« Le meurtre de Khashoggi a été ordonné par Mohamed ben salman » affirment des sénateurs américains

Des sénateurs républicains se sont dit convaincus de la responsabilité du prince héritier saoudien dans le meurtre de Jamal Khashoggi. Leur position s’appuie sur les conclusions de la CIA et vient contredire les déclarations de Donald Trump

Des sénateurs républicains américains ont affirmé mardi, après avoir été informés à huis clos des conclusions de la CIA, n’avoir « aucun doute » sur le fait que le prince héritier saoudien avait « ordonné » le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Cette position contredit directement le président américain Donald Trump, qui avait déclaré que le service de renseignement n’avait « rien trouvé d’absolument certain ».

« Je n’ai aucun doute sur le fait que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman a ordonné le meurtre et a été maintenu au courant de la situation tout le long », a déclaré à des journalistes Bob Corker en sortant d’une réunion avec Gina Haspel, directrice de la CIA.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été qualifié de « fou », « dangereux » et « peu fiable » par plusieurs sénateurs américains du camp républicain. Ils ont affirmé mardi 4 décembre n’avoir « aucun doute » sur le fait qu’il avait « ordonné » le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Chef de la puissante commission des Affaires étrangères, Bob Corker a affirmé n’avoir pas entendu au cours de la réunion, qui a duré environ une heure, l’enregistrement audio de l’assassinat de Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul, en octobre.

« Je pense qu’il {MBS, ndlr] est complice du meurtre de M. Khashoggi au plus haut niveau possible », a ajouté Lindsey Graham, pourtant un allié de Donald Trump au Sénat.

MBS « a ordonné le meurtre et a été maintenu au courant de la situation tout le long », a déclaré à des journalistes Bob Corker

Plusieurs sénateurs démocrates se sont également dits « convaincus » par le briefing de la CIA. MM. Corker et Graham ont reconnu l’importance de l’Arabie saoudite pour les Etats-Unis, notamment face à l’Iran. Mais aucun n’est prêt pour autant à fermer les yeux.

« L’Arabie saoudite est un allié stratégique et cette relation vaut la peine d’être sauvée, mais pas à tout prix », a martelé Lindsey Graham. « Notre position dans le monde et notre sécurité nationale seront plus affectées si nous ignorons MBS que si nous nous occupons de lui ». Mohammed ben Salman « est fou, il est dangereux, et il a mis cette relation en danger » car il n’est pas « fiable », a-t-il également lancé.

Cesser tout soutien militaire à l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen

Quelques sénateurs seulement avaient été conviés à cette rencontre avec Gina Haspel, parmi lesquels les chefs républicain et démocrate du Sénat, ainsi que les responsables des commissions liées aux questions de sécurité. La réunion était très attendue par les parlementaires, qui s’étaient indignés la semaine dernière lorsque la directrice de la CIA n’avait pas répondu à leur invitation.

Les sénateurs avaient alors riposté avec un sévère coup de semonce en direction de Riyad, passant outre la position de la Maison Blanche. Une résolution pour cesser tout soutien militaire à l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen avait franchi avec une nette majorité, le 28 décembre, un premier vote au Sénat. Mais son approbation définitive reste incertaine, et dépendra notamment des actions de l’administration Trump face aux dirigeants saoudiens.

Selon plusieurs médias américains, la CIA estime que l’assassinat a été commandité par le prince héritier saoudien. L’agence aurait comme preuve un échange de messages avec un proche conseiller supervisant l’opération, Saoud al-Qahtani, dans les heures précédant et suivant le meurtre.

Donald Trump n’a pas exclu que MBS ait été au courant du meurtre, mais il répète que « les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite ». Après une rencontre avec les mêmes sénateurs américains, le 28 novembre, son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, avait affirmé que le rapport de la CIA ne contenait « aucun élément direct liant le prince héritier à l’ordre de tuer Jamal Khashoggi »

De son côté, l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington a une nouvelle fois « rejeté catégoriquement toutes les accusations liant prétendument le prince héritier à cet horrible incident ». « À aucun moment Son Altesse Royale le prince héritier n’a eu d’échanges avec un quelconque responsable saoudien visant à faire du mal à Jamal Khashoggi », a insisté sur Twitter sa porte-parole, Fatimah Baeshen.

Avec agences