Pour libérer Idlib , Damas et Moscou n’agiront pas de la même manière que la coalition de Washington à Mossoul

La Syrie et ses alliés feront tout leur possible pour que, lors des actions armées contre les radicaux à Idlib, les civils ne soient pas touchés et que des couloirs humanitaires soient créés, a tenu à souligner le ministre russe des Affaires étrangères.

Lors de la conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a déclaré que les questions des actions armées contre les radicaux à Idlib seraient traitées par la Syrie et ses alliés, dont la Russie, «avec la précaution maximale»:

«Nous ferons des couloirs humanitaires et encourageront les pacifications locales. Nous ferons tout pour que les civils ne soient pas touchés.»

Le chef de la diplomatie russe a rassuré que, contrairement à la manière dont agissait la coalition dirigée par les États-Unis sur les territoires irakien et syrien par le passé, Damas et ses alliés feraient tout pour continuer à lutter «sans compromis» contre les terroristes tout en réduisant à minimum les risques pour les civils:
«Nous n’allons pas agir de la même manière que la coalition à Mossoul en Irak, quand ils n’avaient pas du tout négocié avec l’opposition armée sur les pacifications locales, ni créaient les couloirs humanitaires… Quand [les villes] ont été rasées, quand on n’arrivait pas à prendre en charge les cadavres pendant plusieurs mois.»

Le chef de la diplomatie russe a néanmoins démenti qu’une offensive avait été lancée par les forces syriennes à Idleb. «Ce qu’on nous présente actuellement comme le début d’une offensive de l’armée syrienne, soutenue par la Russie, est une présentation malhonnête des faits. Les troupes syriennes et nous ne faisons que réagir à des attaques depuis la zone d’Idleb», a-t-il ainsi signalé.

Et de conclure:

«Nous, avec nos partenaires turcs, qui collaborent de manière très constructive en la matière, contribuons aux pacifications locales entre les unités de l’opposition modérée et les troupes gouvernementales, ainsi qu’à la création de couloirs humanitaires et de zones sécurisées pour les civils».

Plus tôt ce 14 septembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait annoncé la tenue d’une rencontre le 17 septembre prochain, à Sotchi, entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan, au sujet de la situation en Syrie.

Le 30 août, Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, s’était dit préoccupé par la présence de plus de «10 000 terroristes» et par le risque d’une catastrophe humanitaire à Idleb, alors que l’armée syrienne compte bien reprendre le contrôle de cette région où les groupes rebelles et djihadistes sont encore présents.

Le gouvernorat d’Idlib se trouve entre les mains des terroristes du Front al-Nosra depuis 2015. Les membres de groupes radicaux qui avaient refusé de se rendre aux forces gouvernementales syriennes lors des opérations antiterroristes à Alep, à Homs et dans la Ghouta orientale ont été évacués par des couloirs humanitaires aux termes des accords sur la réconciliation.

Les groupes insurgés d’Idlib appelés à quitter les zones peuplées

Une commission de l’ONU a proposé mercredi que les groupes insurgés dans la province syrienne d’Idlib quittent les zones urbaines afin de protéger les civils en prévision d’une offensive du régime syrien et de la Russie.

Vendredi, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait déjà plaidé devant le Conseil de sécurité pour imposer un « ultimatum » aux combattants afin qu’ils quittent les zones peuplées.

L’ONU a appelé mardi les parties belligérantes à éviter « un bain de sang » dans cette province du nord-ouest du pays.

« La plupart de ces groupes terroristes et autres groupes armés se trouvent dans les villes. Peut-être que le meilleur scénario serait qu’ils quittent les villes », a exhorté Paolo Pinheiro, le président de la Commission d’enquête indépendante et internationale (COI) sur la Syrie, lors de conférence de presse à Genève.

La population de la province d’Idlib et des zones adjacentes sous contrôle des insurgés a quasiment doublé au cours des dernières années, atteignant près de trois millions de personnes, avec l’afflux de dizaines de milliers de rebelles et de leurs familles en provenance d’autres régions reprises par l’armée syrienne.

Plus de la moitié de la province est contrôlée par le groupe terroriste du Front al-Nosra, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Des factions rebelles tiennent une partie du reste du territoire.

Ces derniers temps, la tension autour du gouvernorat d’Idlib s’est accentuée en vue d’une prochaine offensive. Selon le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov, les États-Unis, conjointement avec la France et le Royaume-Uni, envisagent un nouveau bombardement en Syrie au motif de l’utilisation par Damas d’armes chimiques.

 

Sources : Interfax et agences