Moscou met l’Occident en garde de ne pas «jouer avec le feu» en Syrie

La zone de désescalade d’Idlib, dernier fief échappant au contrôle de Damas, sert de terrain aux terroristes pour attaquer les militaires russes et syriens, a déclaré le chef de la diplomatie russe, ajoutant que cela était «inacceptable» aux yeux de Moscou.

La majorité du territoire syrien est libérée, or certains zones, dont la province d’Idlib, restent toujours entre les mains des terroristes qui en profitent pour attaquer les militaires russes et syriens, a déclaré Sergueï Lavrov.

«Il est inacceptable que les terroristes qui s’y sont retranchés, avant tout le Front al-Nosra cherchent à se servir de cette zone de désescalade pour préparer des attaques contre les positions de l’armée syrienne, voire même des tentatives d’attaquer à l’aide de drones la base militaire russe à Hmeimim», a-t-il indiqué à l’issue des négociations avec son homologue syrien Walid al-Mouallem.

Le chef de la diplomatie russe a ajouté qu’il avait discuté avec M.al-Mouallem de la procédure de distinction entre l’opposition armée et les terroristes.

«Nous avons fait part des discussions en cours à ce sujet entre la Russie et la Turquie», a-t-il fait savoir.
Au moins 45 drones lancés depuis Idlib pour attaquer la base aérienne de Hmeimim ont été abattus par les militaires russes depuis le début du moins d’août, selon la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Des troupes syriennes sont massées près de la frontière du gouvernorat d’Idlib, préparant une offensive avec leurs alliés russes et iraniens.

Moscou annonce des manœuvres militaires en Méditerranée 

La Russie a annoncé de vastes manœuvres navales en Méditerranée, redoutant une provocation occidentale en Syrie, alors que l’armée syrienne s’apprête à reconquérir la province d’Idlib. Damas se dit prêt à «aller jusqu’au bout».

La Russie a annoncé ce jeudi 30 août des manœuvres militaires en Méditerranée, alors que l’offensive de Damas sur Idlib, ultime grand bastion syrien encore aux mains des rebelles et djihadistes, semble imminente et soulève les réticences de l’ONU et des Occidentaux.

«Nous prévoyons de déployer plus de 25 navires sous le commandement du croiseur lance-missiles Amiral Oustinov. Près de 30 avions participeront à ces exercices, dont des bombardiers stratégiques Tu-160», a fait savoir le ministère de la Défense russe dans un communiqué de presse. Les manœuvres devraient avoir lieu du 1er au 8 septembre.

Alors que l’ONU évoque la présence de quelque «10 000 terroristes» dans la province d’Idlib, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : «Le foyer de terroristes qui s’est formé là-bas n’annonce rien de bon si l’inaction actuelle se prolonge.»

Les manœuvres navales engagées par la Russie, principale alliée de la Syrie, constituent donc selon lui une «hausse des mesures de précaution tout à fait fondée et justifiée.»

Cette annonce intervient alors que les médias russes rapportaient plus tôt cette semaine un renforcement de la présence militaire russe au large de la Syrie par crainte de frappes des Occidentaux contre l’armée syrienne. Moscou redoute en effet une fausse attaque chimique perpétrée par des rebelles afin de servir de prétexte à de nouvelles frappes occidentales contre la Syrie. Le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov s’était d’ailleurs inquiété que l’USS Ross, un destroyer américain, soit entré en Méditerranée le 25 août dernier, armé de 28 missiles de croisière Tomahawk capables de frapper n’importe quelle cible en Syrie.

Moscou met l’Occident en garde de ne pas «jouer avec le feu»

Ces craintes ont conduit Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à rappeler, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue syrien tenue ce 30 août, la détermination de la Russie à aider la Syrie à mener à bien la reconquête intégrale de son territoire. «Nous avons des faits sous les yeux, et nous avons adressé une mise en garde forte à nos partenaires occidentaux de ne pas jouer avec le feu», a-t-il annoncé.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid al-Moualem, a annoncé que Damas était déterminé à «aller jusqu’au bout» dans sa lutte pour libérer la province d’Idlib, dont il estime qu’elle est principalement tenue par les djihadistes du Front al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda désormais connue sous le nom de Front Fatah al-Cham).

Alors que l’envoyé de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’inquiétait d’un usage d’armes chimiques par l’armée syrienne ainsi que par les combattants rebelles, le ministre syrien a martelé que son pays ne possédait pas d’armes chimiques. Il a en outre assuré que l’armée syrienne tenterait autant que possible d’éviter les pertes civiles lors de l’offensive à venir.

Avec agences