L’armée russe menace d’abattre tout avion de la coalition, menée par Washington , qui survolerait la Syrie

defense russe en syrieAu lendemain de la destruction d’un appareil syrien par un avion américain, Moscou a annoncé que tous les avions de la coalition internationale menée par Washington volant à l’ouest de l’Euphrate seront « considérés comme des cibles ».

Le ministère russe de la Défense indique que les « avions et les drones de la coalition internationale repérés à l’ouest de l’Euphrate seront suivis et considérés comme des cibles par les moyens terrestres de défense antiaérienne et par les moyens aériens »

Le ministère russe de la Défense annonce par ailleurs la suspension du canal de communication établi avec le Pentagone pour empêcher les collisions aériennes. Cette décision fait suite à la destruction dimanche d’un appareil de l’armée syrienne par un avion de chasse américain.

« Les avions et les drones de la coalition internationale repérés à l’ouest de l’Euphrate seront suivis et considérés comme des cibles par les moyens terrestres de défense antiaérienne et par les moyens aériens », a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Moscou accuse Washington de n’avoir pas « prévenu » l’armée russe qu’elle allait abattre l’avion, et exige une « enquête » sur cet incident.

La Russie dispose de systèmes de défense antiaérienne S-300 et S-400, déployés notamment sur sa base de Hmeimim en Syrie, ainsi que de dizaines de chasseurs et de bombardiers opérant depuis fin septembre 2016 en soutien à l’armée arabe syrienne.

Concrètement, les moyens russes de défense antiaérienne au sol viseront, sans nécessairement tirer, les aéronefs volant à l’ouest de la ligne Raqqa-Deir ez-Zor. Et des chasseurs russes pourront être mis en branle pour intercepter avions et drones de la coalition menée par les États-Unis.

Un avion syrien abattu par Washington

Washington a confirmé avoir abattu dimanche un avion syrien, affirmant que ce dernier avait tiré sur des combattants soutenus par les États-Unis, au sud-ouest de Raqqa. « À 18 h 43 (17 h 43 GMT), un avion syrien de type SU-22 a largué des bombes près de combattants soutenus par la coalition au sud de Tabqa, et en vertu de nos règles d’engagement et de la légitime défense qui prévaut au sein de la coalition [anti-EI], il a été immédiatement abattu par un avion américain F/A-18E Super Hornet », a affirmé le commandement de la coalition dans un communiqué.

De son côté, Moscou accuse Washington de n’avoir pas « prévenu » l’armée russe qu’elle allait abattre cet avion et exige que le commandement américain mène « une enquête approfondie » sur les agissements de ses militaires au cours de cet incident.

« Au moment (de cet évènement), des avions de l’armée russe effectuaient des missions dans l’espace aérien syrien. Pourtant, le commandement des forces de la coalition n’a pas utilisé les canaux de communication existants », poursuit le communiqué de l’armée russe

Le pilote syrien sauvé

Des militaires syriens sont parvenus à sauver le militaire qui pilotait le Su-22 syrien pris pour cible par la coalition anti-Daech dirigée par les États-Unis, a indiqué à Sputnik une source renseignée présente sur place.

Le pilote du Su-22 abattu dimanche par les forces de la coalition internationale antiterroriste dirigée par les États-Unis, du nom d’Ali Fakhed, a été retrouvé et sauvé par l’armée syrienne, a appris Sputnik d’une source informée.

«Les soldats du général Soukheil Al-Hassan ont retrouvé et sauvé le pilote de l’avion sinistré. Le colonel Fakhed se trouve actuellement à l’hôpital et sa vie est hors de danger», a précisé la source.

Le colonel a été retrouvé à approximativement 30 kilomètres au sud de Raqqa. L’opération de sauvetage a été rendue compliquée par le fait que l’endroit de l’atterrissage du pilote était à proximité immédiate des positions des terroristes de Daech qui le cherchaient également.

Washington cherche à apaiser les tensions

Les Etats-Unis veulent rétablir le canal de communication militaire avec la Russie sur la Syrie, dont Moscou a annoncé la suspension après la destruction d’un chasseur syrien par un avion américain.

Selon le général Joe Dunford, le plus haut gradé américain, le canal de communication militaire entre Washington et Moscou «a très bien fonctionné sur les huit derniers mois». Le chef d’état-major inter-armées américain a également ajouté que les Etats-Unis allaient travailler dans les prochaines heures sur le plan diplomatique et militaire pour rétablir ces communications.

Le général Dunford a par ailleurs précisé qu’en début de journée le 19 juin, les quartiers généraux des militaires russes et américains au Moyen-Orient communiquaient toujours entre eux.

Si Joe Dunford a visiblement cherché à apaiser les tensions, le Capitaine Jeff Davis, porte-parole du Pentagone n’était pas sur la même longueur d’onde. Cité par le Washington Examiner, ce dernier a affirmé le 19 juin que si les Etats-Unis ne cherchaient le conflit «avec personne d’autres qu’avec Daesh en Syrie», ils n’hésiteraient pas à se défendre ou à défendre ses alliés si «ils étaient menacés».

Un tournant dans le conflit syrien

L’incident avec le Su-22 syrien abattu par la coalition dirigée par les États-Unis s’inscrit dans toute une série d’événements, dont les frappes de missiles contre la base d’Al-Chaayrate, et pourrait signifier le début d’une intervention US en Syrie, considère dans un commentaire à l’agence russe Sputnik un expert militaire russe.

Suite à la destruction d’un avion syrien près de Raqqa dimanche 18 juin par les forces de la coalition, la Russie a cessé de coopérer avec les États-Unis dans le cadre du mémorandum sur le ciel syrien et a prévenu que tous les vols dans sa zone opérationnelle en Syrie (à l’ouest de l’Euphrate) seraient désormais pris pour cible par ses systèmes de lutte antiaérienne. L’expert militaire Konstantin Sivkov estime qu’il s’agit d’un tournant dans le conflit syrien, qui pourrait entrer dans une nouvelle phase.

« Le Su-22 abattu par les Américains est une action très sérieuse. De facto, c’est encore un signe du début d’une nouvelle phase de la guerre en Syrie. Soit on assistera à une intervention militaire des États-Unis contre la Syrie. C’est dangereux et sérieux. Quelle situation en découlera? Soit la Russie sera obligée de renoncer à son soutien à la Syrie, […] ce pourrait engendrer des mécontentements dans le pays [en Russie, ndlr]. Soit la Russie devrait entrer en guerre avec les États-Unis. À ceci a précédé toute une chaîne d’événements: frappes sur Al-Chaayrate, frappes aériennes sur les troupes syriennes et leurs alliés qui progressaient vers la frontière syro-jordanienne. S’ajoute à cela un Su-22 abattu. Leur agression, les États-Unis l’ont entamée progressivement et c’est très dangereux».

Avec agences