Le milliardaire allemand Dietmar Hopp en tête dans la course au premier vaccin contre le Covid-19

La bataille du vaccin contre le coronavirus est lancée. Une cinquantaine d’entreprises sont sur la brèche, dont la société CureVac, une entreprise de Tübingen à qui l’Union européenne a promis un crédit de 80 millions d’euros pour la réalisation d’un vaccin « européen ».

Le milliardaire allemand Dietmar Hopp, propriétaire du golf resort de Terre Blanche à Tourrettes dans le Var, serait en pole position pour l’élaboration d’un vaccin au point d’attirer l’œil de Trump

Il a été au cœur de l’actualité de ce début d’année.

Dietmar Hopp est un milliardaire allemand qui frôle les 80 ans. Il les aura fin avril. Un homme qui pèse et un nom qui porte, comme on dit. Président de club de foot, chef d’entreprises, la 96e fortune mondiale est sur tous les fronts.

Aujourd’hui, Dietmar Hopp s’est lancé dans la course au premier vaccin contre le Covid-19. Ce self-made-man allemand fascine.

À Tourrettes, dans le Var, ce passionné de golf a construit un joyau nommé Terre Blanche. Un luxueux complexe hôtelier de 115 suites et villas sur 300 hectares.

Début 1990, il rachetait les terrains autrefois détenus par l’acteur Sean Connery. Après une longue bataille, le premier coup de pioche en 2001 précédait l’ouverture en 2004. L’un des plus beaux golfs d’Europe tout simplement.

Fermés à cause de la pandémie, les deux parcours et le centre d’entraînement sont bichonnés toute l’année pour accueillir les clients, mais aussi les futurs espoirs du golf français en partenariat étroit avec la fédération (FFG).

Quand il s’agit d’évoquer Dietmar Hopp, les mots « altruisme » et « discrétion » reviennent régulièrement.

« En 2010, nous avions des affiches pour la Ryder Cup en France sur son golf et j’aurais compris qu’il les retire car l’Allemagne aussi était candidate pour accueillir l’événement en 2018 », rembobine Pascal Grizot, vice-président de la FFG.

« Il m’a dit: “Non, il n’en est pas question. Ce golf est en France, c’est normal. Je suis un citoyen du monde et je soutiens autant la candidature française qu’allemande”. J’avais trouvé cela extrêmement élégant de sa part. »

Terre Blanche est un pied-à-terre apprécié par la famille Hopp, qui séjourne plusieurs fois par an dans sa villa au cœur de l’enceinte. « C’est quelqu’un de discret qui fait beaucoup pour les autres. Il suffit de voir ce qu’il fait pour le golf français pour comprendre qui il est », confie un proche.

Mais avant ça, c’est dans le football que l’ancien salarié d’IBM, cofondateur du géant informatique SAP, a frappé son premier grand coup médiatique.

Le natif d’Heidelberg a transformé le club de son village Hoffenheim (3.500 habitants), où il a joué dans sa jeunesse, en une méga puissance. Un club « nouveau riche » qui était en 8e division à l’arrivée de Dietmar Hopp en 1990 et qui évolue maintenant dans l’élite de la Bundesliga.

Une réussite qui alimente la jalousie chez les supporters adverses.

Fin février, le match entre le Bayern Munich et Hoffenheim a été interrompu pendant vingt minutes, la faute à une banderole insultante envers le propriétaire globalement apprécié des dirigeants allemands.

Mais les accessions successives jusqu’en première division à coups de millions sont restées en travers de la gorge des supporters. Un temps conspué, Dietmar Hopp pourrait bien être adulé par le monde prochainement.

Depuis plusieurs semaines, ce passionné de sport œuvre pour mettre au point un vaccin contre le Covid-19, via le laboratoire CureVac, dont il détient 80 % des parts.

Cette société a tapé dans l’œil d’un certain Donald Trump, qui souhaitait racheter les recherches sur le sujet pour faire passer l’Amérique en premier, s’attirant par la même occasion les foudres de la Chancellerie.

