Municpales 2017 , il est urgent d’attendre

attendreDans quelques semaines, Le 17 décembre prochain, se tiendraient probablement les municipales.
Quand la question du report avait été posée, le premier à réagir vigoureusement était Rached Ghannouchi en Mars 2017 pour déclarer qu’aucun report ne sera toléré.
On comprend les raisons de l’empressement. Aucune des raisons ne concerne l’intérêt de l’électeur.
Le parti de Rached Ghannouchi cherche désespérément à prouver sa fréquentabilité
Son statut de paria depuis 50 ans d’existence est aggravé par la défiance par ses propres électeurs,
Le soutien régional et international au projet califal des frères intégristes est de moins en moins évident. Ses souteneurs sont, soit désavoués soit combattus soit en voie de révision globale comme c’est le cas des USA. Le Congress américain s’apprête à voter la loi de poursuite des frères musulmans et mouvements similaires le premier septembre prochain. La loi Ted Cruz a toutes les chances d’aboutir.
On comprend à quel point le parti islamiste veut profiter de l’éparpillement de ses adversaires.
On comprend à quel point le chef du parti islamiste veut s’allier les autorités et les rouages locaux encore indépendants.
S’agissant de la corruption de l’administration locale, une course contre la montre s’engage entre les meneurs de la guerre anti-corruption et certains islamistes et leurs associés.
Engagée personnellement par Youssef Chahed, cette guerre est freinée, en pleine montée en puissance. Le parti islamiste n’en veut pas. Et son parti allié Nidaa, comptant aussi des hommes accusés de corruption, n’en veut pas.
Nida est soumis au diktat de Hafedh Caied Essebsi. Un personnage à la limite de la décence. Il se fait dérouler le tapis rouge en plein désert. Un homme donné Président à l’unanimité en 2019 selon un organe de sondage pour le moins contesté. Un homme dont le seul fait d’arme se confond avec le seul métier qu’il sait faire : fils du président.
En Aout 2014, HCE avait renoncé à être candidat en tête de liste dans les législatives, sous la pression de BCE. Cela explique sa détermination à s’accrocher à la présidence de Nida même si cela doit aboutir à la décomposition de son propre parti.
On ne compte plus les malfaisants ici et là.
M.Frikha vient grossir les rangs des candidats aux scandales et qui comptent déjà R. Bouchlaka , N. Bhiri, M. Ben salem, pour ne citer que les plus désignées sur les réseaux et les journaux libres
Dol, escroquerie, malversation , mauvaise gestion , corruption , fausse déclaration de bilan , collusion avec l’administration parallèle , délit d’initié, fausse déclaration à la bourse des valeurs, transport de jeunes vers les zones de conflit. Rapports douteux avec des groupes douteux ….
Syphax gates est à elle seule un cours académique sur la corruption pure et parfaite.
Il a suffit qu’une députée pose une question innocente à son sujet pour qu’elle soit huée, coupée, fustigée, vilipendée, et l’assemblée devait suspendre la séance transformée en houle : les anti-corruption d’un coté et les islamistes et associés de l’autre.
Et M.F est défendu bec et ongles par 100 % des élus du parti Nida pendant que 100 % des électeurs du même Parti appellent à son jugement avec force. La représentativité républicaine trouve ici la meilleure preuve de sa violation.
C’est dire combien le système électoral est vicié. Un système à une liste, à un seul tour, avec cette trouvaille aberrante de maximum de restes et son mode de calcul au tarif du siège …c’est la meilleure façon de violer le droit des électeurs à choisir leurs élus.
Nous étions nombreux à dire (*) que ce mode à l’emporte pièce aboutit fatalement à des élus de ce genre et pire.
La traduction de la volonté du législateur en système électoral juste et représentatif n’est ni l’affaire de juristes ni l’affaire de politiques. La conception d’un système électoral est une science. Elle relève de la technique du chiffre c’est-à-dire des professionnels des mathématiques appliquées.(**). Dans cette discipline, les compétences tunisiennes sont suffisantes.
Le taux de participation de plus en plus faible trouve ici l’une de ses raisons majeures.
On ne peut pas demander raisonnablement à un citoyen de voter pour un parti qui ne s’engage pas formellement à œuvrer pour corriger cette faute dans le système électoral.
On ne peut pas voter pour un parti qui ne s’engage pas formellement à organiser des élections dans ses rangs pour choisir ses dirigeants. Cela concerne évidemment le parti Nidaa
