Ma Révolution, par défaut :

En ce jour du 14 janvier, un ami m’a demandé ce qu’était pour moi la Révolution?
Question bien difficile, à laquelle je n’ai pas pu répondre.
Par contre, j’ai eu moins de mal à lui signifier ce que, pour moi, la révolution n’était pas :

Ma révolution n’est pas celle de barbus de tous poils qui veulent nous faire redécouvrir l’Islam et le Coran,
Ma révolution est loin d’avoir les fragrances du jasmin de Sidi Bou Said et le blanc et le bleu de ses cartes postales,
Ma révolution n’est pas celle des salons de thé où un jus se vend au prix d’un poulet ,
Ma révolution n’est pas celle des souks et des grandes surfaces devenues de véritables corridors de frustrations,
Ma révolution n’est pas celle des fleurs en plastique et des terrasses de café bondées de l’Avenue Bourguiba,
Ma révolution n’a pas que les couleurs fauves des steppes de Sidi Bou Zid, de Kasserine et du Centre,
Ma révolution n’est pas celle d’un pouvoir d’achat laminé et d’un nivellement social vers le bas,
Ma révolution n’est pas celle où on doit accorder des primes de rendement aux plus fainéants et aux plus paresseux,
Ma révolution n’est pas celle du plein emploi à tous prix,
Ma révolution n’est pas celle de « je veux tout et tout de suite »,
Ma révolution n’est pas celle d’une confrontation permanente entre les forces du Capital et les forces du Travail,
Ma révolution n’est pas celle des grèves sauvages, des sit-ins intempestifs et des arrêts impromptus de travail,
Ma révolution n’est pas celle de la complaisance pour les actes de terrorisme, de violence, de brigandage et de braquages.
Ma révolution n’est pas celle d’une Tunisie transformée en une immense déchèterie à ciel ouvert,
Ma révolution n’est pas celle d’un pays où la corruption augmente au lieu de diminuer,
Ma révolution n’est pas celle des passe-droits et de l’économie informelle,
Ma révolution n’est pas celle où on met à plat l’autorité de l’Etat et où on en piétine tous les symboles,
Ma révolution n’est pas celle des festivals d’été qu’on présente comme de grands moments culturels,
Ma révolution n’est pas celle des mosquées financées par des étrangers et des signes extérieurs de croyance,
Ma révolution n’est pas celle de la polygamie et du mariage coutumier,
Ma révolution n’est pas celle de l’inégalité entre les sexes,
Ma révolution n’est pas celle d’un système de santé à deux vitesses,
Ma révolution n’est pas celle d’un patrimoine qu’on spolie et d’une mémoire collective qu’on brûle,
Ma révolution n’est pas celle d’une redécouverte identitaire exclusivement arabo-musulmane,
Ma révolution n’est pas celle d’un parlement transformé en cour des miracles et en ring de boxe,
Voilà, je viens de vous dire, à peu près, ce que ma révolution n’est pas.Définir l’image mise en avant
Si je devais résumer ma révolution en trois mots : un peu de Pain et beaucoup de Liberté et de Dignité.

Wahid Ibrahim