Le prix Nobel de la paix 2019 décerné au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed

Le Prix Nobel de la paix 2019 a été attribué au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, artisan d’une réconciliation avec l’Erythrée et père de réformes dont le but est de transformer en profondeur un pays longtemps livré à l’autoritarisme.

La présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, a annoncé ce 11 octobre que le prix Nobel de la paix revenait cette année au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, récompensé «pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée voisine».

Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018 après plusieurs années de protestations anti-gouvernementales, Abiy Ahmed a initié un rapprochement au pas de charge avec l’Erythrée, ancienne province éthiopienne : réouverture d’ambassades et de postes-frontières, rétablissement des liaisons aériennes, multiplication des rencontres. A l’issue d’un sommet historique le 9 juillet 2018 à Asmara, la capitale érythréenne, le président érythréen Issaias Afeworki et lui-même ont mis fin à 20 ans d’état de guerre entre les deux frères ennemis.

Toutefois, la situation est encore très précaire. La frontière entre les deux pays est en effet à nouveau fermée, et la signature d’accords commerciaux se fait attendre alors que l’Ethiopie, pays enclavé, n’a toujours pas accès aux ports érythréens. «Le comité Nobel norvégien espère que le prix Nobel de la paix renforcera le Premier ministre Abiy dans son travail important pour la paix et la réconciliation», a confié Berit Reiss-Andersen. «C’est à la fois une reconnaissance et un encouragement de ses efforts Nous sommes conscients que beaucoup de travail demeure», a-t-elle souligné.

Ce prix est un coup de pouce bienvenu pour le dirigeant de 43 ans qui fait également face à une inquiétante flambée des violences intercommunautaires dans son pays, où des élections législatives sont censées avoir lieu en mai 2020. S’il a promis de d’organiser des élections «libres», «justes» et «démocratiques», beaucoup doutent de sa capacité à y parvenir en raison des tensions.

Toujours est-il que sur le plan intérieur, Abiy Ahmed a rompu avec l’autoritarisme de ses prédécesseurs, libéré des milliers de prisonniers politiques, créé une commission de réconciliation nationale et levé l’interdiction pesant sur certains partis politiques.