Egypte : un candidat à la présidence, proche des frères musulmans, arrêté

L’ancien chef d’état-major de l’armée égyptienne Sami Anan, dont le parti a annoncé il y a moins de deux semaines la candidature à l’élection présidentielle du mois de mars prochain face au président sortant Abdel Fattah al Sissi, a été arrêté mardi 23 janvier au Caire, a annoncé son équipe de campagne.

Cette arrestation est intervenue peu après la lecture à la télévision d’Etat d’un communiqué de l’armée annonçant que Sami Anan serait convoqué pour répondre d’incitation à la division entre les forces armées et le peuple et de falsification de documents officiels.

Sami Anan est accusé d’avoir falsifié le document attestant qu’il ne porte plus l’uniforme, condition requise pour briguer la présidence du pays.

Le ministère égyptien de l’Intérieur n’était pas joignable immédiatement. L’armée n’a pas fait de commentaire sur cette arrestation.

A la tête du conseil militaire qui a assuré la transition en Egypte après la chute de Hosni Moubarak en 2011, Sami Anan avait déjà fait acte de candidature en 2014 avant de se retirer au profit d’Abdel Fattah al Sissi, qui lui avait succédé à la tête de l’armée après l’élection du président islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tôt.

Anan s’est bien rapproché de la secte des frères musulmans classée organisation terroriste en Egypte et dans plusieurs autres pays ( voir photo ci-haut ). Sa candidature cache un retour de la secte au devant de la scène politique égyptienne.

Sissi a annoncé vendredi dernier sa candidature pour un second mandat et, théoriquement, dernier mandat de quatre ans.

Anan a annoncé , sur Facebook , sa candidature le lendemain

Comme en 2014, lorsqu’il a été élu avec 97% des voix, Sissi ne devrait guère rencontrer d’opposition.

L’ancien Premier ministre Ahmed Chafik, candidat malheureux face à Morsi en 2012 et qui avait lui aussi dit envisager de se présenter cette année, a « disparu » à son arrivée en Egypte après avoir été expulsé des Emirats arabes unis, où il vivait, et a annoncé lorsqu’il est réapparu début décembre qu’il renonce à se porter candidat .

Selon plusieurs observateurs , Sami Anane continue à bénéficier du soutien de certaines puissances extérieures comme les Etats-Unis. On dit qu’il entretient de bonnes relations avec ces derniers depuis qu’il a occupé de nombreuses fonctions demandant de collaborer avec eux, que ce soit comme chef des forces aériennes ou comme chef d’Etat-major de l’armée égyptienne.

Falsification des élections

Le maréchal Hussein Tantaoui, chef de l’ex-Conseil militaire égyptien et pour beaucoup de médias égyptiens « faiseur de rois », a tranché dans les avant-dernières élections présidentielles, qui ont vu la victoire de Mohammed Morsi. De nombreuses personnalités proches des cercles du pouvoir, dont le défunt Mohammed Hussein Haykel, rapportent que le général Ahmed Chafiq avait remporté ces élections de justesse au second tour mais que le maréchal Tantaoui et le conseil militaire, dont le général Anane était membre, ont décidé d’annoncer la victoire du candidat des Frères musulmans afin d’éviter une « révolution » en Egypte. Le général Ahmed Chafiq , jugé par les américains , était très proche du Président Moubarak et sa victoire aurait signifié la continuation du régime de ce dernier et l’avortement effectif de la « révolution » égyptienne.

Illustration haut de page : Sami Anan au milieu ,à sa droite le guide de la secte des frères musulmans et à sa gauche le président du parlement dissous dominée par les frères musulmans du temps de Morsi