en 2014 ayant un temps présidé aux destinées de 7 millions de personnes en Irak et en Syrie est mort « comme un chien », a assuré Donald Trump.