Pakistan : finalement la chrétienne Asia Bibi libérée et en route vers un lieu inconnu

La jeune femme avait été condamnée à mort pour blasphème, et était retenue depuis huit ans en prison.

« Elle a été libérée. On m’a dit qu’elle était dans un avion mais personne ne sait où elle va atterrir », a précisé son avocat.

Asia Bibi est enfin sortie de prison. La chrétienne, acquittée il y a une semaine après huit ans passés dans les couloirs de la mort pour blasphème mais qui était restée incarcérée depuis lors, a été libérée, a annoncé mercredi 7 novembre son avocat Saif ul-Mulook.

« Elle a été libérée. On m’a dit qu’elle était dans un avion mais personne ne sait où elle va atterrir », a écrit Me ul-Mulook dans un message dont l’AFP a reçu une copie . L’ordre de libération est parvenu mercredi à la prison de Multan (centre), où elle était détenue, a indiqué une cadre pénitentiaire.

D’après un responsable de l’aviation civile à Multan, un petit avion y a atterri dans la soirée avec « quelques étrangers et quelques Pakistanais » à son bord, sans plus de précision. Selon un responsable de l’aviation civile, l’aéronef, immatriculé au Pakistan, pourrait se poser à Islamabad.Le mari d’Asia Bibi a réclamé samedi l’asile pour sa famille aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada, arguant d’un trop grand danger s’ils restaient au Pakistan.

« Je demande au président Donald Trump de nous aider à partir. Après cela, je demande à la Première ministre britannique (Theresa May) de faire de son mieux pour nous aider », a déclaré Ashiq Masih dans un message vidéo. Le mari d’Asia Bibi a également sollicité l’ « aide » du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Mercredi, une autre vidéo de M. Masih a été mise en ligne par l’association italienne catholique Aiuto alla chiesa che soffre (Aide à l’Eglise qui souffre), dans laquelle il demande l’aide du gouvernement italien pour les faire sortir du Pakistan où les conditions de vie deviennent selon lui très difficiles. « Nous sommes très préoccupés car nos vies sont en danger. Nous n’avons même plus de quoi manger parce que nous ne pouvons plus sortir faire des courses », y déclare le mari d’Asia Bibi, selon la traduction italienne de ses déclarations.
La France pour l’accueillir ?

Après ce message, le Premier ministre italien Matteo Salvini a tweeté qu’il ferait « tout ce qu’il est humainement possible pour garantir un avenir à cette femme ».

« Sul caso di #AsiaBibi stiamo lavorando con discrezione e attenzione, insieme ad altri Paesi occidentali.
Farò tutto quanto umanamente possibile per garantire un futuro a questa ragazza.« 

La France « étudie » de son côté sous quelle forme elle pourrait aider ou accueillir la chrétienne « avec (ses) partenaires européens et internationaux », a déclaré sa secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. « Le président de la République et le ministre des Affaires étrangères, concernés par la situation d’Asia Bibi, suivent ce dossier de très près depuis le début », a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

Plusieurs personnalités ont appelé Emmanuel Macron à accueillir la « martyre ». Lundi, Anne Hidalgo a exhorté le gouvernement à « intervenir auprès du Pakistan » pour qu’il autorise la chrétienne pakistanaise, à « se réfugier dans un autre pays ». La maire de Paris se dit « prête à l’accueillir » dans la capitale, dont elle est citoyenne d’honneur. Laurent Wauquiez a appelé le président à lui offrir l’asile.

Le calvaire de la chrétienne

La semaine dernière, à l’issue d’une procédure juridique longue de plusieurs années, Asia Bibi avait finalement été acquittée. Un verdict qui a suscité l’ire des islamistes pakistanais : fous de rage après cette décision, des milliers de manifestants ont paralysé le pays pendant trois jours, bloquant les artères des principales métropoles pakistanaises. Des affrontements ont même éclaté entre des protestataires et la police locale. La sécurité a dû être renforcée dans les lieux de culte chrétiens. Un véritable psychodrame national… Et Asia Bibi s’est retrouvée contrainte de rester emprisonnée, en dépit de son acquittement.

Avec agences