Enfin et surtout, On ne peut pas voter pour un parti qui doit suspendre ses membres accusés de corruption et qui ne le fait pas.
D’un autre coté, le discours officiel à tous les niveaux du parti islamiste entretient volontairement une confusion entre la laïcité et l’anti-islam.
En déclarant officiellement le rejet des laïcs, le parti islamiste exerce un diktat et une ségrégation.
Dans le même temps, seule la laïcité peut assurer à l’islam son existence républicaine et sa pérennité.
Or, l’imperium canonique apparenté à l’islam a investi la sphère publique. Il continue d’égrainer les prérogatives de l’Etat et de d’immiscer insidieusement dans la vie publique réduisant les perspectives et tuant les ambitions naturelles de la jeunesse.
Le besoin de s’inscrire dans la résistance à toute hégémonie naît de l’aspiration légitime du peuple à la liberté de penser, la liberté de culte et la liberté de l’expression artistique.
Dans ce sens, l’action soutenue et de longue haleine des intellectuels libres est propre à assurer la convergence vers une société apaisée, respectueuse de la vie de l’homme et de ses aspirations.
Et sans la laïcité, aucune élection ne peut se prévaloir de la liberté de choix.
C’est là encore une raison essentielle de la désaffection du citoyen vis-à-vis des partis et des élections.
On ne peut pas voter pour un parti qui n’inscrit pas la laïcité dans sa charte. L’islam étant par essence laïc ! En dépit des malversations et des affirmations des uns et des autres. Faire dire à l’islam que tout le monde est musulman c’est un peu faire dire à la loi que tout le monde est blanc. Ce n’est pas la meilleure façon de donner le droit aux noires d’exister.
Alors que doit-on faire ?
Des voix se sont élevées pour aller voter massivement pour empêcher le spectre désastreux des années de la troïka de se répéter. On garde le souvenir des terroristes qui usaient et abusaient de la tunisie sans limite. On comprend les raisons de cet appel avec la figure de proue Leila Toubel
Mais voter pour qui ?
Pour une gauche qui n’a aucune chance de composer avec qui que ce soit pour sauver le pays ?
voterait-on pour les partis de Slim Riahi , Adel Daimi, Moncef Marzouki ou Hachemi Hamdi ? Voyons ! un peu de tenue !
Pour Nida ? Un parti qui retire à Leila Chettaoui la présidence de la commission d’enquête pour l’empêcher de faire la lumière sur les responsables du terrorisme ? Ce terrorisme qui a emporté des dizaines de milliers de tunisiens ? Peut-on être sur que ce parti n’étouffe pas également l’affaire de chokri Belaid, Lotfi Naghedh Mohamed brahmi ou Socrate Charni ?
Un parti qui ne sait pas expulser des membres soupçonnés de corruption ?
Un parti qui ne sait pas dire non au parti Islamiste même quand il s’agit d’affaires de corruption ?
Un parti qui n’a ni leader ni principes ni discours ?
Un parti qui ne connait pas la démocratie dans ses propres rangs ?
Un parti enfin qui ne soutient même pas le chef du gouvernement issu de ses rangs ni ses ministres ?
Des voix se sont élevées pour renoncer au droit de vote dont celle de la figure de proue Olfa Youssef. Peut-on raisonnablement refuser de les comprendre ?
Des voix appellent à constituer des listes indépendantes .. C’est une solution utopique de dernier espoir.
On est tenté de voter blanc.
Malheureusement le piège des proportionnelles à un seul tour, totalement contre indiquée pour les partis pléthoriques(*) , conduira fatalement le seul parti ennahdha à l’emporter même avec un score de 20 % comme l’affirme le constitutionnaliste Jawhar Ben Mbraek .
On irait voter utile en petit nombre, sans enthousiasme, la mort dans l’âme, pour payer la faute commise un certain 13 Aout : celle d’avoir renoncé à finir le travail quand il était à deux doigts d’être bien fini.
Ce que je crois.
Les élections municipales posées et imposées aux électeurs au mauvais moment détournent l’attention de choses vitales :la lutte contre la corruption et le terrorisme .
Soutenir l’action anti-corruption peut et doit mener à faire émerger une nouvelle direction dans les partis majoritaires et réconcilier les électeurs avec leurs partis.
D’ici là, bien des choses auront changé
D’ici là , il est urgent d’attendre.. Il est très urgent d’attendre

Zakaria Bouker

(* )LES ELECTIONS DE LA THEORIE A LA PRATIQUE

(**)Lecture critique des résultats des élections 2011