Moscou accuse des rebelles soutenus par la Turquie d’avoir attaqué ses bases en Syrie

D’après le ministère russe de la Défense, l’attaque de drones visant les bases militaires russes en Syrie a été menée depuis un secteur syrien contrôlé par des rebelles soutenus par la Turquie. Moscou a formulé une plainte auprès d’Ankara.

Le ministère russe de la Défense continue à analyser les données de l’attaque de drones qui a ciblé les bases de Hmeimim et de Tartous, en Syrie, dans la nuit du 6 au 7 janvier 2018. Ce 10 janvier, Moscou en est arrivé à la conclusion que l’offensive avait été lancée depuis une zone située près d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, zone contrôlée par des rebelles soutenus par la Turquie. Selon un article paru ce 10 janvier dans Krasnaïa Zvezda, quotidien des Forces armées de la Fédération de Russie, Moscou a déposé une plainte officielle auprès de la Turquie.

«[Le message diplomatique] insiste sur le fait qu’Ankara doit tenir sa promesse de faire respecter le cessez-le-feu parmi les forces armées sous son contrôle», rapporte encore la publication du ministère de la Défense, alors que le gouvernorat syrien d’Idleb est l’une des zones dites de «désescalade» en Syrie, convenues à Astana (Kazakhstan) entre la Turquie, la Russie et l’Iran et mises en places à partir de mai 2017.

La Défense russe a en outre publié des photos des drones dont elle a pu prendre le contrôle électronique et qu’elle a pu faire atterrir sans dommages.

Les circonstances dans lesquelles 13 drones, d’apparence plutôt rudimentaire, ont pu être envoyés contre les bases russes en Syrie comportent un autre élément troublant. Le 9 janvier, le ministère de la Défense russe soulignait la présence d’un avion espion américain de type Poseidon dans le secteur de l’attaque des drones et met en avant le fait que les compétences techniques nécessaires pour mener une telle attaque ne sont à la disposition que de certains pays., évoquant d’«étranges coïncidences».

«Rien que pour programmer les contrôleurs de gestion de drones […] et le largage des munitions par le système GPS, il est nécessaire d’avoir des savoirs acquis dans une bonne école d’ingénieurs d’un pays développé», a souligné la Défense russe. Et d’ajouter : «Tout le monde n’est pas capable d’obtenir des coordonnées GPS exactes.»

Technologie fournies pas les USA

Les drones utilisés par les terroristes pour attaquer les bases militaires russes en Syrie représentent une grave menace pour la sécurité dans le monde, selon un sénateur russe.

Les Etats-Unis ont pris une grande responsabilité devant le monde entier en laissant les terroristes attaquer les sites militaires russes en Syrie à l’aide de drones, a laissé entendre le sénateur russe Franz Klintsevitch dans une interview accordée à Sputnik.

«En ayant transféré aux terroristes des technologies dernier cri, les Etats-Unis ont laissé le mauvais génie sortir de sa bouteille. Les technologies, ce n’est pas de l’argent: une fois prêtées, elles ne sont jamais rendues à celui qui les avait données», a indiqué le sénateur.

Il a également mis en doute les affirmations du Pentagone concernant la disponibilité de moyens permettant d’organiser une attaque de drones.

«La déclaration d’un porte-parole du Pentagone sur la disponibilité de technologies utilisées pour perpétrer l’attaque de drones contre les bases russes en Syrie, est destinée aux personnes qui ne connaissent les drones que par les images à la TV. Pour un expert, il s’agit d’un bluff évident. Je ne serais pas étonné que demain, un Américain déclare que les bombes nucléaires sont vendues sur le marché libre», a indiqué le sénateur.
M.Klintsevitch estime que pour lancer des attaques pareilles à celles perpétrées contre les bases militaires russes en Syrie, il faut des technologies appropriées.

«Je suis presque certain que les drones étaient guidés par des instructeurs ayant suivi une formation spéciale. Les terroristes eux-mêmes ne seraient pas capables de mener cette opération. Je continue d’affirmer que les services américains étaient impliqués dans l’opération», a souligné le sénateur.

Dans la nuit du 6 au 7 janvier dernier, dix drones avaient attaqué la base aérienne de Hmeimim, tandis que trois autres tentaient de frapper celle, plus au sud, de Tartous. «[C’est] la première fois que les terroristes utilisent massivement des drones […] en utilisant les coordonnées GPS de navigation par satellite», avait déjà noté le ministère russe de la Défense. L’attaque a été repoussée avec succès et sept drones ont été abattus par le système antiaérien russe.

Moscou a plusieurs fois mis en garde les Occidentaux sur le danger que représentait la livraison d’armes au rebelles dits «modérés». En octobre 2017, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, déclarait que le soutien américain aux «groupes extrémistes» en Syrie était le principal obstacle à la lutte contre Daesh. «Apparemment, les succès de l’armée syrienne soutenue par le renseignement militaire russe et la libération rapide de la vallée de l’Euphrate du joug de Daesh, semblent aller à l’encontre des plans de nos homologues américains», avait encore ironisé le porte-parole.

Sources : Sputnik et RT

Illustration : photo des drones impliqués dans l’attaque des bases russes en Syrie, publiée par Ministère de la Défense russe