L’Algérie s’investit pour ne pas voir la tragédie du terrorisme se reproduire en Libye

messahel en libyeLe ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a indiqué jeudi à Zentan (Ouest de la Libye) qu’il était « porteur d’un message d’espoir » de l’Algérie qui ne souhaite voir la tragédie du terrorisme se reproduire en Libye.

Dans une allocution devant les notables de la région de Zentan et des responsables locaux, M. Messahel a affirmé qu’il était venu en Libye « porteur d’un message d’espoir du peuple algérien et du président de la République, le Moudjahid Abdelaziz Bouteflika, à tous les Libyens, partant de la douloureuse expérience de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme », soulignant que « l’Algérie ne souhaite voir la tragédie du terrorisme se reproduire ailleurs et surtout pas en Libye, pays voisin et frère ».

« Je tiens à vous remercier du chaleureux accueil que vous m’avez réservé et vous dire notre fierté d’être présents parmi nos frères à Zentan, notables, responsables et moudjahidine de ce cher pays dont le sang s’est mêlé à celui des Algériens durant la lutte contre le colonisateur français », a déclaré M. Messahel s’adressant à la population venue l’accueillir.

Après avoir affirmé qu’il ne saurait y avoir de solution à la crise sans dialogue entre les Libyens eux-mêmes, M. Messahel s’est dit confiant en la capacité des Libyens à tourner la page de la violence. « Il y a en Libye des femmes et des hommes qui sont en mesure de reconstruire ce pays

par le dialogue, les solutions politiques et la réconciliation nationale entre toutes les composantes du peuple libyen sans exclusive ni marginalisation aucune ».

Rappelant les efforts du président de la République pour la construction de l’Algérie et la concrétisation de la stabilité, à commencer par la loi de la « Rahma », la loi de la Concorde civile et le référendum national sur la réconciliation nationale, M. Messahel a précisé que « grâce à cette politique judicieuse, l’Algérie jouit aujourd’hui de la paix, de la sécurité et de la stabilité ».

Par ailleurs, Il a estimé que de nombreux chantiers attendent le peuple libyen, notamment celui du dialogue et de la réconciliation nationale, soulignant que le dialogue doit être inter-libyen et se faire à l’intérieur de la Libye et non pas de l’extérieur. Seuls les Libyens peuvent construire l’avenir de leur pays, a-t-il soutenu.

M. Messahel et la délégation l’accompagnant ont rencontré des membres de l’Assemblée communale de Zentan, un représentant de la Commission pour le dialogue national et un représentant du Conseil suprême des tribus.

Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes est arrivé jeudi à Zentan (136 km à l’ouest de Tripoli). Il se rendra dans d’autres villes du pays avant d’entamer une seconde tournée dans les régions du Sud.

Kobler martin onu libyeRetrouver l’esprit de l’Accord de Skhirat

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Martin Kobler, a souligné mercredi la nécessité de forger de toute urgence une unité nationale et a appelé les parties prenantes à retrouver l’esprit de l’Accord politique de Skhirat, selon un communiqué publié mercredi par l’ONU.
M. Kobler a indiqué que la majorité des Libyens et de la communauté internationale continuaient d’appuyer cet accord politique. Certes, a-t-il dit, l’Accord n’est pas parfait et peut être amendé, « mais il n’y a pas de plan B et nous n’avons pas non plus besoin d’un plan B ».

Le Représentant spécial a par ailleurs affirmé qu’il existait de nombreux signes positifs concernant l’évolution de la situation dans le pays, notamment les avancées récentes dans la lutte contre le terrorisme et l’amélioration de la situation sécuritaire à Tripoli. Sur le plan économique, les salaires libyens sont à la hausse et la production de pétrole a augmenté, a-t-il salué, faisant état des progrès réalisés par la société pétrolière nationale.

« L’optimisme de Skhirat a toutefois diminué », a reconnu M. Kobler, ajoutant que l’horizon politique établi par l’Accord signé au Maroc est devenu « plus flou », ce qui contribue à un vide politique dangereux dans le pays. L’envoyé de l’ONU en Libye a notamment pointé du doigt la criminalité rampante, qui demeure monnaie courante dans tout le pays, la division des institutions et l’absence de garantie des services publics pour la population. Le produit intérieur brut (PIB) du pays, a-t-il ajouté, n’a cessé de diminuer depuis 2012, sans parler de la persistance de l’économie parallèle et des activités illégales.

M. Kobler a regretté que le vide politique actuel entrave les efforts déployés pour créer une force de sécurité unie, au point que certains acteurs envisagent un retour à une solution militaire. « La concurrence pour le contrôle des ressources nationales risque d’engendrer de nouvelles violences », s’est-il inquiété.

Le Représentant spécial a par conséquent estimé que le moment était venu de retourner à la table des négociations et de « retrouver l’esprit de Skhirat ». Pour cela, a-t-il dit, le pays a besoin d’un soutien international sans faille, et pas uniquement sur le plan institutionnel. Il a ainsi défendu la création de partenariats avec la société libyenne.

L’envoyé de l’ONU a en outre appelé l’ensemble des acteurs politiques à s’accorder sur un processus juste pour amender l’Accord politique. En second lieu, il appelé à mettre immédiatement un terme à la violence, y compris dans le sud du pays, ainsi qu’à établir un dispositif sécuritaire unifié et des mesures de confiance. De ce point de vue, a-t-il estimé, le Comité chargé de superviser le cessez-le-feu à Tripoli est un excellent point de départ.

M. Kobler a en outre appelé à améliorer la coopération entre le Conseil de la présidence et l’ensemble des acteurs économiques. La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), dont il est le chef, doit les aider à y parvenir, a-t-il estimé.

Sources : APS et Xinhua