L’Algérie « condamne et rejette l’immixtion flagrante » des euro-députés dans ses affaires internes

Le Parlement européen a adopté , jeudi 28 novembre 2019 , une résolution sur la situation en Algérie, a annoncé cette institution son site Internet.

Les euro-députés “très inquiets de la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Algérie”, “condamnent fermement les arrestations arbitraires et illégales ainsi que l’emprisonnement, les attaques et les intimidations de journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l’homme et de manifestants pacifiques qui prennent part aux manifestations d’Hirak”.

A travers cette résolution, ils appellent également à cesser les violations des libertés de culte des Chrétiens, des Ahmadis et d’autres minorités religieuses, et à mettre un terme au harcèlement judiciaire et législatif, à la criminalisation, aux arrestations arbitraires et aux emprisonnements organisés par les autorités algériennes”.

La résolution, qui comporte quatorze demandes, a été initiée par des parlementaires socialistes. Des députés européens libéraux et démocrates ont vite adhéré.

Ces euro-députés, eu égard de plusieurs lois internationales relatives aux droits de l’Homme, dont l’Algérie est signataire, eu égard de la Constitution algérienne, eu égard également des “arrestations arbitraires survenues contre des militants pour le droits de l’Homme”, dont les membres du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), eu égard à l’interpellation de plusieurs figures politiques, dont Lakhdar Bouregaa, sans omettre “la persécution des ahmadis et des chrétiens”, envisagent ainsi de voter, majoritairement, en faveur de l’adoption de cette résolution.

La résolution condamne fermement, dans son article 1, les arrestations arbitraires et les intimidations à l’égard des journalistes. Les euro-députés appellent dans leur article 2 à libérer “immédiatement et sans conditions” tous ceux qui ont été emprisonnés pour l’exercice de leur droit. Le document, publié sur le site du parlement européen, cite “Hakim Addad, Abdelouahab Fersaoui, Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Ahmed Bouider, Kamel Ould Ouali, Karim Boutata, Ahcene Kadi, Wafi Tigrine, Khireddine Medjani, Samir Belarbi, Karim Tabbou, Fodil Boumala, Lakhdar Bouregaa, Samira Messouci, Ibrahim Daouadji, Salah Maati, Sofiane Merakchi, Azeb El Cheikh, Fouad Ouicher, Saïda Deffeur” et d’autres manfiestants pacifiques.

Le parlement européen demande ensuite l’annulation du décret du 18 juin 2001 interdisant la manifestantion dans la capitale et appelle le pouvoir à “prévenir contre toute forme d’usage excessif des forces de l’ordre”, dont a résulté le décès du jeune Ramzi Yettou.

Les euro-députés, appelant plusieurs organismes internationaux et ONG à “surveiller la situation des droits de l’Homme, dit “encourager les autorités à revoir la loi 12-06 de 2012 relatives aux associations.

L’Algérie condamne et rejette 

L’Algérie condamne et rejette « dans le fond et dans la forme » l’immixtion « flagrante » du Parlement européen dans ses affaires internes et se réserve le droit de procéder à un examen général de ses relations avec l’ensemble des institutions européennes, indique jeudi un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

« Le Parlement européen, sur instigation d’un groupe hétéroclite de députés partisans, a pris l’outrecuidante liberté de statuer sur le processus politique en cours dans notre pays, au moment précis où les Algériens s’apprêtent à élire, en toute démocratie et transparence, un nouveau président de la République », note la même source, précisant que « les députés européens se sont même arrogés, toute honte bue, un droit d’exiger du Parlement algérien de modifier des lois que nos députés ont souverainement adoptées ».

« Par cette démarche, le Parlement européen a démontré son mépris, non seulement des institutions algériennes, mais également des mécanismes bilatéraux de consultation prévus par l’Accord d’association, y compris dans le domaine parlementaire », relève le communiqué, estimant que le Parlement européen « a surtout confirmé, à l’initiative des députés instigateurs, qu’il promeut désormais ouvertement leur agenda du chaos provoqué, qu’ils ont malheureusement mis en œuvre dans bien des pays frères ».

« Il est révélateur qu’un des parlementaires européens ait fait l’éloge de la colonisation qui aurait permis, selon lui, l’exercice de la liberté de culte durant les 132 ans de l’occupation coloniale de l’Algérie », déplore la même source.

« L’Algérie condamne et rejette dans le fond et dans la forme cette immixtion flagrante dans ses affaires internes et se réserve le droit de procéder à un examen général et attentif de ses relations avec l’ensemble des institutions européennes, à l’aune de ce que ces institutions confèrent effectivement aux valeurs de bon voisinage ouvert, de coopération franche et de dialogue mutuellement respectueux », conclut le communiqué du MAE.

Source : APS et Parlement Européen