Le bras droit d’Angela Merkel, Helge Braun, a récemment expliqué dans le quotidien Bild que Berlin avait pesé de tout son poids pour faire en sorte que le laboratoire allemand ne change pas de drapeau.

« Nous avons clairement dit que si un vaccin était développé en Allemagne, il bénéficierait à notre pays et au reste du monde. Cela a convaincu l’entreprise de rester en Allemagne », a ajouté le chef de cabinet de la Chancelière.

« Il est exclu qu’une société allemande développe un vaccin qui serait utilisé exclusivement aux États-Unis », avait assuré de son côté, dans un communiqué, Dietmar Hopp, qui partage l’actionnariat de CureVac avec la célèbre Bill & Melinda Gates foundation.

« Le sujet est désormais réglé », a lâché Angela Merkel. En début de semaine à Bruxelles, la Commission européenne a attribué 80 millions d’euros au laboratoire pour l’aider à accélérer ses recherches.

Dans le meilleur des mondes, la société de Dietmar Hopp espère lancer les premiers tests cliniques dès juillet dans l’espoir de mettre sur le marché un vaccin à l’automne. Dans le meilleur des mondes seulement.

 

Le laboratoire CureVac veut commencer au plus tard en juillet ses premiers essais cliniques. « Nous pourrons peut-être livrer dès l’automne les premiers vaccins », assurait mercredi dernier Dietmar Hopp. Plus prudent dans ses estimations, l’institut Robert Koch qui coordonne la lutte contre le virus en République Fédérale estime de son côté qu’il faudra attendre 2021 pour commencer la vaccination.

Dans l’appart du fondateur

CureVac a été créée voici 20 ans par Ingmar Hoerr. Les débuts se font dans l’appartement du fondateur, puis à l’université de Tübingen où les chercheurs travaillent à trois, dans un bureau de 4m². Les réunions se tiennent dans le couloir. En 2006, Dietmar Hopp entre au capital de la société, dans laquelle il a investi 145 millions d’euros à ce jour. CureVac emploie aujourd’hui 450 salariés à Tübingen, Francfort et Boston.

La biotech a fondé sa croissance sur le développement de médicaments contre le cancer et de vaccins à base d’acides nucléiques à ARN messager (ARNm), une technologie qui a l’avantage de pouvoir être développée rapidement et aurait été testée avec succès dans un vaccin contre la rage. Mais CureVac n’est pas seule sur les rangs dans la lutte contre le coronavirus. « Nous avons connaissance de 47 projets de vaccin contre le coronavirus », explique Rolf Hömke, responsable de la communication pour la recherche au sein de la fédération allemande des entreprises faisant de la recherche médicale, VfA.

A Seattle, un premier patient sain volontaire a participé à un premier essai clinique le 16 mars, développé en partenariat avec la société américaine Moderna Therapeutics. Les sociétés allemandes Biontech (Mainz) et américaine Inovio espèrent lancer leurs premiers essais cliniques en avril. CureVac suivrait au début de l’été. La course contre la montre est engagée. « Ce qui est certain, c’est qu’on n’a jamais été aussi vite pour développer un vaccin, constate Rolf Hömke. Jamais jusqu’à présent on n’avait lancé de premiers essais sur des volontaires en trois mois seulement. On a affaire à une procédure a-normale. Les administrations accordant les autorisations sont décidées à ne pas travailler comme d’habitude et à examiner le premier chapitre avant que le second ne soit prêt, ce qui est totalement inhabituel et peut aussi coûter très cher si l’on s’aperçoit que le vaccin testé n’agit que dans 30% des cas et qu’on abandonne le projet. »

Et pour terminer cette histoire entre les grands de ce monde , nous offrons à nos lecteurs tunisiens  cette chanson de Kacem Kéfi pour commenter la lettre de ce Kammoun à Kaïes Saïd